Sécheresse, augmentation des températures, tempête, restriction d’eau, perte de la biodiversité… Face au changement climatique, les propriétaires de jardin constatent régulièrement l’impact du climat sur leurs plantations extérieures. Pour autant, sont-ils prêts à faire évoluer leurs achats ? Réponse à l’heure des plantations automnales.
D’après l’étude Kantar-Valhor, les acheteurs envisagent d’acheter des végétaux résistants à la sécheresse et respectueux de la biodiversité. Ici aménagement d’un massif méditerranéen. Photo Torsanlorenzo
Par Estelle Boutheloup.
Plus de sécheresses et de canicules, moins de réussite dans les plantations, davantage de tempêtes et d’inondations, plus de maladies, une faune moins diversifiée… Pour 87 % des acheteurs de végétaux, le changement climatique a déjà impacté leurs espaces extérieurs. C’est ce que révèle une récente étude menée par Kantar et Valhor, l’Interprofession française de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage. Que faire alors pour limiter la casse ? Si 36 % avouent avoir réduit leurs achats ces dernières années, 61 % les ont, en revanche, maintenus voire augmentés mais en favorisant notamment la plantation d’arbres au détriment des végétaux d’ornement. « Plus de la moitié des sondés hésitent à acheter de peur que les végétaux ne demandent trop d’arrosage ou qu’ils crèvent », explique Daniele Schinaia, directeur d’études, Kantar Insights. Alors que choisir ? Sans sacrifier au côté esthétique des plantes et à la facilité d’entretien, l’étude montre que les acheteurs envisagent de se tourner prioritairement à l’avenir vers des végétaux résistants à la sécheresse et respectueux de la biodiversité, et vers des conditions de culture et des productions locales.
Des réflexes d’achats qui changent. C’est ce que constate Jean-Charles Bertrant, gérant de Torsanlorenzo, pépinière de plantes méditerranéennes pour professionnels et particuliers à Saint-Cyr-en-Val dans le Loiret. « La tendance nous montre que nous allons vers davantage de jardins arides et méditerranéens, des jardins plus sobres avec moins de plantes et de massifs. » Le but ? « Économiser l’eau et du temps : moins de plants c’est moins d’entretien. Les massifs arbustifs demandent un arrosage quotidien l’été, alors que les plantes méditerranéennes – palmiers, oliviers, agaves, yuccas, cordyline, phormium, romarin lavande, graminées couvre-sol… – c’est seulement deux fois par semaine. » Plantations que viennent compléter le paillage minéral et les géotextiles qui retiennent l’eau et empêchent l’herbe de pousser.
Mieux accompagner les clients dans leur choix
Ainsi, le changement climatique nous oblige à repenser nos jardins. Pourtant, moins d’un acheteur de végétaux sur dix y réfléchit vraiment au moment de son achat, poursuit l’étude. « Un frein persiste », souligne le directeur d’études. « 58 % des consommateurs ne se sentent pas assez accompagnés et réclament davantage d’information sur les végétaux climat-compatibles : origine géographique des végétaux, consommation d’eau, préservation de la biodiversité, saison, résistance à la sécheresse… Il faut que la filière réagisse. »
Malgré l’augmentation des températures et des sécheresses, les consommateurs restent attachés à la présence du gazon dans leurs jardins. Photo Espace Gazon.
Installée à Dangeau, dans l’Eure-et-Loir au nord de Châteaudun, la famille Hénault produit du gazon en rouleau depuis 32 ans. Symbole des jardins, le gazon reste l’un des arrosages les plus importants avec 10 à 20 litres d’eau environ par m², renseigne le semencier Vilmorin. Pourtant, même à l’heure de l’augmentation des températures, le gazon reste plébiscité dans les jardins. « Le comportement n’évolue pas beaucoup par rapport à la sécheresse, les gens s’en moquent un peu, ils ne paraissent pas très sensibles », remarque Marc Hénault, gérant d’Espace Gazon. « Quand je demande aux clients ce qu’ils préfèrent : un mélange classique ou un mélange plus grossier mais qui va mieux résister à la sécheresse, ils veulent un mélange fin et optent pour l’esthétique. » Soucieux de s’adapter aux évolutions du climat, dès le départ les frères Hénault ont produit un mélange de graminées adapté à celui de la région Centre-Val de Loire avec du ray-grass, du pâturin des prés et de la fétuque rouge demi-traçante, résistant aux hivers humides et aux froids, et un gazon naturel pour zones sèches. « Mon marchand de semences m’a dit de ne pas changer. Les espèces résistantes à la sécheresse sont faites pour les régions méridionales. Ici on a des gelées tardives, de la pluie et du froid… »
Si les surfaces de gazon ont tendance à diminuer, confie le producteur, ce n’est pas pour une question d’économie : « Les gens considèrent qu’ils ne consomment pas énormément d’eau, ils font attention. Si elles diminuent, c’est au profit de plus grandes terrasses et de massifs de vivaces et de graminées pour avoir moins à entretenir et à tondre. Ils conservent un beau gazon soigné autour de la maison et de leur terrasse et laissent plus loin une zone naturelle plus rustique. » Quoi qu’il en soit, petites ou grandes surfaces, le gazon reste un choix écologique puisqu’il contribue à rafraîchir l’atmosphère : « 60 à 70 % des pluies d’été dans le monde proviennent de l’évaporation des végétaux, dont 25 % des plantes rases. Grâce à la transpiration, le gazon contribue ainsi à la régulation du climat en développant des petites pluies d’été sous nos latitudes », précise Marc Hénault.
Photo de Une : Aménagement d’un jardin méditerranéen Torsanlorenzo
Rubrique parrainée par CODIFRANCE