Hop Pop Hop, une dixième édition plus forte que le vent et la pluie

Quatre scènes cette année, et la ville un peu chamboulée pendant deux soirs. Le festival, mature maintenant, garde son cap de vitrine dense de la musique actuelle. Dont la diversité réjouit. Du rock de base, du gros son, de la transe ou de la musique plus intime, plus particulière. Quelques magnifiques pépites dans une proposition de haut niveau. C’est parti pour encore dix ans au moins….

Par Bernard Cassat
Photos Valérie Thévenot

Diff Men – Par Valérie Thévenot

Hop Pop Hop est vraiment réglé comme du papier à musique. A 18h15 précise, les Diff-Men sont montés sur scène. Un beau mélange ! Sur une base maloya, cette musique que les esclaves ont piquée à leurs maitres pour la créoliser, la maltraiter et en faire ces complaintes chantées proches d’un blues des îles. Rythme et énergie, le cliquetis obsédant du kayamb, la percu efficace maniée par un chanteur rayonnant. Belle ouverture sous le ciel un peu sombre de cette après midi de vendredi de rentrée !

Tyler Ballgame – Par Valerie Thévenot

A peine les Diff Men finis, Tyler Ballgame a investi la scène en face, la Micro Campo. Chanteur new-yorkais passé par LA, drôle de bonhomme plein de contrastes comme sa musique. Tout timide et caché sous des fringues très ordinaires, il déploie sa voix incroyable, pousse de grands cris aigus et controlés ou des mélodies très chantées. Entouré de musiciens à son image, avec aussi une guitare sèche électrifiée pour augmenter l’apport folk, ils font de très belles chansons au son un peu vintage. Tyler a certainement beaucoup écouté des gens comme Mink DeVille. Elégant, classe et en même temps très proche. Un beau moment.

Miki – Par Valérie Thévenot

En face, Miki a commencé son show sans crier gare. Elle joue la petite fille qu’elle est, en racontant sa vie, en rigolant. C’est assez adorable et entrainant. Deux musiciens (batterie, clavier-guitare) l’aident à faire passer son énergie, à communiquer son amusement sur la vie. Espiègle, elle cache une grande maitrise sous une attitude fofolle. Elle est directe, sympa, Miki, qui aime les onomatopées. Et ça fonctionne.

Réglage chez Totorro – Par Valérie Thévenot

Pendant ce temps là, Totorro se déchainait au théatre. La scène Barrault, pleine à craquer, vibrait de tous ses pores sur ce rock hurlant son énergie. Le trio+1 de Rennais a scotché les participants dont certains se baladaient en l’air, portés par le public. Ovation.

Totorro – Par Valérie Thévenot

Pour se calmer les oreilles, on a foncé écouter Diane à l’Institut. S’accompagnant soit d’une basse, soit d’un clavier, avec des bandes préenregistrées, elle nous emmène dans ses histoires avec sa voix très belle mais pas très sure. Quelques reprises, de Lucienne Boyer par exemple. Agréable, originale, l’orléanaise a fait salle comble.

Gros cœur – Par Valérie Thévenot

On est vite revenu devant la scène Micro-santo pour les Gros cœurs. Trois guitares, une batterie et quelques à coté pour un rock solide et aguicheur. Des paroles simples, sérieuses ou marrantes, des mélodies construites, de la folie parfois et des jokes musicales qui réveillent. Inventifs en gardant l’énergie primitive. Super agréables, ces Belges.

Interzone – Par Valérie Thévenot

Et puis Interzone, un drôle de couple venu d’ailleurs, singulier, mais profond. La guitare de Tessot-Gay aux multiples accents, rock, folk, asiatique par moment, qu’il frotte à l’archet ou qu’il force dans les super aigus. Et l’oud en face, au manche très court qui permet de galoper sur les gammes, au son porteur de toute un monde. Les voix par dessus le duo des cordes, incantatoires, presque minérales ou vibrantes. Sons continus, moelleux de la six cordes, sécheresse de l’oud. Des riffs de guitare dignes des plus grands. Un magnifique mélange qui nous emmène loin. Eblouissant.

