Le CD Jazz du mois
Un quartet atypique mené par une harpiste propose un jazz progressif très étonnant. Explorant son instrument, Julie Campiche en tire des sons remarquables, d’autant plus qu ‘elle n’hésite pas à introduire du synthétique. Avec ses musiciens, elle exprime une personnalité musicale originale, très riche et fort agréable à écouter.
copyright-david-abecassis
Harpiste suisse, Julie Campiche a suivi un cursus classique, et en plus, s’est formée en composition et performance jazz à l’Hemu, l’école de jazz de Lausanne. Avec un premier quartet, Orioxy, elle a sorti trois enregistrements, mais le groupe a éclaté en 2016. Elle s’est réinvestie doucement dans une nouvelle formation, et après une quarantaine de concerts, a décidé de graver un cd étrange, mystérieux et assez fascinant, comme on peut l’imaginer d’une harpe dans un environnement de jazz.
Nommé Onkalo, il regroupe cinq compos de Julie et une du batteur. Le son de la harpe est parfois naturel, parfois un peu trafiqué par l’électricité, mais le côté aérien, les volutes en piqué, les notes insistées au timbre entre piano et guitare (Dastet Dard Nakoneh, par exemple) restent très efficaces, surtout lorsqu’elles dialoguent avec la basse. Dans Onkalo, Julie explore beaucoup de possibilités de son instrument pour des effets extraordinaires. Un premier morceau, Flash Info, joue sur les ruptures violentes de rythmes pour lancer de petites « infos » qui cassent un discours sans le détruire, loin de là. Le contraste entre la douceur de la harpe et la basse qui court suivie de la batterie amène à un développement du saxo intéressant et rassembleur. Une petite douceur sucrée venue d’Orient, Cradle Songs, change de registre. Dans cette berceuse, la harpe, avec ses vibrations assez peu amplifiées par la caisse de résonance, se rapproche d ‘instrument chinois à cordes, et le saxo de Leo Fumagalli se met en avant, comme dans la superbe ballade To the Holy Land, signée du batteur Clemens Kuratle, où le bassiste Manu Hagman délaisse l’électrique pour une contrebasse jouée à l’archet.
Une très belle qualité
Les six plages assez longues nous proposent une musique inventive et originale, posée bien qu’elle reste pleine d’énergie, avec des thèmes enlevés, souvent lyriques et narratifs. Les superbes développements au saxo n’y sont pas pour rien, qui précisent l’ambiance installée par le groupe. Le Julie Campiche Quartet a un vrai son de groupe, un son original et rare, à écouter avec intérêt et ravissement.
BC
Onkalo
Saxo Léo Fumagalli
Harpe et compos Julie Kampiche
Basse Manu Hagman
Batterie et une compo Clemens Kuratle
Meta Records