Les Rockomotives de Vendôme : un festival engagé et éthique

Le festival Les Rockomotives de Vendôme se tiendra du 25 octobre au 1er novembre 2025. Cette année marquera la 34e édition du festival, avec des têtes d’affiche telles que Yann Tiersen le 31 octobre et Kompromat le 1er novembre. Richard Gauvin en est, depuis 1994, le programmateur historique et a fait des Rockomotives un rendez-vous incontournable. Visite guidée en sa compagnie, au cœur d’un festival à la forte identité, éthique et engagé.

Richard Gauvin au coeur du festival – crédit Alysea Roze


Par Olivier Joriot.


L’aventure, commencée en 1992, porte des convictions fortes comme la lutte contre l’entre-soi, le respect de la mission de service public, et la volonté de faire vivre la culture tout en respectant au mieux le public et les artistes. « Une lutte contre tout ce qui se passe au niveau des musiques actuelles en ce moment et tous ces événements fake et business », assène Richard Gauvin. Le Vendômois est une terre d’accueil qui draine artistes et anonymes en quête d’un cadre de vie serein. Le programmateur des Rockomotives constate que le public a besoin d’un retour à des événements à taille humaine au niveau de l’accueil, du son, de la nourriture, en respectant les tirelires de chacun. « On n’est pas là pour faire du cash, on s’interdit d’avoir un espace VIP, on déteste ça et on n’a jamais vendu autant de billets », constate Richard Gauvin.

Les Rockomotives s’ancrent sur un modèle qui détonne dans le paysage des festivals hexagonaux et a choisi le parti-pris de casser les codes en ouvrant la tête et le cerveau du public qui vient peut-être pour un artiste particulier, mais qui va découvrir, durant une soirée, 4 à 5 autres artistes aux couleurs musicales différentes. La soirée du 30 octobre en est un bel exemple où le rap d’Odezenne côtoiera le post-rock de Keg ou encore la dream pop de Bryan’s Magic Tears.

Avoir le respect d’un certain milieu de la musique, d’un milieu artisanal où tous les artistes sont payés est une ligne à ne pas dépasser pour Richard Gauvin. « Il y a des festivals de marché qui proposent de mettre en avant des artistes contre un jambon-beurre et on ne veut pas jouer à ça ».

Plus d’un lieu dans son sac

Les Rockomotives est un exemple de festival en bonne santé budgétaire. Une toute petite équipe de « trois personnes et demie », avec comme priorité le public et les artistes, est à pied d’œuvre pour dessiner un festival dont ils sont les outils. Même si le gros du festival se déroule en centre-ville, d’autres lieux accueillent une partie de la programmation. C’est le cas des Roches-l’Évêque, village de 300 âmes déjà rompu aux projets culturels expérimentaux et où se produiront Tatiana Paris, Dièze, Quentin Rollet et Jérôme Lorichon.

La soirée d’ouverture aura traditionnellement lieu à la chapelle Saint-Jacques. Cela dure depuis 1996, et la venue d’un certain Yann Tiersen, dont il se murmure que les Rocko’ serait son festival préféré ! La chapelle est utilisée pour des concerts acoustiques, avec un public assis, les vendredis et samedis après-midi. Elle fait partie de l’histoire du festival et a vu défiler des artistes comme Bonnie Prince Billy ou Patrick Watson. Le Minotaure, la plus grande salle, est calibrée (1 200 places environ) pour des « choses plus grosses ». « J’adore construire le puzzle du festival en fonction des lieux, je n’ai surtout pas envie de me planter », avoue le programmateur.

Au fil des années, l’équipe des Rocko’ a façonné un festival enraciné dans son territoire, ouvert sur l’extérieur. De même, le dénominateur commun à tous ces artistes programmés est de maîtriser leur art et leur image de A à Z. « Les artistes des Rocko’ ne sont pas des marionnettes de leur maison de disques. Il n’y a pas de surdopage marketing chez nous », précise Richard Gauvin.

