Le 9 décembre 2025 est le 120ᵉ anniversaire de la loi de séparation des Églises et de l’État. Ce texte établit le principe républicain qui protège la liberté de penser de chacun et oblige la neutralité de l’État et de tous ses représentants. Jaurès a démontré que sans Laïcité, il n’y a pas de Démocratie. Il ne doit pas être oublié dans cette commémoration.
Jean Jaurès à Montevideo en Uruguay (1911). (Domaine public)
Par Jean-Paul Briand.
Dès le début de son engagement, Jaurès a ancré la Laïcité au cœur de son action politique. Bien avant la loi de séparation des Églises et de l’État, préparée par Aristide Briand et votée fin 1905, Jean Jaurès défendait déjà, avec son exceptionnel talent d’orateur, le principe de la Laïcité.
« Démocratie et Laïcité sont deux termes identiques »
Le 30 juillet 1904, lors d’un discours dans son ancienne école de Castres pour la remise des prix de fin d’année, il démontre, plus d’un an avant la loi, le lien qui unit Démocratie et Laïcité. La Démocratie, c’est l’égalité des droits pour tous. La Laïcité « assure l’entière et nécessaire liberté de toutes les consciences, de toutes les croyances, de tous les cultes », déclare Jaurès dans son discours de Castres. Il ajoute que la Démocratie « ne demande pas au citoyen, quand il veut faire, pour sa part, acte de souveraineté et déposer son bulletin dans l’urne, quel est son culte et s’il en a un ». C’est limpide : « Démocratie et Laïcité sont deux termes identiques », peut affirmer Jaurès.
La construction du principe Laïcité n’est pas finie
La Laïcité n’a pas de définition définitive stricte car c’est un principe qui se structure au fil de l’histoire de la France :
- selon l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 qui affirme « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi » ;
- par la Constitution de 1791 qui permet à chacun « d’exercer le culte religieux auquel il est attaché » ;
- et enfin par la loi du 9 décembre 1905 qui établit la liberté de croire, de ne pas croire ou de ne plus croire, la neutralité de l’État et que « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ».
La construction du principe de Laïcité n’est pas finie. C’est pourquoi d’autres textes le précisent. Jaurès souhaitait que la Laïcité s’exerçât pleinement à l’École afin de solidifier la Démocratie. Dans son discours de Castres, il propose : « C’est sur des bases laïques que la démocratie doit constituer l’éducation. La démocratie a le devoir d’éduquer l’enfance ». Il est convaincu « qu’à la longue, après bien des résistances et des anathèmes, cette laïcité complète, loyale, de tout l’enseignement sera acceptée par tous les citoyens ». Ce n’est toujours pas le cas même si des textes essayent de défendre la Laïcité dans l’enseignement public.
Défendre la Laïcité, c’est sauvegarder la Démocratie
Les débats sur la Laïcité ne sont pas clos. Ses partisans s’opposent. Certains revendiquent une Laïcité « fermée », d’autres une Laïcité « ouverte ». Des mécréants et des croyants manipulent la Laïcité avec des arrière-pensées xénophobes ou électoralistes. Pire, au nom de leur croyance et du rejet haineux de la Laïcité, des fanatiques tuent.
Depuis la loi du 24 août 2021, le 9 décembre est officiellement la Journée nationale de la Laïcité. Jean Jaurès est indissociable de cette loi pour laquelle il affirmait « la loi de séparation n’est pas la victoire d’un groupe sur d’autres groupes, mais l’œuvre commune et l’honneur commun de tous les Républicains ». Défendre la Laïcité c’est sauvegarder la Démocratie.
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