Dans un long courrier adressé au journal la “Tribune de l’Art” qui fut le premier a faire état de la fermeture du Musée de Chartres, son ancien conservateur (de 1996 à 2002), Hervé Joubeaux dénonce en termes sévères la responsabilité de la mairie de Chartres dans le désastre de son Musée des Beaux Arts. Son témoignage à charge pèse lourd dans ce dossier qui semble devenir en ce début 2017, un véritable scandale patrimonial !
Extrait
[…]”L’argument sempiternellement invoqué par les municipalités successives pour ne pas faire d’investissements dans ces bâtiments n’est évidemment pas recevable : le bail emphytéotique conclu en 1913 entre le Département et la Ville prévoyait sans ambiguïté, comme c’est généralement le cas pour ce type de bail de longue durée, que le locataire devait prendre à sa charge tous les travaux d’entretien revenant usuellement au propriétaire. 
Certes, le bâtiment occupé par l’armée pendant la Première Guerre mondiale et laissé à peu près à l’abandon jusqu’à l’installation du musée à la fin des années 30, avait déjà subi de nombreuses dégradations. Mais des travaux de modernisation (électricité, chauffage) avaient été mis en œuvre pour l’installation du musée et ces efforts auraient dû été poursuivis dans la deuxième moitié du XXe siècle. Hélas, dans les années 1990, de nombreux éléments d’architecture s’affaissaient, l’électricité était défaillante et le chauffage à air pulsé, en soi peu adapté à la bonne conservation des collections, était devenu incontrôlable.
 On peut imaginer que si la Ville avait voulu, à cette époque favorable, rénover son musée des beaux-arts et renégocier le bail dont la date d’expiration approchait, des aides de l’État, de la Région, du Département (propriétaire) auraient permis, quitte à échelonner les travaux sur plusieurs mandats, de sauver des bâtiments exceptionnels et des collections remarquables. D’autres villes d’importance comparable ont, en le faisant, démontré que c’était faisable : mais il fallait le vouloir. Faute de volonté, on en est maintenant à des bâtiments en péril et des collections invisibles.”[…]
 
Il nous reste les photos…

Jean-Siméon Chardin (1699-1779)
Le Singe peintre
Huile sur toile – 28,5 x 23,5 cm
Chartres, Musée des Beaux-Arts
Photo : RMN-GP/D. Arnaudet