Annoncé en grande pompe par la FFF, le nouveau Fonds d’aide au football amateur (FAFA) promet un demi-milliard d’euros sur cinq ans pour redonner de l’air aux clubs amateurs. Une enveloppe record en apparence, qui questionne pourtant la réalité de l’effort consenti et la capacité de la Fédération à tenir ses ambitions.
Philippe Diallo, président de la Fédération Française de Foot présente son plan pour le football amateur. Crédit photo : Icon Sport / FFF
Par Philippe Voisin.
Philippe Diallo, le président de la Fédération Française de Football a réussi sa communication : l’ensemble de la presse nationale spécialisée salue le plan de développement du football amateur révélé le 22 novembre dernier, et qui s’élève à 550 M€ pour les cinq prochaines années. Philippe Diallo vante ainsi « une méthode inédite fondée sur la concertation et la co-construction avec les acteurs du football amateur », méthode que nous avons contestée dans l’état des lieux paru le 16 novembre dans ces colonnes. Mais il faut reconnaître que la situation critique que nous avions décrite semble avoir été identifiée.
Une dotation record pour un projet inédit ?
C’est une annonce en trompe-l’œil ! Chaque année, la Fédération attribue le tiers de son budget pour le football amateur. Dans le plan annoncé, l’enveloppe globale annuelle consacrée au FAFA passera progressivement de 106 M€ cette saison à 151 M€ en 2028-2029. L’augmentation des moyens attribués au football amateur s’élèvera donc en moyenne à 17,5 M€ par an.
Ce sont, il est vrai, des sommes considérables, qu’il faut cependant relativiser en observant les pratiques financières du milieu. Les partenariats conclus avec des grandes marques ont rapporté à la Fédération 130,3 millions d’euros en 2023 et les droits TV, 58 M€. Ces sommes peuvent être réévaluées régulièrement. Le contrat avec « Nike » a été renouvelé pour la période 2026-2034 et pèsera dorénavant 100 M€ par an. Le plan Diallo reste donc modeste.
Le football féminin, priorité nationale : objectif 500 000 licenciées
Pour autant, la FFF présente ce projet comme une stratégie structurante et inédite, appuyée par des engagements censés répondre directement aux besoins du monde amateur. L’institution évoque même « des mesures très concrètes avec un objectif commun : agir au plus près des clubs et soutenir l’ensemble des territoires, y compris ultramarins, dans leurs spécificités. »
Ceux qui investiront dans le développement du football féminin, par exemple, verront leur accompagnement renforcé. L’annonce intervient six ans après le virage manqué de la FFF suite à l’organisation de la Coupe du monde féminine sur le sol français, sur laquelle la fédération espérait capitaliser pour accélérer fortement le développement sur cette décennie. Six ans plus tard, le foot féminin constitue désormais « l’un des enjeux majeurs » de la Fédération qui affiche une ambition forte : atteindre 500 000 licenciées d’ici 2028, soit « un doublement du nombre de pratiquantes en quatre ans ». Pour la FFF, cela passe par une stratégie présentée comme globale : lever les obstacles à la pratique, accompagner les clubs qui s’engagent et « valoriser l’ensemble des parcours féminins ». Un défi qui s’annonce corsé alors que les sections féminines sont les premières sacrifiées par les clubs en difficulté, comme l’US Orléans cette saison.
Dans cette logique, la FFF a inscrit un engagement spécifique dans son plan : 25 % des moyens du FAFA seront fléchés vers le développement du football féminin, volume représentant 16,8 M€ pour la période 2026-2028.
La fédération promet aussi un rééquilibrage des dotations de l’équipementier. L’enveloppe attribuée aux ligues et aux districts atteindra tout juste 3,8 millions d’euros, soit 800 000 € d’augmentation.
L’enveloppe traditionnelle dédiée à l’emploi, la formation, les équipements et le transport sera doublée, passant de 14,5 M€ à 27 M€. Une attention particulière sera portée à la formation des encadrants, notamment pour les équipes de jeunes, les écoles de football et la pratique féminine, à travers le renforcement des dispositifs de bons et de bourses de formation, une urgence pour les dirigeants de la base.
Enfin, chaque club pourra bénéficier d’une aide directe sous la forme d’un bon d’achat avec l’objectif de soutenir 12 000 clubs sur les trois prochaines années : soit 500 € par club ! Du ruissellement au goutte-à-goutte.
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