À peine inaugurée, une « voie douce » à Saint-Branchs (37) pourrait bien vite devenir une route fantôme…
Par Joséphine.
Opération rondement menée
« Un enrobé de près d’un kilomètre de long a été inauguré ce vendredi 4 juillet permettant aux vélos, piétons et aux engins non motorisés de relier le centre-bourg et le lieu-dit La Boire » annonçait le journal Renaissance Lochoise, photos à l’appui. « Nous avons d’abord aménagé une voie (…) jusqu’à l’aire de loisirs de la piscine. C’est une étape importante dans l’amélioration du cadre de vie des habitants qui doit inspirer un développement futur », complétait le maire Patrick Nathié dans la Nouvelle République quelques jours plus tard.
Le projet aura coûté dans les 250.000 euros mais, grâce aux aides versées par divers fonds et collectivités, Saint-Branchs n’aura eu à débourser qu’un peu moins de 100.000 euros, intégralement financés sur les réserves de la commune, sans emprunt. C’est donc enfin un chantier rondement mené pour Monsieur le maire après la série de ratages liés à la rénovation du gymnase, rénovation ayant coûté la coquette somme de 1,3 million d’euros (Lire sur Magcentre : Horizons Touraine : la communication plutôt que la bonne gouvernance).
Une piscine s’éteint, une voie douce s’éveille
Sauf que, il y a quelques jours en conseil municipal, Patrick Nathié évoquait l’avenir incertain de la piscine desservie par la fameuse « voie douce ». Devenu vétuste après des décennies d’utilisation, le bassin coûte 100.000 euros par an en entretien pour une ouverture sur les deux seuls mois estivaux, les recettes ne dépassant pas les 10.000 euros les bonnes années… Et donc, comme dans tant d’autres communes, avec l’explosion des coûts de l’énergie et le manque de moyens, il faudra probablement se résoudre à fermer la piscine, rendant de fait la piste cyclable passablement inutile (voir carte).
C’est à se demander comment il a été possible de valider un tel aménagement, alors que l’état de la piscine n’était un secret pour personne. Du reste, un projet comparable de voie desservant l’aire de loisirs avait déjà été étudié dans les années 90, rapidement abandonné à cause de son coût trop élevé. Mais alors, pourquoi donc ressortir ce projet des cartons précisément maintenant ? Certains habitants de la commune expliquent que « tout le monde se plaint de l’état des routes de campagne, nous savons que le maire n’a presque rien dépensé pour leur entretien depuis cinq ans, ce n’est pas assez chic et tu ne peux pas couper de ruban ni faire un discours devant la presse locale et les habitants invités à l’inauguration ». Et justement, à l’approche des municipales, il était probablement devenu urgent de prendre en compte les questions de voirie tout en soignant sa comm’. Et qu’importe le tronçon, pourvu qu’on ait l’ivresse.
Com’com mon amour
L’autre raison de ce drôle de chantier réside peut-être aussi dans la manne financière offerte par la communauté de communes Touraine Vallée de l’Indre. « Notre com’com est très riche du fait que nous avons les deux plus grandes zones économiques d’Indre-et-Loire, Isoparc à Sorigny et Even Parc à Esvres. Les élus ne savent pas quoi faire avec tout cet argent. En fait ce serait mieux de transférer directement la compétence voirie à la com’com car les petites communes comme Saint-Branchs n’ont pas les moyens de s’en occuper seules », explique un habitant.
En tout cas, Patrick Nathié a décidé de faire de l’état des routes un de ses thèmes de fin de mandat. Par exemple en faisant reboucher certains trous des routes communales depuis quelques jours, toutes affaires cessantes.*
C’est presque dommage, car avec un peu d’inventivité et de panache, il aurait été justement possible de transformer ces gouffres en piscine à pas cher, comme s’en amusent des habitants, un peu taquins de l’appareil photo. Win-win quoi.
* Texte modifié le 01/10/2025
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