Les aidants, tous ces gens qui s’occupent d’un·e autre, souvent un membre de la famille, souffrent eux aussi, généralement en silence. Benoît Saillau, psychothérapeute qui anime des groupes de parole nommés cafés des aidants, sort un livre sur le sujet pour ouvrir la discussion. Et donnera une conférence à la médiathèque d’Orléans.

Image d’Illustration – Photo Pixabay
Par Bernard Cassat.
Après la journée mondiale des soins palliatifs (le 3 octobre), la journée nationale des aidants (le 6 octobre) va mettre en lumière ce problème extrêmement répandu dans la population. On estime qu’aujourd’hui, un Français sur cinq est aidant et s’occupe d’un proche en perte d’autonomie, malade, ou en situation de handicap. On le sait pour avoir soi-même aidé quelqu’un ou avoir côtoyé un aidant, cette responsabilité est extrêmement lourde. Et chacun se débrouille dans son coin, essayant de remplir au mieux cette tâche supplémentaire dans la vie quotidienne qui reste en elle-même stressante. Et qui oblige à mélanger la douleur de voir s’effondrer un être aimé, l’injonction de passer outre pour remplir ses responsabilités et le réflexe de tout cacher pour ne pas se montrer faible.
L’importance des cafés des aidants
Depuis plus de trente ans, Benoît Saillau, psychopraticien relationnel, reçoit des personnes en psychothérapie. Il a également formé de nombreux professionnels à la relation d’aide, la bientraitance et l’accompagnement de fin de vie. Depuis 2013, il anime des Cafés des aidants® dans l’Orléanais. Très sensible à ces problématiques, il a donc accumulé une grande expérience auprès d’aidants, et a regroupé ses réflexions dans un ouvrage qui sort aujourd’hui, J’aide mon proche. Être aidant, donner sans se perdre.
Un livre qui recense les questions
C’est un vaste travail de recensement des questions que se posent les aidants, et des solutions, même parfois ténues, pour tenter d’y répondre. En plus de quarante parties, qui souvent interfèrent les unes avec les autres, il aborde les situations auxquelles sont confrontés les aidants. Car au-delà de la cause qui nécessite une aide à la personne, les aidants butent presque tous sur les mêmes difficultés. « Être aidant n’est pas un choix. C’est une réalité qui s’impose à vous, sans vous demander votre avis, sans même que vous puissiez la nommer : je suis proche aidant », écrit Benoît Saillau. Ils se posent tous la question du devoir au-delà de l’amour. Et de la culpabilité qui va avec, se reprochant de ne jamais en faire assez pour l’autre que l’on aime.
Une très grande empathie
Des textes d’aidants, souvent lus pour débuter des séances dans les groupes de parole, s’intercalent aux réflexions de l’auteur pour être au cœur du sujet. Mais dans la forme qu’il a choisi, rédigeant son texte à la première personne, se plaçant constamment du point de vue de l’aidant, Benoît Saillau utilise sa profonde empathie pour exposer avec sensibilité et pertinence la vie mouvementée des aidants et nous faire comprendre l’importance des échanges, l’importance d’en parler pour alléger la charge. « Nous les aidants, avons tellement besoin d’être écoutés, gratifiés et compris de temps en temps… », a dit un aidant dans un café. Il développe beaucoup le thème du soutien à l’aidant, de sa solitude et du besoin, au fond, d’être lui-même aidé, en tous cas réconforté. Pour arriver à « prendre soin de moi-même et de ma santé pour ne pas m’épuiser », comme s’intitule une partie.
Ce beau cheminement à travers ces situations apportera des éclairages originaux à tous ceux qui se trouvent dans la situation d’être aidant. Et fera réfléchir tout l’entourage qui, peut-être, fera plus attention à un certain nombre d’attitudes ou de réflexes relationnels qui ne facilitent rien.
« J’aide mon proche
Être aidant, donner sans se perdre »
par Benoît Saillau – aux Éditions Chronique Sociale
175 pages. 15 euros – en librairie ou sur le site de l’éditeur
Conférence le mardi 14 octobre, médiathèque d’Orléans
À l’initiative de JALMALV (Jusqu’à la mort accompagner la vie) et des réseaux de soins palliatifs.
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