Orléans : une autre subvention un peu trop catholique contestée

Comme une illustration de la polémique autour de la subvention à l’association Familya, la majorité de Serge Grouard a présenté au dernier conseil municipal, un projet de subvention de 10.000 euros attribuée à l’association Confrérie Saint-Loup pour « l’organisation de représentations d’un spectacle autour de Jeanne d’Arc » qui doivent avoir lieu en juin 2026 au château de la Charbonnière.

Le groupe « Rassemblement Citoyen de la Gauche et des Ecologistes » par la voix de Ghislaine Kounowski, dénonce l’attribution de cette subvention en exigeant des éclaircissements quant à ce spectacle financé par la ville.

“La culture pour évangéliser”

En effet, le groupe d’opposition relève que le président de l’association organisatrice déclare, dans un article de présentation du spectacle sur le site de la paroisse catholique de St Jean de Braye : « En 2023, j’ai eu le plaisir d’organiser le “Jubilé de Saint Loup”, en l’honneur des 1450 ans de la naissance de ce grand saint sur ma terre paroissiale. (…) Le succès de ce jubilé m’a permis de me rendre compte de l’importance de la culture pour évangéliser. » Et plus loin : « Je suis intimement convaincu du besoin que la France et le monde ont de se tourner vers Jeanne et de la prier. (…) C’est tout l’objectif du projet “Jeanne, le spectacle”.»
Ces déclarations  indiquent clairement que l’objectif de ce spectacle ne serait pas seulement culturel mais aussi religieux, Ghislaine Kounowski a rappelé les obligations de la loi de 1905 qui interdit les subventions pour les cultes.

D’autre part, l’élue demande des précisions sur le budget de ce projet. En effet, l’association annonce un budget entre 350.000 et 400.000 euros, et seules deux sources de financement sont connues : la subvention de 10.000 euros de la ville d’Orléans, et un projet de collecte de dons dont l’objectif annoncé par l’association est de 30.000 euros, l’élue a donc demandé à connaître les financeurs du reste du budget, puisque la ville d’Orléans demande systématiquement le budget prévisionnel des projets qu’elle subventionne, budget curieusement absent du dossier présenté en Commission Culture.


Enfin, l’élue a relevé que l’Association « Confrérie de Saint-Loup » n’existe plus dans le Répertoire National des Associations (RNA) et que son numéro d’identifiant est désormais utilisé par une autre association « Confrérie d’Orléans », dont on ne sait rien. Or, la délibération prévoit un versement à l’association « Confrérie de Saint-Loup ».

A ces trois questions, l’objectif du spectacle, le budget du projet, et le nom de l’association, Serge Grouard, le maire d’Orléans, a refusé de répondre. La seule réponse, très courte, de l’adjoint à la culture, est que l’association aurait changé de nom, sans pour autant que la Mairie modifie la délibération.


Les élu·e·s du groupe RCGE ont donc voté contre la subvention pour ce projet dont ni l’objectif, ni le budget, ni l’association porteuse ne sont connus de manière suffisamment précise.


Et le groupe RCGE rappelle que ça n’est pas la première fois que Serge Grouard et sa majorité apportent leur soutien à des manifestations dont l’objectif interroge : en avril de cette année, au sujet du spectacle Historock dont l’objectif était plus que biaisé, et dont la représentation était organisée pour des élèves des écoles d’Orléans.

Commentaires

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  1. Il faut donc constater, ( à nouveau) que pour Monsieur le maire et ses collaborateurs élus respecter la loi, les règles ne fait pas partie de leur comportement ( leur ADN dirait F Bonneau) alors que bien entendu c’est ce qu’ils exigent des autres.
    Donc les élus du groupe RCGE devraient agir sans plus se soucier des règles habituellement d’usage dans un conseil municipal peut-être en organisant eux-mêmes une manifestation devant la mairie qu’ils prolongeraient à leur façon (sit in devant le tourniquet, s’enchainer aux anneaux à vélo … de manière à faire toute la publicité sur ces agissements à l’opposé du minimum de démocratie même représentative.
    Ou bien lors du prochain conseil revenir sur le sujet même s’il n’est pas à l’ordre du jour et oser défier l’autorité en intervenant inlassablement pour obtenir qu’au moins cette subvention soit retirée voire pourquoi pas versée au 108 !
    Que risquent-ils ? rien sinon que des orléanais se disent qu’enfin ça bouge.

  2. Deux observations. En premier lieu, si l’opposition municipale émet des réserves juridiques sur la régularité de cette subvention au regard notamment de l’identité du bénéficiaire associatif, des règles de vérification préalable du budget du projet permettant de connaitre les autres financeurs et enfin du rapport à la loi de 1905, elle peut saisir le contrôle de légalité du Préfet et au-delà saisir le juge administratif. Il n’y a pas que les citoyens pour pouvoir le faire…
    A regarder le teaser du projet autour de Jeanne d’Arc, on découvre de très belles images de cinéma et une héroïne dont le physique est conforme à la tradition iconographique. On fait ici la promotion du mythe identitaire. A Orléans, il parait difficile d’évoquer la loi de 1905 compte tenu du rituel des fêtes johanniques quand même Jean Pierre Sueur s’était borné à ajouter à ce rituel immuable la présence de quelques éminences socialistes invitées d’honneur. Que la mairie balance 10 000 euros sur une œuvre évaluée à 300 ou 400 000 euros et pour laquelle, nul doute que Pierre Edouard Stérin et peut être Bolloré mettront la main à la poche, cela relève du pourboire ou de l’écot qu’on verse à la quête du dimanche dans un cadre culturel local fort éloigné du principe de laïcité.
    Ce qui me parait le plus inquiétant dans cette affaire, c’est de noter que l’association Familya incarnant un catholicisme conservateur affiche sa pleine page sur le site de l’évêché d’Orléans et que le projet de la confrérie Saint Loup devenue confrérie d’Orléans, s’affiche sur le site de la paroisse de Saint Jean de Braye, elle-même soumise à l’autorité de l’évêque. Dans un contexte où on voit l’extrême droite acquérir une position croissante sinon dominante au sein d’un monde catholique pratiquant dont l’importance est par ailleurs en fort recul on peut s’interroger sur une possible évolution d’un évêché plutôt connu jusqu’ici pour son humanisme et sa fermeté à l’égard des violences sexuelles.

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