L’ogre intact, un quatuor jazz de chambre

Ce quartet acoustique renvoie bien sûr au quatuor de musique classique, donc à la musique de chambre. Jazz de chambre. Ecrit par Pierrick Hardy, un membre de la famille informelle des Yves Rousseau, des Guillaume Roy et du quatuor Ixi, des Régis Huby et Claude Tchamitchian qui sont venus interpréter sa musique, enregistrée sur le label de ce dernier. Tous des jazzmen qui ne s’occupent pas d’étiquettes, mais qui construisent des univers musicaux riches, prenants, étonnants et modernes.

Compositeur, leader ou sideman, Pierrick Hardy a enrichi son inspiration, tout au long de son parcours, d’influences diverses, puisées dans les répertoires classique, contemporain, traditionnel ou jazz. Mais il s’est aussi beaucoup intéressé aux arts visuels et à la littérature. Son univers sonore, d’ailleurs, dans cet Ogre intact, est plein d’images, de lignes de fuite ou d’horizon, de choix de couleurs très minutieux. Des ambiances différentes, énergiques ou plus nostalgiques, des éclats de voix ou des chants mélodieux, tout le temps écrits et développés comme de vrais quatuors du XXIe siècle.

Des partenaires exceptionnels

Pour construire avec justesse cet univers, il avait besoin de s’entourer de musiciens possédant comme lui une large palette de possibilités. La clarinette de Catherine Delaunay, familière de ces musiques à la fois savantes et émotives, apporte une douceur, une tendresse touchante. Elle chante avec brio pour nous raconter sa partie et donner sa couleur profonde au quartet. Régis Huby, un autre acteur du même type de musiques, insuffle une énergie vivifiante, avec des moments très jazz et d’autres très chambristes. Mais sa présence reste toujours inventive à souhait, d’une qualité de son exceptionnelle. Et Claude Tchamitchian, royal comme d’habitude, fait l’ogre comme jamais, avec une gourmandise communicative. A l’archet comme au doigt, il a une présence structurante, installant dès le début (Avant dire) une assise jazz sur laquelle il développe parfois des envolées contemporaines ou des dialogues étranges et prenants avec la guitare (La violence du terrain). Et le compositeur n’hésite pas à se lancer dans un très beau solo de guitare (La fresque) qui débouche sur une reprise du quartet magnifique, à la manière baroque

De la vie, du feeling

Pas de batterie, instrument d’ancrage du jazz puisqu’il donne le beat, le battement. Mais on s’aperçoit très vite que l’on est dans de la musique qui respire et dont le coeur bat, une musique qui a une vie et un feeling qu’on ne rencontre qu’en jazz. Peu importe que l’on soit loin du swing. Certains moments d’ailleurs se rattachent au blues, à l’émotion pure du son qui exprime par lui-même message intense. Travail d’orfèvre, autant les compos que le jeu des instrumentistes. Une musique à écouter avec la profondeur requise, donc un certain investissement. Mais le plaisir récompense largement l’effort.

BC

L’ogre intact

Acoutic quartet

Catherine Delaunay, clarinette, cor de basset
Pierrick Hardy, guitare, clarinette, compositions
Régis Huby, violon
Claude Tchamitchian, contrebasse
Label Emouvance, distribution Absilone

Sorti le 28 novembre 2019

 

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