Soirées nanars : quand les films ratés deviennent culte !

Quel est le point commun entre « Aérobic killer », « Les zombies font du ski » ou encore « Le ninja blanc » ? Ces trois films sont des nanars que l’association orléanaise « Nanani Nananard » a déjà projeté dans divers lieux, depuis sa création en avril 2018. Tentons d’en savoir un peu plus avec Mitch, l’un des membres actifs de « Nanani Nananard ».

Projection de « Birdemic » dans le jardin de la Charpenterie à Orléans. Photo Anthony Kwan Chung


Par Olivier Joriot.


Des projections dans différents lieux

Adeptes des bons mauvais films, un groupe de copains imagine de rallier à leur cause de nouveaux aficionados du genre. Pensées d’abord pour avoir lieu en extérieur, les projections prennent possession de parcs comme celui de la Charpenterie. Malheureusement, et malgré le soutien de la mairie d’Orléans, une succession de circonstances a refroidi l’engouement de la petite troupe. « On a arrêté les projections en plein air pour l’instant car on a essuyé pas mal de déconvenues (mauvaise météo, climat social défavorable avec les émeutes de 2023, COVID…), des facteurs qui n’encouragent pas les gens à sortir. C’est difficile et très frustrant de s’investir et d’investir, et de ne pas pouvoir concrétiser les efforts consentis. Du coup, on a décidé de faire une petite pause. Désormais, on fait du plein air mais dans des structures qui nous accueillent », précise Mitch.

C’est ainsi que « Le Moule à gaufres » en juillet, « Le Ponton » en août et « L’Alliage » en octobre proposeront une séance de nanar.

Des soirées à thèmes

L’association souhaite faire découvrir qu’un mauvais film n’est pas forcément à éviter, et qu’au contraire, cela peut être un moment drôle et convivial à partager. L’équipe de cinéphiles s’inspire beaucoup du site Nanarland (le site des mauvais films sympathiques) qui, chaque année en septembre organise au Grand Rex, à Paris, la nuit du nanar. « Pour nous, Nanarland est la référence en matière de nanars et de critiques de nanars. On pioche dans leur catalogue pour choisir de façon collégiale des pépites. En général, nous travaillons sur des thèmes en nous adaptant au lieu. Quand nous avons fait une séance au bar Dropkick, on a passé un nanar musical. »

Nanani Nananard s’invite un peu partout comme ici au FRAC Centre-Val de Loire pour la projection du film Zardoz. Photo Anthony Kwan Chung


Pour la prochaine séance au Moule à gaufres, le thème choisi est la gourmandise. « Et il y a pas mal de nanars sur la bouffe ! On est parti sur « Yaourt attack » (The Stuff en anglais) », explique Mitch. Chaque séance commence par un speech sur le film, le réalisateur, les acteurs. Au terme de la projection, un quiz est organisé, histoire de voir si tout le monde a bien suivi. On gagne même des lots, mais à l’image de la qualité du film, c’est-à-dire plutôt décalés.

Le nanar, une place à part

Pour Mitch, le nanar reste une œuvre à part entière qui, à la base, est faite par une équipe qui y croyait. « Malheureusement, à un moment, on s’aperçoit que par manque de moyens, de budget, d’envie, tout le monde lâche l’affaire ! J’ai de la tendresse par rapport à ces films qui n’exploseront pas le box-office et il y a un public pour ces films qui en sont restés aux intentions. » Ces bijoux du septième art deviennent culte, malgré eux, parfois des années après, mais pas pour les mêmes raisons que Le Parrain ou Apocalypse Now…

Par exemple, « Miami Connection », sorti en 1987, a été dézingué par la critique et a reçu un accueil public désastreux. Aujourd’hui, il est considéré comme le must des nanars, avec un pitch en effet racoleur et prometteur. Un groupe de rock pratiquant les arts martiaux doit affronter un gang de motards ninjas qui a la mainmise sur le trafic de drogue en Floride.

« Piège mortel à Hawaï », le premier nanar projeté en 2018 par l’association, conte l’histoire palpitante de deux agents du FBI qui vont se retrouver en mauvaise posture lorsqu’ils interceptent un échange illégal de diamants. L’évasion d’un python hybride va en plus compliquer les choses !

Pour autant, tout n’est pas idyllique quand on parle de nanars. Dans les années 80-90, certains nanars osaient des postures révolues en 2025, comme l’utilisation d’accents étrangers ou l’abus de plans sur la plastique féminine pour combler les manquements du scénario. Ces quelques films qui ne cochent aucune case des critères post #MeToo appartiennent heureusement au passé, et sont à regarder avec la distance nécessaire.

En marge des projections, l’association organise souvent des animations. Photo Anthony Kwan Chung

Différence entre navet et nanar ?

Le nanar se distingue généralement du « navet » par sa capacité à divertir. Le nanar amuse par ses défauts, tandis que le navet est simplement ennuyeux, fade. Mitch explique que dans les nanars, les acteurs de doublage sont souvent en roue libre, d’où un décalage synchro labiale parfois extrêmement visible. La musique indigente ou inappropriée, des acteurs peu ou pas crédibles, l’abus du zoom, des champs et contre-champs, des bruitages XXL ou encore un montage approximatif sont les ingrédients du nanar.

Quels projets pour Nanani Nananard ?

Mitch et ses acolytes ne sont pas en manque d’idées pour faire connaître les nanars. « On aimerait faire grossir le concept mais sans en perdre le contrôle. Nous n’avons pas la prétention de faire comme le Vintage Festival, mais on aimerait pouvoir organiser une grosse soirée nanars, un genre de micro festival dédié à ce style. Reste à trouver un lieu ainsi que des partenaires pour porter ce projet ».

En attendant que cette manifestation voie le jour, demandons à Mitch le nanar de référence à conseiller aux novices : « Dans le style nanars d’action, Black Ninja ou Piège mortel à Hawaï feront parfaitement l’affaire ! » conclut Mitch.

Pratique :

Plus d’infos sur www.nanani-nananard.fr

Projection de Yaourt attack (The Stuff) le 12 juillet à 20h30 au Moule à gaufres

4 rue André Dessau

Participation libre


Plus d’infos autrement :

Le cinéma engagé à Vierzon, ça marche !

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