
Même Jeanne d’Arc devra se serrer (un peu) le ceinturon. C’est dire si l’heure est grave. Vendredi matin, deux heures durant, le maire d’Orléans a présenté ses grandes orientations, sa feuille de route, pour le mandat qui a commencé en mars. Peu endettée, “bien gérée”, la ville n’échappera pas à un plan de rigueur, mais juré craché, pas plus à Orléans qu’à l’agglo, l’impôt n’augmentera pour le contribuable. Mais les temps de crise étant ce qu’ils sont, la dotation de l’Etat ayant été largement revue à la baisse, (moins dix millions par ans pour les trois ans à venir) il faut bien trouver des économies quelque part. Dix millions par an pour la ville, dix millions pour l’agglo, par an d’ici 2017.
Comment ? Des économies en mutualisant les achats, en vendant, “non pas des bijoux de famille” mais des bâtiments inutiles comme l’ancien collège Anatole Bailly rue Jeanne d’Arc, en fusionnant aussi des services, en compressant légèrement les effectifs… Pourtant, Serge Grouard promet que cela sera indolore et file la métaphore marine: “par gros temps, les marins savent réduire la voilure…Je conduis le bateau au port”.
Vent debout comme à son habitude contre l’impéritie de l’État, Serge Grouard se promet pourtant de marier “ambition et économies”. Orléans investira ainsi 40 millions par an.
Le Festival de Jazz promis au naufrage?

Le Festival avait pris l’eau en 2014, il menace maintenant de sombrer.
Premières victimes de la nécessaire chasse aux gaspis, deux grands événements, le Festival de jazz et les fêtes de Jeanne d’Arc qui vont changer de format et qui, pour le premier, est peut-être appelé à disparaître à terme.
Magcentre l’avait révélé, le Festival sous sa forme actuelle, qui coûte 600 000 € avec les concerts de prestige au Campo Santo, va trinquer. “il est intéressant, sympathique mais il n’a pas acquis une grande notoriété”. Alors les concerts au Campo Santo ont du plomb dans l’aile. “Ils pourraient être réduits, voire supprimés, ou alors confiés à un repreneur”. Ce n’est pas décidé, mais dans sa forme actuelle le Festival de jazz a vécu…
Réduire la voilure johannique

Les fêtes johanniques 2014, un gros succès avec Stéphane Bern en vedette…
Ces dernières décennies, elles étaient montées en puissance mais les fêtes de Jeanne d’Arc vont aussi devoir “réduire la voilure”. Une année sur deux, les fêtes johanniques seront “low cost”. Ce régime amaigrissant se fera sur la fête médiévale à l’île Charlemagne qui disparaît et sur les illuminations de la cathédrale le 7 au soir. En revanche le “Set électro” est “sanctuarisé”. Des manifestations vont passer en biénnale comme les Orléanoïdes.
Toujours dans ce domaine événementiel et culturel, on ne touche pas en revanche au Festival de Loire, déjà biennal, ni à l’Orchestre d’Orléans, ni au Festival international de piano, sanctuarisés au nom du rayonnement de la ville. A cet égard, pour une meilleure communication de la ville vers l’extérieur, un plan stratégique va être mise en place. Il vise à une meilleure attractivité touristique –difficile de faire pire- et bien sûr un événement y participe, c’est Miss France “neuf millions de téléspectateurs, des reportages sur la ville…une formidable vitrine”, qui vaut bien une polémique sur la réquisition d’un gymnase à Saint-Marceau, que le maire a d’ailleurs balayé d’un revers de manche…
Foot et basket moins aidés

