Deuxième semaine pour les Soirées Performances de la Scène Nationale d’Orléans et encore une belle soirée ce mardi soir au Théâtre d’Orléans, avec des propositions qui ne manquaient pas de piquer la curiosité des spectateurs présents venus nombreux à la découverte d’un spectacle vivant bien vivant.
Abduction Sonore
La soirée débutait par un voyage spatio-temporel musical proposé par Shoï Extrasystole et Cyrille Courte dans le cadre de leur exposition AAA qui occupe la mezzanine du théâtre, Artistes Astronautes Autonomes qui nous invitent à une visite sonore de la station radio-astronomique de Nançay à l’écoute du cosmos dont la conquête est évoquée par la projection de curieuse archives soviétiques. Si je n’ai pas tout compris aux explications scientifiques de l’origine de ces ondes, leur traduction visuelle et sonore servait d’introduction quelque peu magique au concert qui a suivi dans le hall. Le regard fixé sur un étrange objet clignotant, gros jouet fascinant aux airs d’un spoutnik dont les antennes seraient devenues des spaghetti, le public écoutait une musique vibratoire dont l’étrangeté était renforcée par la gestuelle des trois interprètes, aventure sonore qui transmute les mystères du cosmos en poésie ludique…
Et bien dansez maintenant !
Les deux spectacles suivants, proposés en partenariat avec le Centre Chorégraphique, offraient des approches de la danse totalement différentes. “Eighteen” de Thierry Micouin est une évocation sensible de la relation du danseur avec sa fille (avec laquelle il danse pour ce spectacle) dans sa construction d’artiste et de d’adolescente. Cette plongée dans l’intimité de leur relation débute comme un film de famille que la danse vient illustrer, entre mimétisme du début et différentiation finale, l’itinéraire artistique du père et de sa fille. C’est toujours sur le fil de l’impudeur mais cette histoire très personnelle de la transmission artistique qui se termine par le choix de Corneille de la fille qui décide de choisir une carrière théâtrale, cet itinéraire d’une enfant gâtée ne manque pas d’émotion, hormis peut-être cette partie du sept familles de la Manif pour Tous, caricature surchargeant le propos.
Endo c Martin Colombet
Et puis ce fut la folie “Endo”, body painting déchaîné de deux corps nus dans une transe picturale aux couleurs frénétiques, le couple de danseurs éclaboussent la scène immaculée nous renvoyant à une forme primitive du rapport du corps à la couleur, magie incantatoire dont le rituel se perd dans notre archaïsme civilisationnel. Et le final de cette performance, sous la forme d’un générique de télévision qui n’en finirait pas dans ce délire coloré, c’est carrément jubilatoire !
GP