La belle communauté chorale orléanaise et d’ailleurs, ainsi que des mélomanes et autres musiciens se sont rendus en nombre, ce samedi, à la salle de l’Institut d’Orléans pour le tout dernier concert de l’ensemble vocal Anonymus placé sous la direction d’Anne-Cécile Chapuis. Un bonheur musical chaleureux, inspiré, souriant et émouvant.
Par Jean-Dominique Burtin.
Le plaisir d’avoir chanté avec et pour le public
Salle comble à L’Institut. Photo; JDB.
En ouverture de ce rendez-vous, “merci d’avoir autant porté les voix d’Orléans “. Tels sont les mots qu’adresse William Chancerelle, adjoint au maire chargé des affaires culturelles, à Anne-Cécile Chapuis, créatrice et cheffe de chœur d’Anonymus ovationnée dès son entrée en scène. Ainsi tient-il à saluer, par sa présence, l’œuvre de l’ensemble vocal créé à Orléans il y a quarante ans et qui donne ici son dernier et cent soixante-deuxième concert (lire encadré).
Devant une salle comble, c’est d’un même souffle du cœur et du chœur que l’ensemble, accompagné par le pianiste Jacky Ragot, interprète d’emblée Loves’ old sweet song, de James Lynam Molloy. Ici, tout est en nuances et les choristes se font porteurs et passeurs d’une mélancolie des plus douces.
Simple chanson d’amour.
Manifestant au public sa joie d’avoir chanté pour et avec lui, Anonymus enchaîne avec profondeur sur trois Alleluia en faisant montre d’allégresse et d’âme, ainsi que d’une homogénéité, patine de haute facture qu’il doit à de nombreuses années de pratique et d’expériences ouvertes. Lors de ce concert, lors duquel se trouve tournée une page et de nombreuses partitions, la belle idée est d’avoir invité quelques choristes à évoquer leurs plus beaux souvenirs de parcours. L’un d’entre eux, prenant la parole, évoquera ainsi un concert donné à Prague, dans une chapelle baroque d’un établissement à la fois pénitentiaire et hospitalier à destination de femmes détenues accompagnées de leurs surveillantes et dont la pure écoute l’avait infiniment touché.
Un programme riche de recueillement et d’élans festifs
Dans ce riche programme de musique anglo-saxonne du XXe siècle où le sacré occupe une belle place, voici un délicieux comme affirmé Soon I’ll will be done, traditionnel spiritual. Lui succède un très joli You are the new day, bijou de de toute limpidité signé John David. Mais voici, conformément à l’esprit d’ouverture d’Anonymus, l’interprétation charmante et mélodieuse de Can’t buy me love, de John Lennon et Paul Mac Cartney puis l’ajout d’un sel de fantaisie avec Name that tune, de Grayston Ives. Il s’agit là d’une gracieuse performance où les choristes se font à l’évidence un plaisir malicieux, en complicité avec la battue de leur cheffe, à enchaîner d’un grand trait des airs célèbres que le compositeur invite à écouter au fil d’un grand huit réclamant infiniment de talent, de tempo et d’expression.
En coulisse, accueil radieux des choristes. Photo: JDB.
Rejoint part le quatuor Flexi not’ (Nadine Evezard flûte, Jean-François Roux violon et alto, Thierry Pagin violoncelle, Arlette Meneau- Kochler piano), Anonymus interprète entre autres pièces (quinze à son programme ce samedi) Over the rainbow, de Harold Arlen, célèbre composition, pièce ravissante et poétique offerte à une salle qui ne peut que se retenir de murmurer en elle-même une mélodie d’une délicatesse enivrante à la fraîcheur si touchante.
“Energie, foi et passion” , tels sont les mots que prononce Anne Cécile Chapuis à l’issue d’une standing ovation, artiste attentive qui tient à offrir à chaque choriste un bouquet avant d’emporter son ensemble lors de deux rappels, Steal away et Ding dong merrily on high, ultimes sourires d’un ensemble fervent animé d’une lumière intérieure merveilleusement partagée.
Une grande et longue aventure, peut-être une parenthèse
Pour l’histoire, créé en 1985, cet ensemble vocal mixte de quelque vingt membres s’est réuni pour partager sa passion de la musique dans un souci d’ouverture à tous les publics. Dans une configuration « chœur de chambre », Anonymus a présenté chaque année un programme renouvelé lui permettant de balayer différents styles, époques ou pays, avec un souci de cohérence musicale et musicologique. Anonymus a abordé la musique baroque à plusieurs reprises, sous la baguette de chefs invités (Gabriel Baltes, François Bazola, Frédéric Bourdin, Alejandro Sandler) ainsi qu’avec des solistes de renom (Véronique Gens, Noémi Rime, Howard Crooks) dans le cadre de manifestations réputées tel le festival de Musiques Anciennes d’Orléans, ou encore avec l’ensemble Doulce Mémoire, Les Folies Françoises, et les ateliers de musique ancienne de La Rêveuse. Certains de ces programmes ont été l’occasion d’une recherche sur la mise en scène en collaboration avec des comédiens professionnels.
Anne Cécile Chapuis joliment honorée. Photo: JDB.
A plusieurs reprises, l’Ensemble Vocal a développé des contacts avec d’autres ensembles vocaux en France ou à l’étranger.
Anne Cécile Chapuis, cheffe de chœur, musicienne, éminente journaliste de la rubrique culture de Magcentre et fondatrice de Anonymus: “Anonymus a décidé de baisser le rideau, profitant d’un anniversaire qui vient marquer un tournant, anticipant des vieillissements ou lassitudes qui peut-être pourraient arriver. Souhaitant finir avec panache une belle aventure musicale et humaine, ayant décidé de mettre un point d’orgue à la musique qui nous anime sans relâche depuis quarante ans, nous nous faisons un peu violence. C’est la raison qui l’emporte sur la sensibilité, mais nous voulons laisser une résonance vibrante et vivante…et peut-être rebondir sur des projets autres, mais ceci est une autre histoire !“
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