Cette Antigone nous sidère ! Dans un décor minimaliste, quelques chaises de bois et des portes qui s’ouvrent et se referment en claquant, césure entre le monde réel et le monde de la tragédie, cette reprise d’un des textes les plus joués du théâtre français nous touche violemment tant par le sujet que par la comédienne qui le porte.
Cette révolte (on pense à “L’homme révolté” de Camus) que rien ne peut endiguer ni les mots ni la mort, est une magnifique revendication de la liberté, cette liberté qui donne à Antigone la force d’affronter un roi tout puissant, empêtré dans ses calculs politiciens. La frêle silhouette de Françoise Gillard (Antigone), habitée d’un cri cinglant, face au tauromachique Créon (Bruno Raffaelli), surligne le tragique, lui donne une dimension physique qui nous “prend aux tripes” jusqu’à la mort d’Antigone.
Et même si l’on oublie un peu aujourd’hui que cette pièce fut écrite par Jean Anouilh, en pleine Occupation (1944), elle nous renvoie, au delà de sa modernité, à l’essence de notre civilisation qu’est la tragédie grecque.
Gérard Poitou
Jusqu’au 28 mars
Antigone de Jean Anouilh
Mise en scène Marc Paquien, avec Véronique Vella, Bruno Raffaelli, Françoise Gillard, Clotilde de Bayser, Nicolas Lormeau, Benjamin Jungers, Pierre Hancisse, et Claire de la Rüe du Can
CADO Théatre d’Orléans rue Pierre Ségelle 45000 Orléans 02 38 54 29 29