Le Château royal de Blois lance une souscription pour acquérir le buste de Gaston d’Orléans en Hercule, travail préparatoire au marbre sculpté par Jacques Sarazin. Un projet participatif plein de sens qui enrichirait la visite du monument aux 476.000 visiteurs annuels.
Par Jean-Luc Vezon
« C’est une occasion rarissime dans l’histoire d’un musée, le château royal de Blois a l’opportunité d’acquérir un buste en terre cuite de Gaston d’Orléans, travail préparatoire de celui en marbre qui a dominé la façade de son aile classique de 1638 jusqu’à la Révolution qui l’a abattu » (1) explique Bastien Lopez, directeur du château royal.

Gaston d’Orléans par Jacques Sarrazin DR
Ce buste magnifique datant de 1636, récemment découvert chez un collectionneur, est un exceptionnel témoignage de l’original. « La redécouverte de cette terre cuite de l’un des plus grands sculpteurs du XVIIe siècle français, Jacques Sarazin, est exceptionnelle » s’enflamme Bastien Lopez. Problème, en ces temps de disette budgétaire, le buste est proposé par un marchand parisien pour la somme de 350.000 €. « Son acquisition ne sera possible qu’avec des financements multiples » complète-t-il.
Mais le jeu en vaut la chandelle puisque l’acquisition de ce buste permettrait de valoriser la figure de Gaston d’Orléans en transformant la fin du parcours de visite des appartements royaux avec deux salles consacrées à ce prince, moins connu que Louis XII ou Catherine de Médicis.
L’aile Gaston d’Orléans du château de Blois. Crédit ADT41.
Des trésors sur Gaston d’Orléans et son époque seraient ainsi sortis des réserves (tableaux, mobiliers, tapisseries…) et présentés dans ce nouvel espace. Rappelons qu’outre le château, ce prince mécène est à l’origine de plusieurs réalisations à Blois : l’Hôpital général du faubourg de Vienne, qu’il fonda en 1657 pour les pauvres, mais aussi la chapelle des Jésuites (actuelle église Saint-Vincent).
Devenir mécène
Aux côtés de la Ville de Blois, propriétaire du château royal, des subventions publiques (Département, Région, État) et des financements privés (entreprises mécènes, associations et fondations dédiées, donateurs particuliers) sont donc en cours de mobilisation pour compléter le plan de financement.
Pour les particuliers, les contributions possible vont de 1 € à 1 000 € ou plus (Grand mécène) et ouvrent à des contributions variables selon les montants versés et à une réduction d’impôt de 66 % du don. Un don de 100 € ne revient qu’à 34 € après déduction fiscale.
« En cas de plan de financement incomplet, la Ville de Blois ne pourra pas se porter acquéreur du buste pour le compte du château royal de Blois. Les donateurs seront alors remboursés par HelloAsso. » précise Bastien Lopez.
Le château de Blois, fleuron architectural du Val de Loire
Le château royal de Blois raconte le destin de 7 rois et de 10 reines et livre les secrets de la cour de France. Classé monument historique depuis 1840, il est alors le premier château de la Renaissance à être complètement restauré. Ce château forme un exemple unique de l’évolution de l’architecture française du 13e siècle au 17e siècle et réunit autour d’une même cour, 4 façades différentes, 4 monuments, 4 époques.
Le Château est également un musée, riche de quelques 35 000 objets, dont une belle partie forme le musée des beaux-arts de la ville. La collection est riche de tableaux, sculptures et objets d’art du XVe au XIXe siècle, avec des artistes comme Sébastien Bourdon, François Boucher ou Ary Scheffer.
Ce monument emblématique du Val de Loire propose un spectacle son & lumière d’un réalisme saisissant grâce au vidéo mapping et à une scénographie inédite. Effets sonores et projections vidéos monumentales métamorphosent la cour du château dans un spectacle unique à 360°. Les voix de Robert Hossein, Pierre Arditi et Fabrice Luchini racontent les mystères qui ont façonné l’histoire de France. 476 00 visiteurs français et internationaux ont poussé les portes du château royal de Blois et de la Maison de la Magie en 2024.
(1) Elle est remplacée au début du XXe siècle par une version d’Alfred-Jean Halou, toujours en place.
Le château de Blois, fleuron architectural Val de Loire. Crédit Ville de Blois.
Gaston d’Orléans, prince mécène et rebelle
Fils d’Henri IV et de Marie de Médicis, Gaston d’Orléans est intimement lié à Blois. En 1626, il se révolte contre son frère Louis XIII et le cardinal de Richelieu. Héritier du trône de France, il s’oppose pourtant à l’absolutisme et passe sa vie à conspirer. Chassé de la cour en 1634, il se retire sur son fief, à Blois, où il décide d’édifier un château entièrement neuf, un palais classique, symétrique et majestueux.
Confié à l’architecte François Mansart, ce chantier est stoppé en 1638 à la naissance du futur Louis XIV qui éloigne Gaston de la couronne et le prive de financement, laissant son château inachevé.
Malgré ses victoires militaires pour le royaume et faute de projet politique, il échoue à renverser Anne d’Autriche, la régente, et Mazarin, son ministre tout puissant. Il meurt à Blois en 1660, à l’âge de 51 ans, dans l’aile François Ier du château.
Outre son goût pour l’intrigue et la liberté, Gaston d’Orléans était un passionné des arts et des sciences, collectionneur, mécène, et protecteur des savants comme des plus grands artistes de son temps.
Gaston d’Orléans, mousquetaire des arts avec son nez célèbre des Bourbons et , son abondante chevelure bouclée. Crédit Ville de Blois.
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