Le rocambolesque feuilleton de la gouvernance Macron ne manque pas de péripéties. Dans un contexte pourtant morose, l’épisode en cours n’est pas le moins fantaisiste, et pourrait aisément inspirer une bande dessinée. Quitte à en perdre la tête, ou à n’y voir que du bleu, autant que ce soit schtroumpfant.
Par Mag’Asine.
« Sympa, la vie de l’Assemblée nationale. À croire que les trois tiers ont oublié qu’ils étaient quatre ». Très inspirée par le spectacle des Goguettes qu’elle avait acclamé le 3 octobre à Saint-Jean-de-la-Ruelle, et saluant ainsi les 25 % d’abstentionnistes non représentés au Palais Bourbon, la tribu taupienne maniait à loisirs l’impertinence goguenarde pour commenter l’actualité. De bonne humeur, l’archiviste partageait quelques références inédites et chacune s’en donnait à cœur joie. À l’entendre, l’année 1958 aurait généré des évènements à l’influence cruciale pour notre époque.
Ainsi, disait-elle, « ce n’est pas innocent si le film Ascenseur pour l’échafaud est sorti en salle en janvier de cette année-là, neuf mois avant la proclamation de la Ve République ! Il y a des influences conceptuelles qui méritent attention ». Il fallut du temps pour comprendre que la référence dépassait la panthéonisation de Robert Badinter, qui mit la guillotine au cachot, et qu’elle concernait plutôt la vie politique. Glups ! Mais oui ! En ce mois d’octobre 2025, la Ve République vient d’avoir 67 ans, et peut faire valoir sa retraite à taux plein. On comprend mieux l’extrême agitation de certains élus avides de renvoyer dans ses foyers cette vieille boomeuse de Marianne pour la remplacer par une plus jeune et plus avenante. Quitte à ce qu’elle porte un bonnet phrygien taille 5XL couvrant sa poitrine, pour complaire aux braves gens des réseaux sociaux qui n’aiment pas qu’elle dégrafe son corsage.
En cette mi-octobre, la bataille faisait rage à l’assemblée pour tenter de censurer la deuxième version du gouvernement Lecornu, comptant trois personnalités issues de la région Centre-Val de Loire. Du jamais vu en nombre et en présence féminine qui mérite d’être salué, même si l’admission au ministère de la Santé de Stéphanie Rist, députée Renaissance du Loiret, est perçue par ses adversaires comme de l’ambulatoire plus que du suivi intensif. Il aura manqué 18 voix pour que le gouvernement soit mis en coma artificiel ce jeudi 16 octobre, mais tout peut encore arriver à court terme, au moment du vote du budget. Voilà qui allège le poids tombé sur les épaules de son suppléant, Stéphane Chouin, qui a encore trois semaines pour digérer cette amère potion, au risque en cas de refus de provoquer une élection partielle au résultat incertain.
Ailleurs, l’imprévisible président des USA à l’inventivité médiatique permanente a peu apprécié de se voir refuser le prix Nobel de la paix, ce qui fit dire à une taupinette sacrilège qu’il faudrait « créer les prix Belon pour ceux qui ont un QI d’huître ». L’anagramme ne passera pas le réveillon, et le grand enfant frustré au prénom de star de BD ne l’invitera pas en sa Maison blanche.
À propos de BD, justement, l’archiviste précisa que c’est en 1958 qu’apparut le premier album des Schtroumpfs, signé Peyo. Ces personnages tout bleu sont censés représenter symboliquement le monde des enfants face au monde des adultes. De là à considérer que le jeu politique ressemble aux ridicules conflits d’une cour de récréation, il n’y a pas loin. Mais on ne se prononcera pas sur qui pourrait incarner le Schtroumpf grognon, la Schtroumpfette, ou Gargamel…
Crédit image : Perchoir de l’assemblée nationale ©Assemblée nationale
