Cette nuit, j’ai fait un songe étrange. Jeanne d’Arc, oui, la Jeanne, l’icône, la libératrice d’Orléans, sortie tout droit de nos livres d’histoire, s’est invitée dans mon sommeil. Toujours aussi habitée, toujours déterminée, elle m’a dit d’une voix ferme : « J’ai entendu de nouvelles voix. Il faut que j’agisse. » En 2025, Jeanne a une nouvelle mission.
Statue de Jeanne d’Arc de la mairie d’Orléans – Photo Magcentre
Par Lilith Jourdain.
Mais les temps ont changé. Plus de bûchers, plus de batailles rangées entre Bourguignons et Armagnacs. Aujourd’hui, Jeanne ne prête plus attention aux archanges et aux saintes vierges. Elle a un compte TikTok. Elle consulte Internet et lit religieusement les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Elle écoute les voix numériques, les cris d’alarme des scientifiques, des jeunes militants et des influenceurs éco-conscients. Son nouveau champ de bataille ? Le climat. Son nouvel ennemi ? Le réchauffement climatique. Invisible, insidieux et planétaire. Une guerre sans frontières, ni bannières, mais pas sans enjeu.
« On brûle à nouveau »
Jeanne s’est jetée sur le dernier rapport du GIEC comme jadis sur son destrier que lui avait offert le duc de Lorraine. Et là, c’est la révélation. Températures en hausse, catastrophes naturelles en série, effondrement de la biodiversité… L’urgence climatique sera sa nouvelle croisade. « Comme j’ai combattu l’envahisseur anglais, je dois aujourd’hui m’opposer au feu satanique qui consume notre monde. » promet-elle. En découvrant les dernières annonces climatiques : sécheresses, inondations, montée des eaux, incendies, la Pucelle a vacillé. « On brûle à nouveau » a murmuré, angoissée, celle qui fut consumée en 1431. Peut-être est-ce son mauvais bilan carbone posthume qui l’a convaincue de repartir au front ? Cette fois, ce n’est plus pour le Royaume de France, mais pour la Terre entière.
Mais quelle tactique pour cette Jeanne de 2025 ? Exit l’armure rutilante. Place à l’armure verte, en matériaux recyclés. Son étendard ? Un drapeau éco-conscient, floqué d’une colombe verte. Son cheval ? Une trottinette ou une bicyclette solaire.
Former une nouvelle armée de consciences éveillées
Avec sa foi inoxydable, Jeanne veut réveiller la conscience des foules. Elle ne suppliera plus le Dauphin, mais défiera les chefs d’État irresponsables, les voraces lobbys pétroliers et les climatosceptiques bornés. Elle veut secouer l’apathie ambiante, ce ronron de déclarations molles et de COP sans lendemain. Elle exige des actes, pas des promesses. L’inaction, pour elle, c’est trahir et condamner les générations futures. Elle veut rallier les citoyens du monde, former une nouvelle armée de consciences éveillées.
Mais saura-t-elle fédérer dans ce XXIe siècle cynique et mercantile ? Sa ferveur ne risque-t-elle pas de cliver ? D’un côté, les écologistes enthousiastes la verront en héroïne éthique, une sorte de Greta Thunberg médiévale. De l’autre, certains la taxeront de dangereuse illuminée woke.
Jeanne peut-elle encore sauver le monde ? Ou finira-t-elle, une seconde fois brûlée, non plus par les flammes d’un bûcher, mais sur les plateaux télé et les réseaux sociaux ? Face à l’urgence climatique, il nous faudrait bien une guerrière écologique, une nouvelle Jeanne, mais c’est un rêve…
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