Le Printemps de la photographie de Romorantin, 11e du nom, proposé jusqu’au 27 mai par l’Office de tourisme, est unique en son genre en Centre-Val de Loire. Un véritable rendez-vous artistique, dans un lieu exceptionnel, qui mérite largement une reconnaissance régionale.
« Ce prix, c’est la cerise sur le gâteau. Je n’avais jamais vu le lieu, il offre des conditions d’exposition de grande qualité : la lumière et l’espace ». Ainsi s’exprimait vendredi 18 mai dernier Bastien Riu, invité d’honneur de la 11e édition du Printemps de la photographie de Romorantin, et heureux gagnant du prix de la Créativité attribué par le jury. Une remarque des plus justes, partagée par la quasi-totalité des plus de 40 exposants, et qui donnait à cette manifestation unique en son genre comme un « label » pour continuer, progresser, et obtenir le rang qui lui est dû dans le calendrier des manifestations culturelles régionales…pour commencer. Le Printemps de la Photographie de Romorantin n’est pas une simple manifestation locale regroupant quelques exposants du secteur, comme d’aucuns voudraient le considérer. Proposé depuis deux ans dans les anciens locaux de la Fabrique Normant, aujourd’hui transformé en une salle polyvalente accueillant aussi le musée Cérabrique, il offre plus de 900 œuvres sur 4.000m² de surface, ce qui change des éditions d’origine proposant des œuvres réparties dans toute la ville, puis dans le bâtiment de l’ancien supermarché.
Qualité et diversité artistique
« En plus de 10 ans, grâce aux réseaux tissés avec les photographes, à nos partenaires, et à notre image de qualité, d’éclectisme et de rencontre, le Printemps de la Photographie est aujourd’hui bien installé sur notre territoire de Sologne », déclarait ce soir-là François Cavallié, organisateur de la manifestation, et président de l’Office de tourisme Sologne côté Sud. Et pour cause. Soutenu par les collectivités locales (communauté de commune, département), s’appuyant sur un réseau de bénévoles issus de la communauté de communes et de photo-clubs proches, tels ceux de Selles sur Cher ou de Lamotte-Beuvron (qui y animent un studio photo), le réseau s’étend bien au-delà des photographes et artistes locaux, même si ceux-ci, proximité oblige, compte en nombre dans les exposants. Professionnels ou amateurs, venant de Vierzon ou de Paris, d’Argenton-sur-Creuse ou de Lyon, de Vendôme ou de Toulouse, tous sont des passionnés qui, à côté de leur métier ou d’une activité photographique plus classique, ont développé une thématique originale, perfectionné un style très personnel, pour traiter un sujet rarement classique. On rencontrait ainsi un certain nombre de Loirétains au hasard des stands, venus en individuels à côté des clubs de Saint-Jean-de-la-Ruelle et La Chapelle-Saint-Mesmin, telle Laure Métayer, venue du Giennois pour présenter ses photos de sport en pose lente, aux effets artistiques évidents. « Il est vrai qu’au début, nous avions majoritairement des photographes animaliers. Nous sommes aux portes de la Brenne. C’est un sujet qui inspire ». Et si ceux-ci sont encore très présents, tel Éric Baccega, le photographe officiel des célèbres pandas du zoo de Beauval (1), le choix photographique s’est beaucoup plus diversifié au fil des ans. On y trouve aussi des photos de nus, des « autoportraits multiples », du reportage, du graphisme, de l’infographie ou des « natures mortes », toutes de qualité. Et nombre d’entre eux y proposent même des conférences et ateliers.
Un avenir prometteur
Outre le prix de la créativité, le jury de cette 11e édition a tenu à récompenser deux autres photographes présents. Manu Max a ainsi reçu le prix de la Fraternité pour sa série d’images réalisées à la Réunion, illustrant des proverbes locaux, et Arnaud Nédaud, originaire du Limousin, le prix de la Découverte pour ses clichés alliant photo et peinture.
En ouverture de cette 11e édition, Jeanny Lorgeoux, maire de la commune, n’oubliait pas de la citer comme un événement majeur, et Nicolas Perruchot, président du Conseil départemental, saluait sa volonté « de proximité, de diversité et d’exigence ». Aux côtés des plus de 30 photographes présents, on compte aussi, et c’est logiquement sa place, un stand tenu par le Musée de la photographie de Graçay, troisième musée photographique public au rang national.
Et, innovation de l’édition, 10 peintres et sculpteurs, destinés dans une complémentarité évidente à faire venir un maximum de public attiré par l’expression artistique. Sans conteste, et nous ne pouvons que le répéter, en ce lieu unique, propre à susciter quelques jalousies jusque dans les métropoles régionales, une telle manifestation devrait avoir un bel avenir, avec le soutien de tous ceux intéressés par la promotion de l’expression artistique.
(1) : Eric Baccega et Rodolphe Delord animeront le samedi 26 mai, à 15h, à l’auditorium, une conférence intitulée « Panda, une naissance unique en France ».
Jean-Luc Bouland