Les Castelroussins avaient la nostalgie de leur période américaine (1951- 1967). Les « Good Old Days » pourraient bien revenir : le géant Google a jeté son dévolu sur le Berry.
Par Pierre Belsoeur.
Mardi soir, les conseillers de l’agglo de Châteauroux se sont levés pour s’applaudir, après avoir voté la dernière délibération à l’ordre du jour. Par 38 votes pour et deux abstentions, ils venaient peut-être d’ouvrir une nouvelle page de l’histoire d’amour des Berrichons et des États-Unis. Cent quatre-vingt-quinze hectares réservés ! Plus du tiers de la zone d’Ozans qui attend depuis dix ans son premier employé ! Jean-François Mayet en rêvait de 5 000 lorsqu’il a lancé l’idée de cette zone de 500 hectares, au bord de l’ancienne base américaine de La Martinerie.
Le fiasco chinois

Juin 2014, après force discours et signatures de contrats, on pose en grande pompe la première pierre de l’immeuble de bureaux, désespérément vide depuis dix ans. (Photo Pierre Belsoeur)
À l’époque on a déroulé le tapis rouge aux Chinois qui étaient censés être les nouveaux gros porteurs du développement économique. Les Chinois avaient acheté quarante hectares à Ozans ainsi que le petit château qui donne son nom au domaine. Ils avaient construit un spectaculaire immeuble de bureaux, délégué trois salariés d’Eurosity pour accueillir les investisseurs. Tout ça pour rien et les Chinois remettent en vente leur domaine.
Pas mieux pour le projet européen

Mars 2019, nouvelle signature mise en scène du projet Green Challenge 36. On saura en mai 2026 si Ozans porte la poisse ou non aux projets géants.(Photo Pierre Belsoeur)
Un premier projet de Data Center associant les investisseurs de plusieurs pays européens était sorti des cartons en mars 2019. Le Néerlandais Dirk H Dobber, qui avait réussi la reconversion de l’ancienne usine Seita, près de la gare, en était le promoteur. Il s’agissait de récupérer la chaleur du Data Center pour faire tourner une usine de séchage de luzerne et alimenter des serres agricoles. Sur une zone Haute Qualité Environnementale la thématique était respectée. Un projet diversifié, des grands noms de l’industrie européenne… Mais Green Challenge 36 s’est résumé à une séance de signatures et on en est resté là.
Google derrière Tricolore Computing

Cette usine du géant strasbourgeois Soprema Steel sera à jamais la première sur la zone d’Ozans. Elle ouvrira ses portes en septembre. (Photo Pierre Belsoeur)
Jamais deux sans trois, ricaneront les plus pessimistes. L’annonce par Gil Avérous, président de Châteauroux Métropole, du projet de Google d’installer un data Center géant sur 195 ha est évidemment une bonne nouvelle en terme d’emploi et en terme d’image. Dans la foulée, le préfet de l’Indre et le président du Département ont adressé un vibrant communiqué de félicitations. Mais il ne s’agit que du tout début. Mardi soir, le conseil communautaire a autorisé son président à signer une promesse de vente à la SCI Tricolore Computing, filiale de Google. Celle-ci a désormais un an pour formaliser cette réservation en compromis de vente. Dans un an, Tricolore Computing peut renoncer au vu des analyses qu’elle aura menées et Ozans continuera de sonner creux.
Une deuxième ligne de 400 000 volts en 2029
Si Google lâche l’affaire, ce ne sera pas en invoquant un manque d’énergie. RTE, qui construit le réseau de distribution d’Enedis, a prévu de doubler la ligne à très haute tension de 400.000 volts entre Éguzon et Marmagne (18) Dans une autre délibération du même conseil communautaire, il est indiqué que les travaux devraient durer de 2027 à 2029. À cette date, le parc de Google ne sera sans doute pas totalement opérationnel.
Il est évidemment beaucoup trop tôt pour imaginer le nombre d’emplois créés par Google. Les syndicats ont encore le temps de se pencher sur les conditions d’emploi des salariés du géant américain. Dans l’immédiat, on peut imaginer une gamme large allant des agents de sécurité aux ingénieurs. Ce qui a retenu l’attention des deux représentants de l’opposition qui se sont abstenus, ce sont les quantités d’eau que nécessite un tel centre pour refroidir les machines. Gil Avérous a répliqué que Google utilisait un système de refroidissement par air, sans plus de précision. Ses opposants ont également le calendrier électoral en tête et le choix définitif de Google tombera… un mois après le scrutin.
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