On entre dans la salle muni d’une petite bouteille d’eau car il fait déjà chaud, très chaud, et la chaleur a cette particularité évocatrice du désir.que la récitante, d’abord seule sur cette scène surchauffée par les projecteurs, dans un texte improvisé, va mettre en mots: elle va dire le désir. Puis le désir se fait chair avec l’entrée en scène des deux acrobates aux anatomies sculpturales aussi puissantes que légères. La chorégraphie enlace et projette dans une même agilité les deux protagonistes dont le miroir tendu en fond de scène reflète la virtuosité.
Mais la chaleur s’épaissit entre les deux rangées de trente projecteurs, la récitante devient tyrannique, le désir s’enfonce dans la folie, les corps se transforment en “viande”, les gestes si précis des circassiens se font fébriles tant la transpiration rend l’acrobatie risquée. L’air est irrespirable, la voix se durcit, la musique fait vibrer les miroirs, la sueur ruisselle sur les corps, et la chaleur devient enfer !..
Et l’on sort de Warm, la gorge sèche au ressenti d’une émotion physique si intense.

“Micro”, l’autre performance de cette soirée en paraitrait presque anodine pourtant ce concert de rock déjanté et iconoclaste est tout simplement ébouriffant tant la déstructuration de la gestuelle du concert rock se transforme en une superbe “performance” plastique et sonore. L’effondrement de l’univers rock conduit à un délire finalement très rock’n roll…
Voilà, je n’ai pas tout vu et je n’ai pas tout aimé de ces “Performances3” proposées cette année par la Scène Nationale, mais je dois avouer que ces deux derniers spectacles méritaient de faire le plein de spectateurs stupéfaits et séduits par ces nouvelles formes du spectacle vivant.
Gérard Poitou
“Warm”: mise en scène David Bobée avec Séverine Ragaigne, Edward Aleman, Wilmer MarQUEZ
“Micro”: mise en scène Pierre Rigal avec Mélanie Chartreux, Malik Djoudi, Gwenaëll Drapeau, Julien Lepreux et Pierre Rigal
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