Dimanche pluvieux…

Ce qui n’a pas démonté Gablé, les farceurs très musiciens de Caen. Ils s’amusent à découper des cageots tout en balançant un rock bien fait, un peu pop, avec pleins d’instruments divers dont des objets pas trop prévus. C’est bien foutu et très agréable. Beau début d’après-midi.

Mitsune – Par Valerie Thévenot

Et puis en face, sur la scène Macro, les Mitsune aux costumes chamarrés ont surpris tout le monde. Deux geishas au shamizen électrique et à la voix garantie pure origine se sont lancées des complaintes genre traditionnelles, puis ont soudain entamé un rythme effréné de rock totalement moderne, soutenu par une contrebasse électrique et un percussionniste blanc mais très joueur. Original pour le moins, amusant, entrainant, Mitsune retient après l’étonnement premier. Un vrai show de musique. Aligato !

Nectar Woode – Par Valerie Thévenot

A l’institut, Nectar Wood réconfortait le public bien au sec dans la salle. Son groupe de femmes jouait un jazz mâtiné soul, un son typique de la sphère londonienne et des anciennes colonies de l’empire. Très belle voix, une aisance scénique agréable, des musiciennes aguerries, une variété de rythmes rapides ou plus blues, des réponse du chœur de musiciennes. Ça balance et ça chaloupe avec bonheur.

Trotsky Nautique – Par Valerie Thévenot

En passant vers d’autres aventures, on s’est arrêté dans la cour de l’hôtel Dupanloup. L’incroyable Snug et son Trotski Nautique proposait un moment d’anarchie drôle et pas bête. Avec un accent parisien forcé, les trois Trotski bien sur la terre de Paname déglinguent tout ce qui se passe dans le show biz. Ils aiment rien ! Sauf dessiner. Snug en effet produit des BD formidables exposées à la librairie Jaune Citron jusqu’au 4 octobre.

Olkan & la vipère rouge – Par Valerie Thévenot

Pendant ce temps, Oklan & la vipère enflammaient le CCNO. Réouvert à HopPopHop cette année, la scène très sombre accueillait ces fous de la danse quasi transe au rythme de cœur battant. Un sax électrifié y ajoutait de l’humain, se mélangeant aux machines et aux sons divers d’instruments méditerranéens. Une énergie incroyable, entrainante, les deux infatigables musiciens ont remporté un beau triomphe.

Gildaa – Par Valerie Thévenot

Gildaa nous attendait à l’Institut. Assise comme une déesse divinatoire, elle raconte l’histoire d’une petite fille qui revient. En chantant, en dansant, en jouant du clavier, du violon, du synthé, en mêlant des boucles jusqu’à l’infini. Sa voix magnifique se déploie dans un environnement sonore qu’elle crée sur place, extrêmement élaboré l’air de rien. Son énergie, ses costumes, ses impros précises, son jeu avec les gens qui arrivaient (puisqu’à l’Institut, le public circulant se voit), son humour d’autodérision font un miracle. « C’est très bizarre mais c’est pas mal », dit-elle d’elle-même, et c’est exactement ce qu’on pense. Pas mal, et même très, très bien. Une artiste complexe et complète, qui exprime fortement sa présence de femme. Chapeau.

Olkan & la vipère rouge – Par Valerie Thévenot

Et puis avant de partir, un petit voyage de filles à Hawai. Le groupe belge de pop consensuel et d’un haut niveau n ‘était pas servi par le ciel. Mais la pluie n’a pas arrêté leur magnifique échange avec le public, sous des lumières impressionnantes. C’est bien fait, c’est au point, c’est agréable, en même plein de ce qui fait le rock (énergie, force du son, rythme) et de l’émotion plus douce de la variété (guitare qui pleure gentiment, voix aguichante). Ça marche bien. Les Belges commencent à être des vieux routiers…
HopPopHop 2025 c’est fini. Cette dixième édition, toujours aussi dense, aussi riche en propositions, aussi brillante de feux divers a rempli sa mission : faire découvrir des inconnus, des musiques rares et apporter de grands moments de partage. Le public a bien tourné entre les quatre lieux. Et chacun a pu trouver son bonheur.

Merci à l’Astro. Qui continue, rappelons le, son gros boulot tout au long de l’année.

La galerie photos de Valérie

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