À Montargis (15 000 habitants) après deux années de travaux d’extension de réseau, une nouvelle chaufferie entre en service. Connectée, comme l’UVE, au réseau de chaleur Montargis Energies, elle permet de chauffer près de 4 000 équivalents logements supplémentaires, tout en réduisant fortement les émissions de CO₂ et la dépendance au gaz. Un choix écologique, mais aussi économiquement durable pour la ville.
La nouvelle chaufferie de Montargis, construite à proximité de l’unité de valorisation énergétique d’Amilly, entrera pleinement en service à la mi-novembre – photo Izabel Tognarelli
Par Izabel Tognarelli.
Cette mise en service porte le mix énergétique à 87 % d’énergies renouvelables ou de récupération, un record pour une ville de cette taille. « Beaucoup de réseaux en France dépassent difficilement les 50 %, » explique Guillaume Coupeau, président de Montargis Énergies. « Ici, seuls 13 % de la production proviennent du gaz. » Cette performance permet de bénéficier d’une TVA à 5,5 % sur la facture d’énergie : « Nous tenons à ces 87 % », précise Benoît Digeon, maire LR de Montargis. « Si le prix du gaz venait à s’envoler, nous serions à l’abri de bien des ennuis ».
Le réseau s’étend désormais sur 18,3 km de canalisations (contre 8,6 km initialement) traversant la forêt puis le Loing, courant à travers le centre-ville puis jusqu’au lycée Durzy en direction de Villemandeur ; le quartier Kennedy, à Châlette et le quartier Gudin, en direction de la zone d’Antibes (Amilly). Il permet de chauffer les logements collectifs, équipements publics et bâtiments tertiaires de la ville de Montargis.
Élus et journalistes ont été invités à visiter cette nouvelle chaufferie : les mises en connexion des sous-stations ont commencé – photo Izabel Tognarelli
Un investissement pour plusieurs générations
Le projet, lancé il y a plus de dix ans, représente 20 M€, dont 6 millions pour la chaufferie à elle seule. Il bénéficie d’un soutien de l’ADEME (3,7 M€ déjà versés sur les 6,9 M€ attendus) et de certificats d’économies d’énergie : « Les services de l’ADEME doivent encore nous verser 3,2 M€ : il semble qu’il y ait des restrictions gouvernementales. Mais on ne va pas lâcher l’affaire », précise Benoît Digeon. Ce point sombre est contrebalancé par une bonne nouvelle du côté des CEE, initialement fixés à 429 000 €, ils ont été portés à 972 000 €, et versés ; soit un différentiel positif de 543 000 €. « Le reste est financé par Dalkia avec des moyens financiers à venir dans le cadre d’une délégation de service public, jusqu’en 2050. »
La chaufferie elle-même est prévue pour durer 30 à 40 ans. Quant au réseau, Guillaume Coupeau assure qu’il est conçu pour des décennies : « Parmi les réseaux de chaleur en France, il en existe qui ont 50, 60, voire 70 ans. »
Présentation du tracé du réseau de chaleur lors de la visite de la nouvelle chaufferie de Montargis. – photo Izabel Tognarelli
Les sous-stations, maillons discrets mais essentiels
Le déploiement de la nouvelle chaufferie s’accompagne d’un doublement du nombre de sous-stations, ces points stratégiques qui assurent la liaison entre le réseau principal et les bâtiments raccordés. Montargis en comptait une quarantaine : 37 nouvelles unités viennent désormais s’y ajouter, portant le total à près de 80 sous-stations. Ces équipements, fabriqués à Contres (Loir-et-Cher) et reliés au réseau de chaleur, distribuent chauffage et eau chaude sanitaire à l’intérieur des bâtiments, par l’intermédiaire d’échangeurs. Ce maillage plus dense permet d’élargir considérablement le nombre de logements, d’écoles ou d’équipements publics alimentés en chaleur renouvelable, tout en améliorant la fiabilité du système et la répartition de l’énergie sur l’ensemble de la ville.
« Près de 80 sous-stations sur un réseau comme celui-ci, c’est important », commente Guillaume Coupeau. « Au niveau des instances nationales, en l’occurrence la FEDENE, Montargis est souvent cité. En 2007, Montargis a décidé de se tourner vers le bois-énergie : vous étiez dans les tout premiers pour une installation de cette importance. »
Chaque année, cette nouvelle chaufferie évitera l’émission de 9 144 tonnes de CO₂ (jusque-là, le chiffre était d’environ 6 000), soit l’équivalent de 3 050 voitures thermiques retirées de la circulation. Les travaux ont nécessité la traversée du Loing « en souille » (tranchée creusée dans un cours d’eau) et le passage de neuf ponts (Venise-du-Gâtinais oblige…) : un bel exercice de style pour ces ingénieurs, conducteurs de travaux et compagnons. La mise en service s’effectuera progressivement jusqu’à la mi-novembre.
Plus d’infos autrement :
Salle des fêtes de Montargis, 100 ans de patrimoine vivant !