Ca y est ! La rumeur sévit de nouveau, et Facebook s’en fait aussitôt le colporteur irresponsable… Et oui, quelques pseudo experts en balistique de Kalachnikov tentent d’expliquer que la balle tirée à bout portant sur le policier à terre ne l’a pas tué, et puis cette vidéo, juste là, à cet instant, suspect tout ça ! Ahmed, le policier, lui est pourtant bien mort … Et cette carte d’identité oubliée, nouvelle preuve indubitable du complot des services secrets, suivez mon regard vers Washington et Tel Aviv, et souvenez-vous du complot du 11 septembre, qu’Al Qaida n’a bien sûr jamais revendiqué…
La mémoire courte !
Il est peut être opportun de rappeler que la tuerie de Charlie Hebdo est la tragique conséquence de la pratique des fatwas, qui sont des permis de tuer des “ennemis” désignés de l’islam, et cette pratique a été remise au gout du jour en 1989 par l’ayatollah Rouhollah Khomeini, alors chef de l’état Iranien, à l’encontre de l’écrivain des “Versets Sataniques”, Salman Rushdie*, qui vit ainsi depuis plus de vingt cinq ans caché et protégé. Mais il ne fait évidemment aucun doute que les ayatollahs iraniens sont manipulés par la CIA…
Alors si certains se sont extasiés un peu vite sur la formidable liberté d’expression offerte par internet, en oubliant que l’information n’est pas la rumeur, et qu’il existe une différence fondamentale entre les élucubrations personnelles d’un blog et l’information fournie par un journal qui engage sa responsabilité éditoriale. La liberté de la presse est au prix de cette responsabilité assumée. La presse d’information dans notre pays obéit à des loi. Pas les “réseaux”, baptisés “sociaux”.
Ces réseaux “sociaux” entretiennent aujourd’hui, à leur profit, une confusion qu’il faut dénoncer sans équivoque, entre opinion individuelle et information journalistique. Si les journalistes de Charlie ont payé de leurs vies ce combat pour la liberté d’expression, il faut aussi dénoncer la toxicité mortelle pour nos démocraties de la propagation à la vitesse d’internet, de ces rumeurs incontrôlées et irresponsables, quand elles ne sont pas ouvertement manipulatrices de l’opinion.
Gérard Poitou
Interview de Salman Rushdie au Point
*« Au nom de Dieu tout puissant. Il n’y a qu’un Dieu à qui nous retournerons tous. Je veux informer tous les musulmans que l’auteur du livre intitulé Les Versets sataniques, qui a été écrit, imprimé et publié en opposition à l’Islam, au prophète et au Coran, aussi bien que ceux qui l’ont publié ou connaissent son contenu, ont été condamnés à mort. J’appelle tous les musulmans zélés à les exécuter rapidement, où qu’ils les trouvent, afin que personne n’insulte les saintetés islamiques. Celui qui sera tué sur son chemin sera considéré comme un martyr. C’est la volonté de Dieu. De plus, quiconque approchera l’auteur du livre, sans avoir le pouvoir de l’exécuter, devra le traduire devant le peuple afin qu’il soit puni pour ses actions. Que Dieu vous bénisse tous. »
— Rouhollah Musavi Khomeini, le 14 février 1989
La récompense pour l’assassinat de Salman Rushdie, est aujourd’hui officiellement fixée à 3,3 millions de $.