Jeanne Devos (1902-1989) a vécu à Wormhout (59). Elle s’est initiée à la photo en autodidacte et laisse un immense patrimoine de souvenirs sur sa région de Flandre, soigneusement conservé et mis en scène dans sa maison natale devenue musée, et dont la mémoire est entretenue par Jean-Pierre Grassien.

Un des rares portraits de Jeanne Devos, photographe, exposé dans le musée éponyme de Wormhout. Photo AC Chapuis
Par Anne-Cécile Chapuis.
Jean-Pierre Grassien accueille le visiteur probablement comme le faisait Jeanne Devos, avec chaleur et simplicité. À peine franchi le pas, l’on est projeté dans les années 50 et dans le monde de cette photographe hors du commun, saisis par l’endroit, presque un peu gênés de pénétrer ainsi dans l’univers d’une personne et d’une maison qui s’est arrêtée dans le temps.

Le musée Jeanne Devos de Wormhout. Photo ACC
Une histoire simple et riche
Jeanne Devos est née à Bailleul (59). Toute jeune, elle rencontre des problèmes de santé et ses parents l’envoient à la campagne chez l’abbé Lamps, un ecclésiastique engagé et très social, par ailleurs passionné de photographie. Il initie Jeanne à cet art naissant à l’époque. Il l’embauche ensuite comme gouvernante, et elle voyage, découvre, fait des rencontres… son appareil photo ne la quitte pas.
En 1945, elle s’installe à Wormhout et devient photographe professionnelle. Ses sujets de prédilection ? La Flandre et ses habitants, qu’elle aime saisir sur le vif, au fait de l’actualité et de la vie de tous les jours. On lui doit même une photo du général de Gaulle lors de sa visite à Bergues !

Les photos de Jeanne Devos présentées par Jean-Pierre Grassien, conservateur du musée. Photo ACC
Elle s’entoure d’artistes (comme le sculpteur Joseph Dezitter, la céramiste orléanaise Jeanne Champillou, Marguerite Yourcenar…) et sillonne sa région au volant d’une mémorable 2 CV (restaurée et conservée par M. Grassien).
Un musée plein de charme
Jeanne Devos a vécu une quarantaine d’années dans la vaste maison de Wormhout entourée d’un beau jardin (où elle est enterrée). Un musée à sa mémoire y est installé et les pièces ont gardé leur fonction : séjour, chambre, cuisine, salon… ainsi qu’un incroyable grenier où sont exposés divers objets dont elle se servait pour ses portraits, comme une grande variété de chapeaux.

Les pièces de la maison-musée renseignent sur la vie en Flandre au siècle dernier. Photo ACC
C’est donc une double visite qui s’offre au passant : Jeanne Devos et sa maison. L’esprit de la photographe, personnage au caractère bien trempé, y est donc très vivant grâce à ce cadre originel, renforcé par les explications de Jean-Pierre Grassien, qui l’a bien connue et lui voue grand respect et admiration. Il connait de nombreuses anecdotes sur la vie de « Mademoiselle », ainsi qu’il la nomme et veille soigneusement sur ses quelque 350 000 clichés, négatifs, iconographies…
Les deux Jeanne
Jeanne Devos a rencontré Jeanne Champillou, lorsque cette dernière fréquentait le Nord. Elles sont devenues amies, partageant une même vision de l’art au service de la vie quotidienne. Aujourd’hui, le musée berguois rend hommage à la céramiste orléanaise, et une salle lui est consacrée.
Un juste retour des choses, et une belle histoire de rencontre et de partage qui devrait faire l’objet d’un prochain film par Anne Bruneau, réalisatrice en 2022 du film « Les images de mademoiselle Devos » (bientôt projeté à l’hôtel de ville de Bergues le 9 octobre).
Pratique. musée Jeanne Devos – 17 rue de l’église, 59470 Wormhout
03 28 65 62 57 – museejeannedevos@orange.fr
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