Kompromat clôturera les Rocko’ le 1er novembre – crédit Maxime Ballesteros

« On ne boursicote pas sur le dos des artistes »

Avec 50% de spectateurs du Grand Vendômois, 30% de la région et 20% du reste de la France, le bouche-à-oreille fonctionne bien et le public est nombreux et fidèle. Participer aux Rockomotives peut devenir une petite drogue pour certains festivaliers.

Au-delà de la programmation, l’atmosphère y est festive et bienveillante. Les partenaires, dont l’agglo du territoire vendômois ont compris les retombées économiques en termes d’hébergement et d’image. En proposant la gratuité lors de la première soirée, des prix libres sur d’autres concerts et des grosses soirées à 5 groupes pour 25 euros, le festival est bien positionné tarifairement parlant. Les organisateurs tiennent à ne pas culpabiliser ni exclure certaines personnes qui ont de petits moyens. « On ne fait pas de prix différents selon les soirées. C’est uniforme, on ne boursicote pas sur le dos des artistes. »

Le festival mobilise 20 techniciens, 80 bénévoles et les salariés. Des stands traitant des risques en milieu festif, de la violence faite aux femmes complètent l’offre. Un salon des labels d’artistes de la région (Figures Libres Records, Zam Zam Records, Un je-ne-sais-quoi, Prohibited Records…) permet aux festivaliers de repartir avec le CD ou vinyle des artistes.

Et la prog’ alors ?

Si Kompromat, Yann Tiersen et Odezenne seront les « têtes d’affiche » de cette édition, Richard Gauvin conseille fortement d’aller aussi écouter l’artiste anglo-allemande Anika et le groupe polonais Coals au gros potentiel. Côté clin d’œil, les Rocko’ fêteront le retour en France, après 20 ans d’absence, du groupe britannique Boo Radleys, dont l’album Giant Steps fut élu meilleur album de l’année 1993 par les Inrocks et le New Musical Express outre-Manche. 20 ans qu’ils n’ont pas tourné en France !

Richard Gauvin est ému d’accueillir son groupe de cœur, Montgomery (car il les a accompagnés artistiquement). Même s’ils n’ont pas joué depuis 13 ans, le groupe a toujours un public. « Leur deuxième album, Stromboli, est pour moi l’album parfait de pop rock alternatif chanté en français ». S’il devait ne rester qu’un moment mémorable des 34 éditions des Rocko’, Richard Gauvin coche tout de suite la venue de The Notwist, de Munich, en 2014 devant un public abasourdi, un groupe qu’il aimerait d’ailleurs de nouveau programmer en 2026.

Mais on comprend bien qu’au-delà de la musique, ce sont les rencontres entre artistes et le public qui font la réputation des Rockomotives, mais pas que, aux dires du programmateur. Selon lui, il est drôle de constater que bon nombre de couples se forment sur cet événement ! « On adorerait faire un bouquin là-dessus d’ailleurs ! », plaisante-t-il.

l'artiste Anika
Anika au Minotaure le 31 octobre – crédit Nastya Platinova

Des projets pour 2026 ?

Richard Gauvin n’a rien d’écrit pour l’édition 2026. Il souhaite cependant profiter de cette édition 2025 pour poser la question à un large panel de festivaliers, de tous les âges, afin d’imaginer une édition qui leur appartiendrait. Le programmateur historique des Rockomotives regrette que la mission de service public soit parfois floue chez certains de ses collègues. « On n’est pas là pour répondre à la demande sur tout et n’importe quoi. Bien sûr, c’est le rôle du programmateur d’étudier les propositions. Il faut qu’il y ait des choses identifiées par le public, mais il faut regarder comment elles ont été identifiées. »

On l’aura compris, faire au mieux en défendant l’artisanat est le leitmotiv de l’équipe des Rockomotives de Vendôme. Un festival à l’approche singulière, à taille humaine, qui parvient à concilier exigence et popularité, ambiance festive et approche ludique. À vous maintenant d’y goûter sans modération du 25 octobre au 1er novembre.

Demandez le programme !
www.rockomotives.com/rockomotives


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