L’urgence après l’amour

La contraception est encore un domaine où la parité n’est pas respectée. Même dans les couples stables, la contraception est dans 75% des cas une affaire de femmes, y compris quand il s’agit de méthodes définitives. Presque dix fois plus de femmes ont recours à la ligature des trompes que d’hommes, à la vasectomie. Par ailleurs, il existe des moments où une contraception de rattrapage s’avère obligée en urgence.

Par Jean-Paul Briand
Médecin retraité d’Orléans

Après un rapport sexuel non ou mal protégé, une méthode doit être rapidement mise en place afin d’éviter une grossesse. C’est ce que l’on nomme une « contraception d’urgence » (CU).

La pose d’un dispositif intra-utérin au cuivre (stérilet) est la plus efficace des CU. Le cuivre a un effet cytotoxique sur les gamètes et empêche ainsi la fécondation, jusqu’à 5 jours après un rapport. La pose d’un stérilet en urgence peut être le point de départ d’une contraception régulière mais nécessite que les professionnels de santé compétents (sage femme, généraliste, gynécologue) soient disponibles dans un délai court. C’est donc majoritairement une contraception hormonale d’urgence, appelée incorrectement « pilule du lendemain » qui est utilisée.

Malgré certains discours inexacts et pollués d’arrières pensées moralisatrices, cette contraception hormonale d’urgence peut être prise par toutes les femmes, quel que soit leur âge et n’altérera pas la possibilité de grossesses ultérieures. La « pilule du lendemain » agit en inhibant ou en retardant l’ovulation. En cas de rapports réguliers, même si ce n’est pas recommandé, il n’y a aucun danger à la prise itérative. Néanmoins, l’effet contraceptif n’étant pas totalement assuré, un risque de grossesse non désirée persiste. La CU hormonale consiste en la prise d’un médicament qui se présente sous la forme d’un comprimé unique dont l’efficacité diminue avec le temps, mais aussi avec le poids. Idéalement la « pilule du lendemain » est à prendre dans les douze heures après le rapport. En cas de vomissements, dans les trois heures suivant la prise du médicament, il est nécessaire de reprendre un comprimé. Certaines de ces pilules contiennent :

  • du lévonorgestrel (Norlevo°) et doivent être utilisées au plus tard dans les 3 jours ;
  • d’autres sont à base d’ulipristal (EllaOne°) et doivent être prises au plus tard dans les 5 jours et sont contre-indiquées chez les femmes allaitantes.

L’apparition des règles démontrent l’absence de grossesse. En cas de doute, un test de grossesse est nécessaire.

Pour les mineures, ce médicament est délivré sans prescription médicale, gratuitement et de manière anonyme dans les pharmacies. Outre les centres de planification ou d’éducation familiale, dans les collèges et lycées, il peut être remis par l’infirmière scolaire de l’établissement.  Pour les majeures, cette pilule dite du lendemain, peut être obtenue sans ordonnance en pharmacie mais il faudra la payer. Pour un remboursement et dans tous les cas, il est conseillé de demander à un médecin, ou à une sage femme, une prescription d’avance qui permettra, en cas de nécessité, de prendre une CU le plus tôt possible (sous condition de l’avoir avec soi).

Il faut rappeler que les professionnels de santé sont tenus au secret médical. C’est-à-dire que pour les mineurs de 15 ans, ils ne doivent pas révéler, aux parents ou tuteurs, ce qui a été dit au cours d’un entretien, ni les raisons d’une consultation. Le professionnel de santé et en particulier le pharmacien, car la grande majorité des délivrances de CU se fait en officine, sait que demander une CU est une démarche responsable qui n’est pas aisée. Si l’urgence après l’amour est d’empêcher une éventuelle grossesse, elle doit être accompagnée de bienveillance et exempt de jugements moraux. Un défaut ou un accident de contraception font partie de la vie d’une femme.

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