C’est sur ce thème que s’est déroulé le « Printemps de l’Académie » les 14 et 15 mai au MOBE d’Orléans, à savoir un colloque riche de nombreux témoignages organisé par l’Académie d’Orléans Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts, et placé sous la présidence de Mme Andrée Corvol, directrice de recherche au CNRS, membre de l’Académie d’agriculture de France.

Pierre Bonnaire, président de la section Agriculture de l’AO (à G) et Ary Bruand, membre de l’AO, se sont succédé comme modérateurs des débats. Photo AC Chapuis
Par Anne-Cécile Chapuis.
Après « Demain notre planète » en 2023 et « Transformation du travail » en 2024, c’est la forêt d’Orléans qui a cette année retenu l’attention des académiciens pour leur colloque annuel ouvert au grand public. Et pour cause. Ce patrimoine local est un domaine de 35 000 hectares (le plus vaste de France) que les conférenciers successifs ont eu à cœur d’explorer, débroussailler, exploiter pour en brosser les multiples aspects.
Après un accueil par Jean-Paul Pollin, président de l’AO, et l’ouverture par les représentants des pouvoirs publics (Sandrine Reverchon, directrice des territoires du Loiret représentant la préfète, et William Chancerelle, adjoint à la culture de la ville d’Orléans), la parole a été donnée aux experts.
Madame Andrée Corvol a clairement posé le cadre, situant la forêt domaniale comme un bien public (avec les choix de l’État), un bien commun (avec les choix de tous), et un bien-être (avec les choix de chacun).

Propos introductifs par Andrée Corvol. Photo AC Chapuis
Un patrimoine culturel
Lieu marqué de traditions et jalonné de vestiges, la forêt d’Orléans est profondément inscrite dans les mémoires collectives, comme le décrit Anne-Marie Royer-Pantin. Elle porte aussi une histoire religieuse car pas moins de 40 abbayes ou prieurés ont été répertoriés sur le site par Danièle Michaux, docteur es sciences.
Jean-Pierre Sueur quant à lui, a convié l’auditoire à une « balade littéraire, avec un seul “l” bien sûr » de Guillaume de Lorris à Georges Simenon, en passant par Madame de Sévigné, Colette, Charles Péguy et bien d‘autres encore qui ont marqué la forêt de leur belle plume et ont contribué à la rendre éternelle.
Forêt en danger : une réalité qui interpelle
Mais les enjeux de la forêt face aux changements climatiques sont clairement posés par les intervenants avec Christophe Poupat, directeur de l’agence Val de Loire ONF. Avec des projections climatiques à plusieurs scénarios, la situation est grave. Pour autant des pistes existent avec la « forêt mosaïque », des « îlots d’avenir », implantations, équilibres forêt/gibier, conventions ONF/État. Les propriétaires privés sont associés à ces questions essentielles pour le devenir de la forêt avec les signaux d’alerte repérés et pris en compte dans un partenariat qui concerne tous les acteurs.
La vénerie est évoquée, ainsi que les « habitants » de la forêt, et un gros plan permet de détailler les essences et l’utilisation du bois qui, avec plusieurs vies, offre un début de réponse au changement climatique. « On n’utilise pas assez le bois », affirme Éric de la Rochère, directeur de l’interprofessionnel Fibois, listant les usages dans la menuiserie, la construction, l’énergie…
La recherche sylvicole ou génétique est abordée. Elle existe depuis 1820, avec des plantations et études comparatives qui permettent de suivre les arbres, leur évolution, leur adaptation au stress.

Un public nombreux et participant. Photo AC Chapuis
Sur le terrain
Ce panorama, non exhaustif mais pluriel et passionnant, s’est complété par une deuxième journée « sur le terrain », avec un circuit dans les quatre massifs de la forêt, émaillés de visites (station INRAE, scierie, abbaye de la Cour Dieu) et rencontres (ONF, associations, élus…).
Un colloque très bien organisé par les membres de l’AO, notamment Pierre Bonnaire et Jacqueline Suttin, pour recevoir les quelque 90 personnes présentes au MOBE, et leur offrir des communications riches et documentées qui apportent autant la connaissance que la réflexion partagée sur les grands problèmes climatiques de notre époque. Une réussite.
Plus d’infos autrement :
Ces sociétés qu’on dit « savantes » à Orléans #2 L’Académie d’Orléans : Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts