Dans les Hauts-de-France, un écomusée créé par Bernard Coddeville accueille les visiteurs qui aiment l’insolite et savent faire un détour pour approcher l’histoire de la vie rurale de la Flandre, à travers les témoignages et les objets d’un quotidien disparu.
Bernard Coddeville au milieu de l’écomusée de Ledringhem. Photo AC Chapuis
Par Anne-Cécile Chapuis.
C’est une véritable caverne d’Ali baba qui, sur 2 000 m², recense d’innombrables objets témoignant des « racines de la vie rurale ». Ainsi se nomme cet écomusée de Ledringhem. C’est à la fois l’histoire d’un mode de vie, l’histoire d’une région méconnue, mais aussi l’histoire d’un personnage haut en couleur, un enfant du pays qui a réussi ce pari un peu (beaucoup !) fou d’ouvrir cet espace atypique dans un village de 700 habitants situé à une trentaine de kilomètres de Dunkerque.
Un parcours du combattant
Bernard Coddeville est fils d’agriculteurs. Après quelques années à travailler avec son père, il s’engage dans l’armée et sillonne le monde avant de revenir au bercail en 2011 avec une épouse camerounaise, un grade de commandant et des idées plein la tête. Dans la ferme familiale d’Oudezeele (59), il commence à collectionner les machines agricoles et, en 2019, trouve un espace de 2 000 m² pour les stocker. Mais « être collectionneur, c’est une chose, ouvrir un musée, c’en est une autre » confie-t-il. Heureusement, « le parcours du combattant, je connais ! », ajoute ce sympathique personnage qui ne manque pas d’humour. Après démarches et contacts divers, le musée ouvre en 2022, situé dans la mouvance des écomusées, destinés à faire connaître la Flandre rurale et les Flamands.
Une visite insolite chargée d’histoires
La mercerie. Photo ACC
La visite dure environ 1h30 et Bernard Coddeville est intarissable sur chaque objet qui montre la vie quotidienne : vaisselle, outils, vêtements, documents… tout est soigneusement mis en scène pour donner une image vivante des intérieurs, des échoppes, des lieux de vie. Des reproductions complètent le tableau, montrant les pratiques des paysans, mais les objets à profusion laissent au visiteur l’art de découvrir, fureter, dénicher sur une table, dans une caisse, derrière un buffet… Le directeur du musée accompagne et répond à toutes les questions, cite des auteurs, complète avec des anecdotes. Un régal !
Des machines en état de marche
Les machines agricoles de Ledringhem. Photo AC Chapuis
La visite va crescendo et se termine en apothéose avec les machines agricoles du XXe siècle. C’est époustouflant. On y voit les batteuses, javeleuses, moissonneuses-lieuses, en parfait état de fonctionnement, et même la voiture des pompiers. Un petit espace pédagogique est assorti à cette exposition, permettant aux écoles de comprendre l’histoire des pratiques et de la mécanisation.
Une mise en lien et en réseau
L’écomusée de Ledringhem est en réseau avec 23 musées de Flandre, dans un site Muzea créé en 2007 par Cœur de Flandre agglo et la communauté de communes des Hauts-de-France, pour « se connaître, coopérer et animer des événements culturels communs ». Il adhère aussi à Cyclo’musées, avec des parcours balisés, à vélo, passant par les musées.
Et signalons qu’une exposition Jeanne Champillou, peintre, sculptrice et céramiste orléanaise, a tout naturellement pris sa place dans une allée du musée de Ledringhem. Nous en reparlerons.
Pour en savoir plus : www.ecomusee-lesracinesdelavierurale.com
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