Mobilisation du 2 octobre : un mouvement social à la croisée des chemins

Après le succès du 18 septembre, la mobilisation de ce jeudi 2 octobre a marqué le pas en Centre-Val de Loire. Dans l’attente de la composition du gouvernement Lecornu et de sa ligne politique, l’intersyndicale entend rallumer l’étincelle d’un mouvement encore loin d’être éteint.

L’intersyndicale s’est affichée unie partout en région comme ici à Blois – photo JLV


La Rédaction.


Déjà un premier coup d’arrêt ? Après la forte mobilisation du 18 septembre dernier, l’intersyndicale avait décidé d’attendre deux semaines avant de refouler les pavés. Un choix discutable mais surtout contesté par certains militants qui redoutaient de voir la dynamique se casser en espaçant trop les journées de mobilisation. Une menace confirmée par les chiffres adossés à ce 2 octobre qui conforteront certainement les adeptes de la radicalisation du mouvement. Car ce jeudi, il semblait loin le temps des blocages improvisés de ronds-points et autres carrefours, tout comme les disciples du mouvement Bloquons Tout, moins visibles en cette journée, presque phagocytés par les rites syndicaux rapidement revenus sur le devant de la scène. 85 000 manifestants recensés dès la mi-journée au niveau national selon le ministère de l’Intérieur, alors que l’on en dénombrait 200 000 au même moment il y a deux semaines. Une tendance observée également partout en Centre-Val de Loire.

Orléans en demi-teinte, Montargis en sourdine

Car cela n’avait ni l’ampleur des mobilisations contre les retraites, ni celle de fin septembre. Et pourtant les syndicats réunis ont réussi à attirer près de 2 000 personnes dans les rues d’Orléans, Gien, Montargis et Beaugency. À Orléans près de 1 300 manifestants étaient recensés par la police (4 000 le 18 septembre), 5 000 selon la CGT. La manifestation qui réunissait toutes les organisations syndicales était avant tout constituée de bataillons de retraités et d’enseignants, mais peu de militants d’entreprises privées ou d’étudiants. La CGT a d’ores et déjà annoncé qu’une nouvelle réunion intersyndicale se tiendrait ce vendredi soir à Orléans avec vraisemblablement une nouvelle manifestation unitaire jeudi prochain 9 octobre.

Dans l’est du Loiret, Montargis a frappé par sa faible mobilisation. Le cortège, vite avalé par les rues, était dominé par les cheveux blancs. Peu de salariés en activité, très peu de jeunes : cela faisait longtemps que l’on avait vu si peu de manifestants dans la Venise du Gâtinais. Le prix d’une journée de grève, amputée du salaire, n’est certainement pas étranger à cette démobilisation, surtout quand les factures s’accumulent et que l’inflation grignote chaque budget. Faut-il y voir un signe de résignation, une lassitude après tant de mobilisations infructueuses, ou bien une attente prudente, dans l’espoir que Sébastien Lecornu, encore discret sur ses intentions, finisse par clarifier sa ligne ? Le feu de la colère ne s’éteint pas pour autant : il couve sous la cendre, prêt à reprendre vigueur au moindre souffle. Mieux vaut se méfier et éviter de le ranimer.

Démangeaisons tourangelles

Même écho à Tours avec moitié moins de monde au départ de la Place de la Liberté. Si, comme à son habitude, le cortège tourangeau affichait un visage plus jeune par rapport aux divers rassemblements régionaux – grâce notamment à la participation de lycéens – quelques moments de tension ont ponctué la journée avec notamment la présence remarquée de jeunes vêtus d’habits noirs venus exiger une action plus radicale. Une situation qui a quelque peu déstabilisé les têtes syndicalistes craignant des débordements et ainsi perdre la main sur l’organisation. Rien de bien méchant au final pour les endurcis du pavé qui ont pu tranquillement terminer leur marche, siroter un verre, avant de se donner rendez-vous à 18 heures pour un rassemblement place Jean Jaurès en soutien à Gaza, et protester contre l’interception de la flottille humanitaire en Méditerranée par Israël.

Les mots doux pour Marion

En Loir-et-Cher, on entretient la flamme de la contestation anti-gouvernementale mais surtout macroniste. En témoigne la permanence du député Ensemble Christophe Marion à Vendôme, cible des manifestants : pas de vandalisme mais des mots doux (« Taxer les riches », « Macron démission »). Au milieu des slogans qui résonnent et des revendications semblables aux premiers rendez-vous de septembre, des salariés des entreprises Brandt de Vendôme (redressement judiciaire), Bosch (délocalisation en Hongrie) et Acial à Saint-Aignan-sur-Cher (menace sur l’emploi suite à une perte de marché) étaient dans les cortèges légèrement dégrossis par rapport à ceux du 18 septembre, pour un décompte d’environ 1 500 manifestants sur l’ensemble du département.

Calme Berry et Beauce tranquille

Réduit au tiers par rapport au 18 septembre, le cortège castelroussin n’a pas traîné dans les rues du centre-ville. Un petit tour et puis s’en va. Ce qui n’a pas entamé la détermination à poursuivre le mouvement pour les marcheurs qui ont répondu présent. De l’aveu même des syndicats, difficile de mobiliser dans la durée certains salariés, pour qui une journée de grève pèse de manière non négligeable sur des finances pour beaucoup déjà dans le rouge. À noter la présence remarquée du corps médical qui s’est particulièrement fait entendre. Une seconde manifestation avait eu lieu à Issoudun avec 150 personnes réunies, portant à 700 le nombre de manifestants dans le département de l’Indre.

Dans le Cher, le constat est similaire avec une mobilisation moindre dans l’ensemble des cortèges (1 800 manifestants selon la préfecture), que ce soit à Bourges, à Vierzon, à Saint-Amand-Montrond ou à Saint-Florent-sur-Cher.

Relâche qu’avait anticipée l’intersyndicale en Eure-et-Loir en organisant un seul rassemblement à Chartres, laissant les irréductibles de Nogent-le-Rotrou ou encore Châteaudun à leur courage de rejoindre la préfecture pour se faire entendre. 500 volontaires sont ainsi venus peupler les rues du centre-ville ; ils attendent désormais les choix du futur gouvernement Lecornu que l’on annonce déjà comme une redite du précédent. De quoi relancer la machine ?


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