Emmanuel Macron et le gouvernement parviendront-ils à éviter un acte 5 des “gilets jaunes”? Rien n’est moins sûr. Déjà des appels à tenir les ronds-points et à revenir à Paris circulent sur les réseaux sociaux. La série de mesures sociales annoncées lundi par le chef de l’Etat ont été saluées comme une « avancée » par certains protestataires mais jugées insuffisantes et même « une entourloupe » pour d’autres.

Rond point de la Patte d’oie à Blois, archives© JL Vezon
L’une des figures des « gilets jaunes », la Bretonne Jacline Mouraud, a appelé à « une trêve car il y a des avancées, une porte ouverte. Maintenant il faut sortir de cette crise car “on ne peut pas passer le reste de notre vie sur des ronds-points”, a déclaré cette porte-parole des « gilets jaunes libres », un collectif jugé modéré. D’autres « gilets jaunes » voient « une prise de conscience, une avancée » dans le discours présidentiel. « L’augmentation du Smic de 100 euros, c’est vraiment pas mal. Les annonces pour les retraités qui gagnent moins de 2.000 euros ça va quand même leur faire un petit plus, la prime de fin d’année aussi, c’est très bien. Il a même parlé des grandes entreprises qui ne payent pas leurs impôts en France, on espère que ça bougera là-dessus aussi. Il y a de bonnes idées, un mea culpa qui arrive certes trop tard mais on ne va pas cracher dessus. On va prendre le temps de réfléchir, d’interpréter, d’en parler entre nous », entend-on sur les campements de fortune alors que d’autres membres de ces collectifs sont remonté à bloc et « prêts à remonter au front “. “Peut-être que si Macron avait fait cette allocution il y a trois semaines, ça aurait calmé le mouvement, mais maintenant c’est trop tard », disent-ils, catégoriques et mobilisés depuis le 17 novembre.
Réactions contrastées dans le monde politique
Dans le monde politique, les réactions sont un peu moins négatives à droite qu’à gauche ou à l’extrême droite.
Guillaume Peltier: « Des mesures pour la France moyenne »

Guillaume Peltier (LR)
« Je vais être très sincère, je n’ai pas été déçu », a ainsi déclaré le député du Loir-et-Cher, numéro deux des Républicains, Guillaume Peltier Dans les annonces il voit « des mesures pour la France moyenne. Emmanuel Macron a bien parlé après avoir mal agi. Sur le ton comme sur le fond, c’est la première victoire, historique de la France du travail et des classes moyennes Sur la hausse du smic sans pénaliser les entreprises, sur les heures supplémentaires, il reprend nos propositions. Il fait de l’anti-Macron, l’inverse de la politique des derniers dix-huit mois. C’est un désaveu pour son gouvernement et sa majorité parlementaire. Le premier ministre et Le Maire ont été contraints d’avaler leur chapeau. Il faudra rester vigilant, en particulier sur le financement de ces mesures dont le président n’a pas dit un mot. En tant que premier vice président des républicains, le chef de l’Etat ayant ouvert une porte à un dialogue que j’espère sincère, je souhaite que le peuple français entre dans ce dialogue.”
Olivier Faure : « Le compte n’y est pas »
Pour le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), « le compte n’y est pas. Le cap n’est pas modifié. Où est le tournant annoncé ? Et le nouveau monde, c’est ‘Retour vers le futur’ […], du Sarkozy. Ces déclarations ne répondent ni à l’exigence de justice fiscale, ni au défi écologique, ni au déficit démocratique. Pour les retraités, l’évolution est encore floue mais va dans le bon sens. Mais les pensions comme les allocations logement ou les prestations familiales ne sont pas réindexées sur l’inflation. Pour le reste ces mesures devaient être historiques, elles sont préhistoriques. Il y avait un plan à 25milliards d’euros mobilisables immédiatement avec la suppression de l’ISF, de la flat tax et le renoncement au doublement du CICE sur 2019. 25M pour réindexer toutes les pensions et prestations sur l’inflation. ». Les députés socialistes, vont déposer à l’Assemblée jeudi une motion de censure commune avec les Insoumis et les communistes contre le gouvernement.
Marc Fesneau : « la tendance lourde est respectée ».

Marc Fesneau.
L’ancien maire de Marchenoir dans le Loir-et-Cher, actuel ministre des relations avec le parlement se réjouit des annonces présidentielles, de ce que « la tendance lourde du quinquennat est respectée. Il y a simplement une accélération. Il n’y a pas de dévoiement du projet initial. Nous ne sommes pas comme en 1983 où François Mitterrand a effectué un vrai virage. Notre préoccupation immédiate est le projets de loi de finance rectificatif. A la louche l’ensemble de ces mesures vont se solder par 13 à 15 milliards. Il n’est pas question de dériver très longtemps et de ne pas respecter le critère des 3%. Si l’Europe peut accepter un pic il ne faut pas qu’il s’éternise . Puis il va falloir poursuivre les réformes, retraites, chômage et révision institutionnelles car cette crise a montré qu’il avait une crise profonde de la démocratie représentative. Je souhaite qu’on se mette tous autour d’une table pour dialoguer et que l’on trouve ensemble des solutions. Ce n’est parce que je suis un responsable public que je ne suis pas un citoyen ».
F.C.