Les travaux de rénovation du stade de la Source ont coûté six millions d’euros.
S’agissant des sports, Serge Grouard n’a pas caché que les subventions aux deux plus grands clubs, le basket et le foot, seront revues à la baisse. De combien? Rien n’est encore décidé mais les orientations budgétaires en décembre trancheront dans le vif. Il souligne que seulement 20% des spectateurs de l’OLB sont des Orléanais, les autres viennent de l’agglo ou de plus loin. Donc tout le monde doit mettre au… panier.
Aux clubs de trouver encore plus de partenaires pour joindre les deux bouts. Les subventions (aux clubs, associations…) baisseront de 5%. En rénovant le stade de la Source, afin que l’USO puisse évoluer en Ligue 2, la ville “a fait des merveilles”. Avec ses partenaires (département et Région) mais il précise –en foot ça s’appelle un tacle- “j’attends toujours les chèques…”. A bon entendeur.
Maintenant que les gros investissements sont derrière nous, la deuxième ligne de tram, l’hôpital, le GPV, (Grand projet de ville) à La Source et que l’Arena est passée par la fenêtre, Orléans peut vivre sans projet, ou presque. Ce qui n’empêche pas d’investir, sur la politique de quartier ( l’Argonne) et à la Source où les zones pavillonnaires vont être traitées.
Le Zénith revisité, l’Arena bis
Les chantiers? L’Arena revisitée ce sera le Zénith, version 2. Une étude a été lancée pour plancher sur sa transformation en grande salle de spectacle et de sport. A noter que comme pour Famar, le maire reprend là une idée de l’opposition (d’un vert Jean-Philippe Grand en l’occurrence), c’est ce qui s’appelle de la “realpolitik”. Le devis? Pas encore chiffré.
Le voisin du Zénith, le Parc des expositions, a bout de souffle, sera soit reconstruit au même endroit. Soit un nouveau parc sera érigé sur l’agglomération. Le maire n’a pas exclu que l’Astrolabe 2, qui n’ira finalement pas sur le site de l’ancien hôpital, puisse loger ses décibels soit au parc des expos, ou alors dans une structure “passerelle” créée entre le Zénith et le Parc, si celui-ci reste au même endroit.
S’agissant de la prison, maintenant libérée de …ses prisonniers, Serge Grouard dément tous les projets qui ont pu être avancés. “c’est petit et enclavé”, de surcroît, on ne sait pas si le site est amianté et le maire de dénoncer l’imprévoyance de l’Etat (le ministère de la Justice) qui aurait du depuis longtemps prévoir son devenir. Pour lui, elle sera rasée mais on n’y est pas et les riverains risquent de supporter encore longtemps ce bâtiment hors d’âge…
Autre rénovation, cette fois durant la durée du mandat, le Muséum d’histoire naturelle. Il sera consacré au développement durable et à la bio-diversité, deux dadas de Serge Grouard qui verrait bien “sa” ville devenir pilote. Avec cette objectif utopiste mais séduisant: “comment faire une ville énergétiquement neutre?”. Serge Grouard briguerait-il après 2017 le ministère de l’Environnement ? Il y met, en tous cas, toute son énergie.
Ch.B
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Le maire bosse avec Fillon “pour la France”

François Fillon et Serge Grouard aux législatives de 2012.
“Tous les déficits s’accumulent, je n’exclue pas une crise majeure et il faut se préparer à y faire face”. Serge Grouard adore jouer les Cassandre et cela lui réussit puisque comme il aime à le rappeler les “orléanais lui ont fait confiance”.
Le maire Grouard se veut bon gestionnaire et le député bosse pour la France aux coté de François Fillon. “Je travaille sur un projet politique pour remettre la France sur les rails”.
A la Région, il faut quelqu’un “qui a de l’expérience, qui tienne la route…”. Le portrait de Philippe Vigier (UDI)? Serge Grouard n’a pas choisi, il reste plus d’un an avant l’échéance régionale (décembre 2015). En tous cas, ce ne sera pas Guillaume Peltier. Et d’ailleurs il conseille “aux carriéristes de rester sur les plateaux de TV”.
On l’aura bien compris, Serge Grouard n’est pas Sarkozyste, il ne s’en est jamais caché. “Tout cela est indécent” dit-il des affaires qui secourent l’UMP, il se félicite de “n’avoir pas participé au Sarkothon” et estime que son parti devrait se séparer d’un certain nombre de membres, “certains payés plusieurs milliers d’euros par mois pour faire on ne sait quoi”. Sans parler de ces notes de frais tombées d’on ne sait où. Une allusion directe à Geoffroy Didier, le coéquipier de Guillaume Peltier, employé à très haut salaire à l’UMP. Qui voit-il à sa présidence? Il ne s’est pas décidé pour qui des trois (Sarkozy, Le Maire, Mariton) élire. Mais il sait bien pour lequel il ne votera pas.