A l’appel du Mouvement Associatif*, et de façon inédite pour celles-ci, les Associations étaient mobilisées ce samedi partout en France contre les restrictions budgétaires et la complexité administrative croissante, qui fragilisent leur fonctionnement et leurs forces vives (bénévoles et salariés), risquant à terme de menacer leur survie.
Par Eric Botton
Ça ne tient plus, les associations manifestent ce 11 octobre à Orléans cl EB
A Orléans, ils étaient plus de 200 à s’être rassemblés samedi après-midi place du Martroi, même si les organisateurs auraient sans doute souhaité davantage de participation pour les soutenir et faire entendre le cri d’alarme que les associations lancent aujourd’hui.
Les associations, les plus grosses en tout cas, celles qui accomplissent des missions d’intérêt général et peuvent employer, pour certaines, un nombre important de salariés, étaient donc mobilisées samedi, confrontées à une « crise sans précédent » selon leurs propres termes : baisse des budgets, diminution des subventions (-40% au total ces 15 dernières années), suppression de dispositifs…
Face à cette situation, des besoins sociaux qui ne cessent pourtant d’augmenter (logement, alimentation, soins, lutte contre l’isolement, accès aux services essentiels…). Conséquence immédiate : l’impossibilité pour elles de répondre à toute une partie de la demande, diminution forcée de l’activité pour certaines, gel ou réduction de la masse salariale pour d’autres, avec une trésorerie la plupart du temps inférieure à 3 mois aujourd’hui, ce qui inquiète fortement les gestionnaires.
Les associations, une spécificité française
Pourtant, les Associations, une spécificité bien franco-française, jouent un rôle essentiel dans notre société. Elles représentent notamment 90% des établissements d’accueil d’enfants en situation de handicap ou des clubs sportifs, 80% des établissements d’enseignement culturel, 50% des structures d’aide à domicile ou des centres de loisirs, 40% des crèches, ou encore 30% des EHPAD.
Les participants allongés par terre pour symboliser la disparition possible des Associations
Comme le soulignait Jean-Michel Delaveau, le Président du Mouvement Associatif dans notre région : « Sommes-nous prêts à leur dire au revoir ? …» (voir le texte intégral de son intervention en fin d’article), rappelant les objectifs de la mobilisation, à savoir d’abord sensibiliser le grand public, les décideurs et les médias à la nécessité d’agir pour sauvegarder le tissu associatif, ensuite obtenir de nouveaux engagements contre la réduction des subventions et en faveur de la pérennité des financements à moyen et à long terme, enfin exiger l’augmentation au niveau de l’Etat des budgets dédiés aux associations dans le Projet de Loi de Finance 2026. Ce qui semble loin d’être gagné dans le contexte actuel de réduction des déficits auquel nous sommes confrontés.
Probable que la journée de mobilisation de samedi ne suffira pas. Jean-Michel DELAVEAU le reconnaissait d’ailleurs, en indiquant que « tous les problèmes ne seront pas résolus à la fin de la journée, il faudra aller plus loin, et en particulier saisir les candidats aux prochaines élections ». En attendant, les associations, si elles veulent subsister et poursuivre leurs missions, seront contraintes de revoir leur modèle économique, perfectionner leur gestion, travailler à la réduction de leurs charges, et sans doute aussi partir à la recherche de nouvelles ressources dans une logique marchande imposée par une réglementation européenne qui ignore le fait associatif.
*Magcentre est membre du Mouvement associatif
Intervention de Jean-Michel Delaveau 11 octobre 2025
Les associations agissent dans tous les territoires, dans toutes les sphères de la vie quotidienne. Solidarité, éducation populaire, culture, sport, santé, environnement, accompagnement des plus fragiles, les Associations sont au cœur de nos vies, au cœur de notre société, en France et à l’international. Elles donnent une voix à celles et ceux qui n’en ont pas, elles créent du lien, elles permettent l’engagement citoyen, elles rendent possible l’impossible.
Jean-Michel DELAVEAU lors de son intervention place du Martroi à Orléans
Aujourd’hui, ce rôle pour l’équilibre social et démocratique de notre pays est menacé. Entre restrictions budgétaires, complexité administrative, remise en cause de leur capacité d’interpellation, augmentation des besoins et fragilisation des bénévoles comme des salariés, une majorité de nos Associations est à bout de souffle.
Depuis plusieurs années, la situation du monde associatif se dégrade dangereusement, dans un silence assourdissant, malgré nos alertes répétées. En 15 ans, la part des subventions a baissé de 41% dans le budget des associations. Un tiers d’entre elles déclarent revoir leurs activités à la baisse pour survivre et certaines disparaissent. Cela signifie moins d’accueil, mois de prise en charge des plus fragiles, moins de cohésion sociale. […]
Cette fragilisation n’est pas seulement un problème pour le secteur associatif : elle concerne toute la société. Sans Associations, c’est une part essentielle de notre de notre démocratie et de notre capacité collective à inventer l’avenir qui disparaît. Maltraiter, ignorer, voire discréditer les Associations, c’est porter atteinte à la vie quotidienne des 67 millions de françaises et de français, et au soutien à des millions de personnes vulnérables en France et dans le monde.[…]
Soutenir les Associations, c’est s’engager pour une société et un monde plus fort et plus juste aujourd’hui et demain.
Face à cette situation, nous n’avons pas eu d’autre choix que de lancer une mobilisation sans précédent, ce 11 octobre, partout en France. Nous devons nous rassembler et agir pour sauver nos Associations. Nous appelons tous les dirigeants associatifs, les bénévoles, les usagers d’Associations, les citoyennes et citoyens, les acteurs économiques, les décideurs, à soutenir ce mouvement et à se joindre aux actions que nous menons.
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