Lorsque Juliette se décline, Gréco fascine
Chapeau bas la Dame en noir. Timide comme une geisha stagiaire côté cour à son entrée en scène, fragile comme une brindille de bois sec à sa sortie côté jardin, Juliette Greco a tenu haut les mains son rang de grand-maîtresse es interprétation de la chanson française en ce Palais d’Auron devenu samedi soir le sien. Badine, câline, mâtine, taquine, mutine, chagrine, elle a déployé l’immense éventail de son talent jusqu’à ce que, se payant le luxe d’être coquine, la jolie môme du quartier latin s’est permis de secouer les années comme un nuage de poussière et s’offrir un effeuillage cousu d’humour devant un public transi d’amour.
Terrassée par la chaleur des projecteurs
Brel, Ferré, Gainsbourg lui faisant cortège, La Gréco qui avait résisté à la batterie tonitruante du W, ne s’est inclinée qu’à deux chansons de la fin prévue, terrassée par la chaleur des projecteurs. Une ovation debout l’a accompagnée lorsqu’elle s’est éloignée entre un piano et un accordéon, point d’orgue d’un récital éblouissant achevé sur « je t’aime » des Vieux Amants. Le titre de sa performance baptisé « Merci » a pris samedi un sens unique et inversé : c’est le public qui lui a dit « merci ».
En première Juliette Armanet était venue faire ses gammes : une présence, de l’aplomb, mais peut-être un peu trop d’aigus dans les notes.
Quant au W qui s’était si peu délicatement invité « comme troisième musicien » (avec tambour sans trompette), il avait fait la fête à Vianney avant d’accueillir les demoiselles de rock fort pas vraiment sur le retour. Les sœurs jumelles répondant à un seul prénom (Brigitte) ont été laminées comme leurs robes par la technique. Restent deux perruches blondes platine pour lesquelles la volière était trop grande.
Ce soir Rock’N’Beat, musiques électroniques, Aldebert, Dick Annegarn pour un chantons sous la pluie.
Patrick Martinat