Antoine Béal, donateur bien connu des milieux muséaux, met à la disposition du public sa collection de tableaux et dessins, révélée pour la première fois dans son intégralité et présentée au musée d’Orléans jusqu’au 29 mars 2026. Retour sur une visite en compagnie de l’esthète passionné de peinture et de culture.

Antoine Béal devant l’affiche de l’exposition, qui représente « L’Obole de la veuve » de Navez, en donation au MBA. Photo AC Chapuis
Par Anne-Cécile Chapuis.
Le contact est direct et l’on sent d’emblée la connivence établie avec Olivia Voisin, directrice des musées d’Orléans, qui partage les goûts d’Antoine Béal en matière de peinture, et ne cache pas son intérêt à présenter une collection unique en son genre. En effet, intitulée à juste titre « L’Art de transmettre » et hormis le fait qu’elle renoue avec les origines du musée orléanais créé en 1825 avec les dons des collectionneurs locaux, cette exposition ouvre les portes de l’appartement d’Antoine Béal et offre un regard inédit sur ses 60 tableaux exceptionnellement accessibles au public.

Antoine Béal et ses céramiques islamiques. Photo AC Chapuis
Dons sous réserve d’usufruit
Antoine Béal a toujours eu une âme de collectionneur. Très tôt il s’intéresse à l’art et en particulier aux musées. Avec ses premiers salaires de juge administratif, il acquiert des « coups de cœur », et développe un patrimoine qui aujourd’hui occupe tout son appartement parisien de 90 m². Soucieux de partager et parfois de combler un manque qu’il observe en fréquentant assidûment les musées, il opte pour une formule de don « sous réserve d’usufruit » : le tableau appartient au musée destinataire mais il reste chez le propriétaire jusqu’à la date de son choix. Associée à des avantages fiscaux pour le donataire, la formule permet d’enrichir les collections et de préserver des œuvres d’une détérioration ou d’une disparition.

De grandes photos donnent une idée de l’appartement du collectionneur. Photo AC Chapuis
Une prédilection pour la peinture romantique
Antoine Béal a commencé sa collection dans les années 80 par des dessins « abordables avec mes jobs d’étudiant » puis il flashe sur les céramiques islamiques antiques, avant d’acquérir ses premiers tableaux. Ses acquisitions se développent sur fond de passion. « J’aime la peinture élaborée, bien léchée, celle des couleurs et des velours, celle qui rend serein avec calme et volupté ». Son parcours fourmille d’anecdotes, de rencontres, d’opportunités, comme le signent souvent les œuvres qu’il déniche. Les grands formats côtoient les petits tableaux, avec deux grands versants allant du XVIIe au XIXe siècle
Ainsi sont visibles des tableaux de Jacques Stella (1596-1657), Pierre Subleyras (1699-1749), Claudius Jacquand (1803-1878), Henri Lehmann (1814-1882)… pour ne citer que quelques-unes des 60 œuvres de l’exposition.

Avec Olivia Voisin devant « Le Jeune Gaston dit l’Ange de Foix » de Claudius Jacquand. Photo AC Chapuis
Une donation au Musée d’Orléans
Parmi les tableaux, l’un est en donation sous réserve d’usufruit au musée d’Orléans. « Ce sont les œuvres qui nous choisissent, pas l’inverse », assure Olivia Voisin. « L’Obole de la veuve » de François-Joseph Navez (1787-1869) avait été exposée à Orléans en 1836, avant de disparaître. Elle refait surface à Drouot, Antoine Béal l’achète et l’offre au musée d’Orléans… la boucle est bouclée !
Cette exposition permet d’entrer dans les arcanes des collections qui, émaillées de péripéties, renseignent sur l’histoire de l’art et des musées qui « nous rendent tous égaux face à la connaissance ».
Pratique :
« L’Art de transmettre » au musée des Beaux-arts – Place Sainte-Croix, Orléans du 15 novembre 2025 au 29 mars 2026
du mardi au vendredi de 10h à 18h ; le dimanche de 13h à 18h
Tarif plein : 8€ – tarif réduit : 4€
Entrée libre le premier dimanche du mois
www.museesorleans.fr
Plus d’infos autrement :
Les œuvres sur papier de Pierre Buraglio au musée des Beaux-Arts d’Orléans