Des correspondances importantes pour l’histoire !

Mercredi 4 mars, les archives départementales accueillaient l’historien local Jacques Billard pour une conférence sur l’histoire des camps d’internement du Loiret à travers la correspondance. Une démonstration édifiante de l’intérêt de conserver certains documents familiaux.

Il m’a fallut 40 ans pour trouver tout cela“, déclarait ce mercredi 4 mars, aux Archives départementales, l’historien local Jacques Billard, implanté dans le montargois. 40 ans pour présenter une conférence édifiante sur « Les camps d’internement du Loiret de 1937 à 1946 d’après des correspondances inédites ». Un sujet essentiel pour la directrice, Frédérique Hamm.
Cette conférence permit ainsi à l’assistance de découvrir l’histoire des camps d’internement et de réfugiés de Cepoy, Beaune-la-Rolande, Pithiviers et Jargeau sous un angle nouveau. Mais pas que ceux-là. En effet, Jacques Billard, par ailleurs philatéliste, est parvenu à reconstituer ce pan de l’histoire via des lettres écrites ou adressées à des hommes et des femmes passé par ces camps entre 1937 et 1946.

Des correspondances censurées

Jacques Billard, conférencier

Pourquoi 1937, et pas seulement la période 1940/1945 ? “En 1937, notre département a accueilli de nombreux réfugiés espagnols fuyant le régime de Franco. Ils ont principalement été internés à Orléans, dans le quartier des Aydes, ou à st Jean de la Ruelle, dans l’institut des Jeunes sourds. Mais, quand Hitler a signé son accord avec Staline, ceux-ci, considérés comme communistes, ont été considérés comme ennemis, et donc mis dans des camps“. Jacques Billard s’est attaché a démontré lors de cette conférence l’importance des courriers personnels pour raconter l’histoire, à travers parfois des documents officiels ! Ainsi, la plupart des documents utilisés étaient les mêmes que ceux en service pendant la première guerre mondiale, notamment ceux fournis aux prisonniers pour correspondre avec leurs familles, avec des instructions précises : “N’écrivez que de très courtes lettres bien lisibles en français ou en allemand. Les lettres trop longues ne seront pas remises“.

Frédérique Hamm, directrice des archives départementales

En clair, les “censeurs” n’avaient pas que ça à faire, et tout courrier trop long ou indéchiffrable étaient mis à la poubelle. Au fil du temps le papier se faisait rare, les correspondances se faisaient sur du papier réutilisé, et la fréquence réduite (de 2 à 4 par semaine) et les frais d’envoi à la charge des prisonniers. Par des recherches minutieuses, Jacques Billard a pu ainsi découvrir des courriers, des cartes postales, adressées aux familles, ou à des amis sur cette période noire de l’histoire, quand les camps d’internement de Pithiviers, Beaune la Rolande ou Jargeau accueillirent beaucoup de juifs avant leur départ pour Auschwitz.

Recherches et révélations

Il reste une période où nous ne trouvons rien, malgré des décennies de recherche. Toutes les semaines, jusqu’en août 1942, après la rafle du Vel d’hiv“, tint à préciser Hélène Mouchard-Zay, présente dans la salle ce mercredi, s’exprimant notamment au nom du CERCIL. Une assertion confirmée par le conférencier, qui ne désespère pourtant pas d’en trouver, et lançait ce jour là un nouvel appel à l’assistance, au cas où. “C’est souvent par hasard que l’on découvre ces documents. des documents précieux pour l’histoire, telle les lettres marquées du tampon de l’administration, ou de simples cartes postales qui racontent la vie des camps, voire, ce qui est plus rare, des photographies“. Il se faisait même un devoir de montrer des documents rarissimes même, si, disait-il, “certaines personnes, et notamment des journalistes, m’ont conseillé de ne pas les montrer, pour des raisons de droit à l’image… C’est bien pourquoi j’ai choisi de vous les montrer“. En rappelant, notamment, que la mémoire collective a souvent des défaillances, volontaires ou involontaires, et qu’il est important de disposer de documents fiables. “Il existe encore du côté de Pithiviers des personnes qui n’ont jamais entendu parler de ces camps. Et, pour beaucoup de ceux qui en ont eu connaissance, c’était les allemands qui étaient là. Ce qui est faux. il n’y avait que des Français pour les garder“.

Effectivement, il arrive souvent que que la préservation d’intérêts particuliers puisse contrarier le droit au savoir collectif. 

Jean-Luc Bouland

Mercredi 8 avril, à 18h, les Archives départementales accueilleront le comité Orléans du souvenir français pour une conférence intitulée “La guerre de 1970-1871 dans l’Orléanais. Approche d’une guerre oubliée”. Entrée libre.

 

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