Mercredi 30 mai a été examiné en référé au tribunal administratif d’Orléans la procédure d’expulsion de 6 personnes sans domicile fixe qui campent sous les arcades de l’hôtel de Région, rue Saint-Pierre-Lentin. Une seule personne avait saisi une avocate et était présente au TA, les autres ne sont peut-être même pas les personnes qui dorment réellement sous les arcades.
« C’est parti d’un banal contrôle de la police municipal le 3 mai, à 14h. Ils ont relevé l’identité des gens présents. Mais pour savoir qui dort vraiment là, c’est la nuit qu’il fallait passer ! ». Yves Bodard, le « Maraudeur du jeudi », ne décolère pas. « Au lieu de s’attaquer aux personnes, la Région aurait mieux fait de faire comme Anne Hidalgo à Paris, attaquer l’État. Et proposer, en attendant, d’améliorer le campement, avec des sanitaires provisoires, un paravent pour s’isoler, etc. ». Mais ce n’est pas la solution choisit par la Région. Elle demande à ce qu’ils soient expulsés (lire notre article du 16 mai dernier). L’avocat de la collectivité régionale, Me Bajin a plaidé « l’utilisation sans droit ni titre » des lieux, « l’altération du bon fonctionnement du service public » pour cause de gêne au passage des piétons sous les arcades. « Il y a violation en matière d’hygiène et de sécurité, l’obstruction de passage de cet espace dédié aux usagers ». Appuyé par des témoignages et photos d’agents du Conseil régional, et même du témoignage du Directeur général des services, il cite des « bagarres, de l’alcool, des chiens, des excréments y compris de pigeons » (sic), « une classe d’enfants a même dû contourner le passage, par peur, plusieurs témoignages attestent de l’insécurité latente de cet endroit ». Tout cela troublerait l’ordre public.
“Trouble à l’ordre public ou procès de la misère qu’on ne veut plus voir ?”
L’avocate de Sylvain Dufraux, seul SDF contrôlé par la Police municipale le 3 mai dernier, dormant effectivement sous les arcades et présent à l’audience, n’a pris le dossier en main que la veille du référé, la première avocate s’étant finalement déclarée pas assez compétente en la matière. Me Aurélie Weinkopf s’est donc interrogée sur « la réalité du trouble à l’ordre public, aucune main courante, aucune plainte, aucun rapport de police n’ayant été déposés pour le prouver ». Elle s’est encore demandé « quelle urgence il y a à vouloir expulser des SDF qui campent sous les arcades, alors que l’un d’entre eux y réside depuis 2015, et ce n’est que depuis mars dernier où il a été rejoint par 5 ou 6 autres que la Région demande l’expulsion invoquant un caractère d’urgence ? ». « Ne serait-ce pas plutôt le procès de la peur de la misère ? » a-t-elle plaidé. « La peur n’est pas un trouble à l’ordre public, les SDF n’ont plus de place dans nos rues » a-t-elle conclu demandant le rejet des demandes de l’administration.
Les deux parties ont jusqu’à vendredi soir 18h pour déposer d’autres conclusions à l’affaire. La juge des référés Cécile Mariller rendra sa décision lundi 4 juin dans la journée.
F.S.