Le Black Friday permet tout, ou presque. Sans attendre l’annonce présidentielle, les centres de recrutement s’activent, tels celui de Châteauroux, inauguré le 1er décembre prochain. Quitte à brader les prix pour former de futures gueules cassées.
Par Mag’Asine.
« Le vendredi noir, chez nous, c’est tous les jours, et sans faire de promotion ». Toutes échauffées, la cantinière de la tribu taupienne et sa comparse chargée de l’intendance faisaient assaut d’humour noir pour commenter l’actualité de la semaine. Dans un amalgame douteux assumé au garde à vous, elles trouvaient drôle que l’annonce de l’ouverture à plein temps du CIRFA de Châteauroux le lundi 1er décembre se fasse la même semaine que la vente aux enchères dans le Cher du matériel de l’ancien abattoir de Saint-Amand-Montrond, fermé cet été. Une opération réussie qui laisse l’espoir d’une reprise d’activité par les employés, mais qui sonne bizarrement peu après la tenue du 106e congrès de l’association des maires de France où le chef d’état-major des armées invita l’assemblée à être prêts à perdre leurs enfants. L’un de ses vice-présidents, André Laignel, maire d’Issoudun (36), en fut tout désarmé, bien qu’averti d’une annonce présidentielle d’un retour en mode réduit du service militaire.
Dans ce contexte, il fallut toute l’autorité de la doyenne pour ramener un peu de calme dans les rangs et remobiliser ses troupes. Les plus jeunes déclaraient même qu’après tout, jouer à la Game Boy ou commander un drone, c’est presque pareil, et qu’après avoir gagné tous les échelons à Tomb Raider, elles étaient parées pour affronter n’importe qui, même des adorateurs de vodka. À l’opposé, les plus anciennes, qui avaient encore en tête les affres des guerres de tranchées décrites par le Loirétain Maurice Genevoix, durent hausser le ton pour calmer leurs ardeurs, et les inviter à ne pas tenter l’essai. Plus rebelles, et moins fans d’afficher les couleurs du RCO à prix réduit, d’aucunes sifflotaient en douce un vieil air de Boris Vian et avouaient même avoir applaudi la tribune publiée dans Marianne revalorisant l’universalisme et l’humanisme des lumières. Quitte à se faire traiter de boomeuses génératrices de tous les maux d’aujourd’hui. À la guerre comme la guerre, disaient-elles.
Heureusement, ce sont des cousins venus du Zoo de Beauval, des enfants des rats-taupes accueillis à la fosse aux lions en 2017, qui apportèrent un peu de fraîcheur aux débats, en même temps que l’annonce des promos du Black Friday. Partis après avoir salué le retour au pays ce mardi de leurs amis les pandas géants, ils se félicitaient de l’arrivée en 2027 de quelques dizaines de dauphins, dans pas moins de sept bassins.
Ce dernier propos raviva derechef l’impertinence des plus jeunes, qui notaient que pour 2027, année des élections présidentielles, il y avait déjà pas mal de dauphins qui s’ébattaient dans le marigot politique pour prendre la place du tenant du titre. Et qu’ils n’avaient pas attendu le Black Friday pour brader parfois leurs convictions au profit de quelques opportunités aussi martiales que lucratives.