Razia Afzali, boxeuse thaï née en Afghanistan, est récemment arrivée à Paris. D’un niveau sportif prometteur, elle a déjà été repérée par le club de boxe d’Aubervilliers. Cependant, n’ayant toujours pas été reconnue comme réfugiée, sa situation reste précaire nous explique Patrick Communal, ancien avocat du Barreau d’Orléans, qui suit son parcours de réfugiée et de sportive.
Razia Afzali est l’héroïne du documentaire Maydegol de Sarvnaz Alambeigi.
Par Jeanne Beaudoin.
Razia Afzali projetait tout d’abord de se rendre aux États-Unis, mais l’élection de Trump l’en a empêchée. Bloquée au Kenya, elle s’est également vue refuser son visa pour la France. Mais, grâce à l’aide de Patrick Communal, agréé par l’association L’Auberge des migrants à Calais ainsi que celle de son fils, coach sportif de l’équipe des réfugiés aux Jeux olympiques de Paris, elle est arrivée en France le 3 octobre 2025. Cette arrivée offrit à ses deux appuis l’opportunité de « solliciter des personnalités rencontrées lors d’une réception au Club France pendant les JO de Paris, ce qui a permis de décrocher un visa d’asile délivré par l’ambassade de France à Nairobi », explique Patrick Communal.
De l’Afghanistan à l’Iran : Razia Afzali est l’héroïne du documentaire de Sarvnaz Alambeigi
Alors que Razia Afzali n’avait que trois ans, elle quitte avec sa famille l’Afghanistan, contrainte de partir se réfugier en Iran à cause de la guerre, mais aussi parce que la famille, appartenant à l’ethnie hazara, subissait d’importantes discriminations. Malgré des conditions de vie difficiles en Iran, un père violent et son travail à l’usine, au verger, ou comme femme de ménage, elle se passionne pour la boxe muay-thaï et parvient à obtenir sa ceinture noire dès ses 19 ans.
Sa singularité et ses prouesses en boxe inspirent la réalisatrice iranienne Sarvnaz Alambeigi dans son documentaire Maydegol, récompensé au festival de Berlin. Maydegol, c’est aussi le deuxième prénom de Razia, choisi par sa mère, qui signifie « fleur brisée », un prénom lourd de signification. Dans ce documentaire, Razia affiche une véritable force de caractère et une détermination à toute épreuve. « Tous ceux qui nous donnent de mauvaises vibrations, qui ne croient pas en nous, en notre capacité à accomplir nos rêves, on doit s’en débarrasser », dit-elle.
Razia Afzali à son arrivée en région parisienne. Crédit : Patrick Communal.
Ne pouvant intégrer l’équipe nationale iranienne, Razia Afzali décide de poursuivre sa route
Bien que Razia Afzali obtienne d’excellents résultats dans sa discipline, elle « ne peut pas intégrer l’équipe nationale iranienne en raison de son statut d’Afghane en exil », explique Patrick Communal. Alors qu’elle se retrouvait bloquée au Kenya après avoir vu son visa pour les États-Unis refusé, elle ne pouvait pas non plus « envisager de rentrer en Iran », le pays procédant à « une expulsion massive des Afghans sans papiers ». Elle parvient finalement à venir en France.
Depuis son arrivée en région parisienne, Razia est logée par l’OFII (Office français de l’Immigration et de l’Intégration) dans une chambre sordide à Champigny-sur-Marne avec une autre réfugiée. « Les murs sont noircis par l’humidité, la salle de bain est détériorée et sans lumière, les cafards pullulent, les boiseries sont attaquées par les termites », explique Patrick Communal.
Une cagnotte pour réaliser son rêve
Elle a déjà pu contacter un club de boxe à Aubervilliers, qui a manifesté son intérêt pour la recruter après l’avoir observée pendant deux jours à l’entraînement. Cependant, « Razia n’a pas d’argent disponible, le club au nord de Paris implique des frais de transports en commun, il faut payer une adhésion pour rémunérer les entraîneurs et bien entendu un équipement complet de boxe », poursuit-il. Pour l’aider à payer ces frais et à réaliser son rêve de rejoindre une équipe olympique de réfugié·es, une cagnotte a été ouverte dont le lien se trouve juste ici.
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