La conférence-débat – Effondrement des médias mainstreams, Vive les médias indépendants – qu’on pourrait relier à la libération de l’information interroge à l’aulne des associations partenaires et des dits médias associés. Sous couvert de la liberté d’expression, une large place est faite à des théories aussi étranges que fumeuses. C’est la troisième fois qu’un rendez-vous proposé par l’association Cher Atout Cœur interpelle.
De nouveaux « médias » qui se présentent comme « libres » et « indépendants » pullulent sur le net. ©Unsplash
Par Fabrice Simoes.
L’association Cher Atout Cœur n’est décidément pas avare de polémiques. Après les controversées « Rencontres Citoyennes Internationales autour des effets indésirables du Covid long… et des vaccins » en février 2024, puis renouvelées le 1er février dernier, l’association berrichonne organise, dans une dizaine de jours, au Centre des congrès de Vierzon, une conférence-débat intitulée « Effondrement des médias mainstreams, Vive les médias indépendants ».
A priori le libellé évoquerait la montée en puissance de nouveaux médias face aux gros pourvoyeurs d’infos classiques. Des médias de masse en voie de disparition comme peuvent l’être le rhinopithèque de Yunnan ou le protée anguillard. Dans la deuxième ville du Cher, on ne manquera pas d’évoquer les nouveaux moyens de diffusion, les nouvelles idées, les nouvelles ouvertures sur le monde d’hier, d’aujourd’hui et de demain si les Illuminatis ne viennent pas récupérer avant tout ce qu’ils nous auraient donné. Au regard de la mainmise de plusieurs milliardaires sur les organes d’informations classiques, et de leurs influences personnelles dans les différentes lignes éditoriales, cela peut presque sembler être une approche positive. En apparence seulement…
Sous le vernis on ne trouve pas la mer
Si on gratte un peu le vernis, on se rend vite compte que, sous couvert de « promouvoir et soutenir les acteurs d’une activité locale et citoyenne dans les domaines de la culture, de l’éducation, de la justice, de la santé », objet officiel de l’association berrichonne, celle-ci fait la courte échelle à des partenaires en mal de visibilité mais surtout quelque peu déconnectés de la réalité. Et toujours en partenariat avec l’association loirétaine Aventurine « basée à Briare qui soutient les personnels suspendus et défend les libertés fondamentales », déjà partenaire lors des 2es rencontres citoyennes internationales. Dans ce contexte, ce troisième rendez-vous ne pouvait pas échapper à la controverse.
Selon Nicolas Bouvier, l’un de ces invités indépendants, « auteur engagé contre le harcèlement scolaire, apartisan, asyndical, n’appartenant à aucune association ni réseau hermétique (FM, Rotary Club, Lions Club, etc) » et au « casier judiciaire vierge », l’événement sera même retransmis, en direct et en simultané sur les réseaux sociaux. La bonne parole, ce n’est pas seulement en présentiel, c’est aussi et surtout sur la toile.
On devrait ainsi retrouver Stéphanie Reynaud créatrice de Tribune Libre, Mike Borowski de Géopolitique Profonde, Romain de Nexus, Kate TV, Au bon touite Français, complotiste assumé, et Michel Caulea de Bam press, spécialiste des effets des vaccins Covid. Autant de chaînes YouTube, de médias blogs, de journalistes citoyens plus citoyen que journaliste réunis dans un même endroit, ce serait quasiment attendrissant sauf que, pour la plupart, la ligne éditoriale est largement tendancieuse. Parce que, sous couvert d’informations ouvertes au grand public, on mélange les genres. Nexus, par exemple, est enregistré au registre de la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP), comme Fakir, Mediapart ou Charlie Hebdo, autres médias indépendants, comme Magcentre d’ailleurs, mais cordialement pas invités au rendez-vous vierzonnais, tous ne le sont pas. Même si l’AFIS (Association française pour l’information scientifique) qualifie Nexus de « magazine de désinformation et d’apologie sectaire », et même si ses colonnes ont été largement ouvertes aux complotistes médicaux, il n’en est donc pas moins officiellement un média déclaré comme tel. Décidément ce n’est vraiment pas facile d’être un média indépendant.
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