Dalle Saint Paul: audience discrète au tribunal d’Orléans

C’est à une bien curieuse audience à laquelle on a assisté dans la salle 10 du tribunal de Grande Instance d’Orléans ce vendredi matin, le mot “audience” n’étant pas vraiment approprié puisque l’on n’a, dans la salle, pas entendu grand chose du conciliabule couvert par les bruits de marteaux avoisinants, entre la juge et les deux avocats, l’un représentant les propriétaires de l’immeuble de la place Saint Paul à Orléans et l’autre représentant la ville d’Orléans. Annick Berneau de l’association Au Cœur de la Rue et Yves Bodard ont également demandé à être entendus par la juge mais sans succès faute de mandat des prévenus.

Mais de quelle affaire s’agit-il ?

Dormir sur la dalle Saint Paul

Depuis le mois de mai, une vingtaine de personnes, des réfugiés en attente de décision et des sdf y compris des femmes et des enfants, se sont mises à l’abri en s’installant sur la dalle couverte de la place Saint Paul à Orléans. Évidemment, les conditions d’hygiène et de sécurité laissent à désirer, et à la suite d’une réunion en septembre entre la ville et le syndic des lieux, il fut décidé d’engager une action en justice pour “ne pas laisser se développer des campements de migrants à Orléans” (Olivier Geffroy, adjoint à la sécurité de la ville d’Orléans).

Et deux mois plus tard, les migrants sont convoqués devant le tribunal de Grande Instance, risquant une amende collective de 3.000 €, et bien sûr, aucun de la dizaine de résidents encore sur le site ne s’est présenté au tribunal. La ville d’Orléans justifie son action dans un communiqué du 25 octobre en indiquant que “la Mairie d’Orléans engage une action judiciaire afin de donner les moyens administratifs à l’Etat et au Département pour agir au plus vite”.

Le communiqué ajoute:“La Ville d’Orléans et les deux copropriétés privées ont demandé à l’État et au Département, seuls compétents, une prise en charge au cas par cas, soit au titre de l’hébergement d’urgence, soit de l’asile, soit de l’aide sociale à l’enfance, l’intensification du travail partenarial afin que des solutions d’hébergement soient trouvées rapidement.”

“La première bataille, c’est de loger tout le monde dignement. Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdus. C’est une question de dignité, c’est une question d’humanité et d’efficacité là aussi”
Emmanuel Macron 27 juillet 2017

La décision du tribunal sera rendue le 23 novembre prochain, et certes, la ville d’Orléans ne fait là que suivre la procédure qu’avait engagée le Conseil Régional à l’encontre des sdf dormant sous ses arcades, mais les associations de soutien aux migrants présentes à l’audience, s’étonnent qu’une telle procédure judiciaire, alors qu’il y a urgence humanitaire, soit nécessaire pour que la ville et la préfecture décide enfin de se concerter sur l’hébergement de ces personnes à la rue.

Et Yves Bodard, organisateur de maraudes régulières pour venir en aide aux personnes vivant dans la rue, rappelle ses propositions maintes fois formulées auprès des élus de la métropole de mettre en place dans des locaux désaffectés, ou dans des “mobile-hommes”, des lieux d’accueil temporaire permettant d’assurer des conditions de vie décente à ces personnes en attente soit d’un décision administrative d’asile, soit d’un relogement.

Faudra-t-il donc clôturer tous les lieux abrités d’Orléans ?

Gérard Poitou

Commentaires

Toutes les réactions sous forme de commentaires sont soumises à validation de la rédaction de Magcentre avant leur publication sur le site. Conformément à l'article 10 du décret du 29 octobre 2009, les internautes peuvent signaler tout contenu illicite à l'adresse redaction@magcentre.fr qui s'engage à mettre en oeuvre les moyens nécessaires à la suppression des dits contenus.

  1. Il n’est pas inutile de rappeler qu’il résulte des engagements internationaux de la France au titre de la Convention de Genève sur les réfugiés qu’elle à l’obligation d’assurer l’hébergement des demandeurs d’asile. Par ailleurs l’Etat français s’est imposé une obligation analogue au bénéfice des SDF avec la loi sur le droit opposable au logement. Moyennant quoi, la signature de la France ne pèse pas bien lourd au regard de telles situations.

