Peut-être victimes du réchauffement climatique, quelques esprits féminins se sont embrasés début décembre, déclenchant d’incandescentes polémiques. À croire que les émules de Marianne se chauffent aux réseaux sociaux.
Rassemblement devant la mairie d’Orléans à l’initiative du collectif féministe 45. Photo Magcentre
Par Mag’Asine.
« Si ça continue, les Sales connes vont suivre les pas des Enfoirés ». Les plus jeunes de la tribu taupienne ne cachaient pas leur excitation en début de semaine, en résonance avec l’actualité médiatique. Se déclarant solidaires du tout récent mouvement de soutien aux militantes de Nous Toutes relayé sur les réseaux sociaux par quelques personnalités (dont l’actrice giennoise Anouchka Delon), les plus virulentes n’avaient pas de mots assez durs pour fustiger leurs consœurs béates devant l’élection de Miss France. Et ces dernières, qui se préparaient gentiment à suivre de près dimanche 14 décembre la venue de la nouvelle élue à Cap Saran, au nord d’Orléans, étaient plutôt marries de la polémique qui s’ensuivit après les propos relayés sur le web de deux candidates recalées. Entre « Sales connes » et « grosses p*tes », le vocabulaire de ces dames défrayait la chronique, créant une ambiance incongrue que seuls quelques complotistes mal éclairés auraient pu attribuer à la pleine lune précédente.
« De Brigitte Macron aux prétendantes de Miss France, les insultes se sont multipliées ces derniers jours, de la part de personnes qui ambitionnent de représenter notre pays. Une attitude regrettable, au moment où les paroles féministes sont silenciées sur les réseaux sociaux », écrivait peu après l’hebdomadaire Télérama, pas plus suspect d’extrême féminisme que défenseur acharné de la « culture des miss ». Les propos privés et peu amènes de Brigitte Macron soutenant un artiste controversé ont ainsi déclenché un tollé. Nombre de célébrités engagées aux côtés des militantes féministes revendiquent désormais un « Je suis une sale conne » en osmose avec l’inoubliable « Je suis Charlie ». L’insulte gratuite et inappropriée transformée en slogan identitaire par les concernées s’inscrira-t-elle ainsi dans l’histoire au même titre que le Manifeste des 343 de l’année 1971 devenu celui des « 343 salopes » suite au titre au second degré de Charlie Hebdo ? Ou deviendra-t-elle intemporelle, à l’image des Enfoirés nés à la fin des années 80 ?
Ce jeudi 11 décembre au soir (notre cliché), participant devant l’hôtel de ville d’Orléans à une casserolade contestant l’attribution d’une subvention à la peu progressiste association Familya, les militantes de Nous Toutes 45, « fières, féministes et en colère » déploraient ardemment cette étrange manière de mettre en lumière leurs actions. Les réseaux sociaux sont impardonnables, et les deux candidates au titre de Miss France aujourd’hui déchues apprendront peut-être à surveiller leurs actes et leur langage, tout comme Brigitte Macron. Quant aux éventuelles « grosses p*tes », on laisse au député RN Jean-Philippe Tanguy le choix plutôt sexiste de s’en occuper au sein des Maisons closes qu’il souhaite rouvrir, 80 ans après leur fermeture par Marthe Richard. Fermer les frontières et rouvrir les maisons, voilà un autre slogan identitaire qui ne manquerait pas de faire fureur.