“Monstres Magnifiques”, c’était le thème de la Freakshow qui a eu lieu mardi dernier à Orléans. Plusieurs performances se sont succédées, toutes aussi magnifiques que monstrueuses. Un mot d’ordre : rendre beau l’effrayant.
Brütal Experienz présente sur scène un dj set inédit, entre rap militant et techno. Crédit : Jeanne Beaudoin.
Par Jeanne Beaudoin.
Habituellement, lorsque l’on parle de performance drag, on imagine des drag queens très féminines, bien maquillées et hissées sur de hauts talons. Or, la Freakshow propose une toute autre vision du drag. L’objectif de ce cabaret queer est de montrer, à travers plusieurs performances drag alternatives, l’effrayant : le “freak“, c’est-à-dire le “marginal“, le “bizarre“, ainsi que des performances de drag kings. Fuzz, drag créature, a brillamment organisé et animé cette troisième édition. Iel souligne : “Merci de soutenir ce projet un peu farfelu qu’on n’avait encore jamais vu à Orléans et qui permet de montrer des performances” que l’on voit rarement ailleurs.
Mettre sur le devant de la scène ce que l’on veut habituellement cacher
Drack Ryu, artiste non binaire Pupp Drag, se présente comme une créature hybride. Sur scène, Drack Ryu dénonce la transphobie. Iel dénonce le rôle de garçon qu’on lui a assigné à la naissance : “moi là-dessous j’étouffais, mais je le portais parce qu’on m’avait appris à obéir“. Au-delà de sa performance, iel prend la parole afin de dénoncer la recrudescence des actes transphobes, notamment aux Etats-Unis : “Les droits des personnes trans sont des droits humains, on existe, on est là. Certains essaient de nous effacer et de nous faire disparaître, mais on ne disparaîtra jamais”.
Orkgotik, artiste connu internationalement, performe sur la scène de la Freakshow. Crédit : Jeanne Beaudoin.
Une star internationale était également présente
Orkgotik, artiste tout droit venu de Colombie et finaliste de la cinquième saison de Dragula, est actuellement en pleine tournée internationale. Après avoir performé à Buenos Aires, Berlin, Budapest ou encore à Paris, le voilà à Orléans ! Ses costumes étaient à couper le souffle, son show hypnotique. Il a par ailleurs salué la scène orléanaise du 108, affirmant que “c’est très spécial de venir dans une ville comme celle-ci. J’ai l’impression de voir de vrais talents, des gens qui font de leur mieux, qui restent eux-mêmes. Ce sont les meilleurs monstres. Ce qui est bien avec ce genre de scène, c’est que ça va inspirer les gens à essayer des choses, à tester du drag non conventionnel.”
Allier le rap et la techno : un dj set politique
Brütal Experienz regroupe trois artistes incroyables : Dtox Onirique, Hellmut Rocher et Miitsuko. Iels ont proposé “un set militant énervé, le mélange parfait quand le rap rencontre la techno“, explique Dtox Onirique, “un spectacle basé sur trois larmes : une larme de joie, une larme de tristesse et une larme de colère“. Une performance drag alternative, qui sort de la norme. Miitsuko explique d’ailleurs qu’il faut sortir de l’idée selon laquelle, pour “faire du drag, il faudrait mettre des talons et être un homme gay”. Le drag est bien plus large, cet art permet au contraire de briser les cases. Elle affirme : “qu’importe le genre que tu as ou ton orientation sexuelle, tu peux faire du drag! Tant que tu as quelque chose à partager, de la créativité“. Elle-même est “une femme cis qui incarne une forme de féminité“. Ce à quoi la foule a vivement applaudi.
Concert de black métal
Un concert de black métal a également été présenté durant la soirée par Cross Contact. Une “régurgitation du pire. Entre drum machine sans âme, riffs de guitare distordues répétés à l’infini, nappes de synthé glaciales et déglutissements vocaux, la protagoniste parisienne de ce projet vous emmène dans un trip hypnotique et sanglant”.
Cross Contact, artiste parisienne, livre son projet atypique. Entre black métal, musique industrielle et drum’n bass, l’ambiance est électrique. Crédit : Jeanne Beaudoin.
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