Le tempo de l’info
Paul Voise est ce septuagénaire qui fut agressé chez lui et sa maison incendiée dans le quartier de l’Argonne à Orléans en 2002 quelques jours avant le premier tour de l’élection présidentielle qui vit Lionel Jospin éliminé dès le premier tour, au profit de Jean Marie Le Pen. Le battage médiatique disproportionné que fit à l’époque TF1 avec le journaliste Robert Namias. Ce dernier reconnaitra même quelques années plus tard ses excès autour d’une affaire au final pas très claire, sans désavouer pour autant la manipulation de l’opinion.

Découvrant la couverture du Point de cette semaine affichée sur les kiosques en ville, on peut là aussi s’interroger sur la motivation de cet hebdomadaire de faire sa “une” sur le sexisme de rue, en l’associant ostensiblement dans son sous-titre, au communautarisme et donc, suivez mon regard, aux musulmans.
A huit jours d’une élection législative encore quelque peu incertaine, développer un sujet, repris d’un article du Parisien daté de trois semaines, sur le port de la jupe dans certains quartiers de Paris ressemble fort à une réactivation inversée de la polémique de l’été sur le “burkini”, avec en toile de fond le thème récurrent du Front National du “on n’est plus chez nous“.
Certes le harcèlement de rue est un phénomène insupportable pour bon nombre de femmes et qui n’est malheureusement pas limité à quelques quartiers de Paris ou de sa banlieue, une enquête de notre confrère la Tribune-Hebdo d’Orléans, dans sa dernière parution, nous rappelle que ce phénomène touche aussi, bien des villes de province. Il est sans doute urgent de trouver les réponses appropriées à ce qui est une évidente régression de la liberté publique des femmes, mais pourquoi le Point termine son enquête par un appel de la Grande Mosquée de Paris “contre les misogynes”, comme si les coupables de comportements machistes en France n’étaient que musulmans ?
Sous le titre, “le cri d’alarme”, Elisabeth Badinter, en photo à la une, donne dans l’hebdomadaire une interview sur cinq pages dans lequel elle réaffirme ses convictions sur le féminisme et la laïcité, convictions maintes fois déclinées dans la presse et quelques peu décalées par rapport à l’actualité “alarmante” du dossier du Point. Alors que vient faire Elisabeth Badinter, par ailleurs épouse d’un ministre historique de la gauche, qui cautionne ainsi un “marronnier”* coutumier de cette presse devenue spécialiste de l’angoisse devant un “communautarisme” envahissant ?
GP
*”marronnier”: sujet de presse récurrent (comme les saisons) comme le salaire des cadres, le classement des hôpitaux, la franc-maçonnerie, etc…