    • L’Etat et Orléans, se moque bien de toutes ces obligations.
      Ce jour, 24 novembre 2018, 11 personnes dorment à la Dalle St Paul et à partir de mardi 27 novembre 2018, elles ne sauront pas où dormir car elles n’auront plus le droit de revenir à cet endroit.
      Elles n’ont pas eu de proposition d’hébergement, contrairement à l’engagement, qu’avait pris Le maire de la ville d’Orléans, de ne laisser personne dehors …
      Monsieur le Préfet est plus sourd encore que moi, qui le suis à 80 %.
      Je suis la Présidente de l’association Au Coeur de la Rue et je suis les personnes de ce secteur depuis le mois de mai 2018 et jusqu’en septembre 208, je passais, en moyenne 6 à 7 h, par jours, 7 jours sur 7, avec eux !
      Notre association a alerté depuis mai 2018 après que j’ai passé une nuit de veille avec eux, alors que je suis sous assistance respiratoire.
      Il fallait que je me rende compte par moi même comment ça se passait la nuit et combien ils étaient : 15 personnes dont 3 enfants et 3 femmes dont une enceinte.
      En septembre 2018, j’ai recommencé ma nuit de veille, là ils étaient 27 personnes séparées, en 2 groupes, 1 groupe avec une dizaine de femmes + 2 enfants de 8 et 11 ans, avec leur grand’mère.
      Un second groupe avec une quinzaine d’hommes.
      Il y avait Français et Etrangers !
      Malgré toutes les alerte faites en mairie et Préfecture on a laissé s’installer une situation humanitaire catastrophique.

      Annick BERNEAU
      Présidente
      Au Coeur de la Rue

  2. Lors du conseil municipal d’Orléans du lundi 5 novembre dernier, je suis intervenu au sujet des personnes dormant à Saint Paul, pour m’inquiéter de l’action en justice initiée par Olivier CARRE pour que celles-ci soient expulsées. Réponse d’Olivier CARRE: ” Nous travaillons avec la Préfecture pour que la question de l’hébergement soit posée”. A suivre….

  3. Mieux vaut avoir un toit (légal) au-dessus de la tête et dans draps fraîchement lavés dans son lit. A suivre de trop près la réglementation en vigueur, les émigrés ont des chances (peut-on vraiment parler de chance !) de dormir encore longtemps dehors dans le froid. On pourrait penser que les simples règles d’humanité soient plus fortes que le Loi. Mais non la Loi rassure des braves gens !

  4. 《Priver les gens de leurs droits humains revient a contester leur humanite meme》
    Nelson mandela.
    J espere un peu d humanite de la part de mr olivier carre qui pourrait aider a concretiser enfin les idees de mr yves bodard afin que tous ces sans abris aussi bien refugies que francais soient a l abris au chaud.trouvez vous cela normal que dans notre ville et ailleurs il y ait des femmes enceintes ou avec des enfants qui errent dans le froid en journee.trouvez vous cela normal quil y ait des femmes et des hommes qui ne puissent pas etre pris en charge par le 115 faute de places?

  5. Enfin, si Monsieur Macron a dit, en juillet 2017, qu’il n’y aurait plus personne à la rue à la fin de l’année, il ne peut plus y en avoir maintenant, puisque nous sommes fin 2018.
    A moins que je n’aie pas bien saisi le sens de la parole du président de la République actuel…

  6. M Carré a toujours de bonnes idées ; demander 3000€ a des personnes qui vivent dans la rue, n’est-ce pas dissuasif ? Ces personnes devront-elles dorénavant se trouver un autre abri ?

  7. Relire la copie, les Droits fondamentaux sont bafoués depuis longtemps et s emplifient

    Soixante-dixième anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme.
    Lundi 10 décembre 2018 sur l’esplanade à 19H.
    Chaillot – Théâtre national de la Danse

Les commentaires pour cet article sont clos.

Centre-Val de Loire
  • Aujourd'hui
    7°C
  • lundi
    • matin 6°C
    • après midi 12°C
Copyright © MagCentre 2012-2025