COVID-19 : les étudiants bousculés par la crise sanitaire

Le 17 mars 2020, le gouvernement impose le confinement de l’Hexagone. Après une semaine de confinement, les étudiants de la région posent un regard critique sur les mesures gouvernementales et l’impact sur leur vie d’étudiant.

© Pixabay

Étudiante en gestion à l’université de Tours, Sarah Dupont jongle entre sa fratrie et ses cours depuis le confinement : « Ma mère est aide-soignante. C’est moi qui m’occupe de mes trois frères et soeurs. J’ai des journées plus soutenues qu’en temps normal à cause des devoirs des enfants et mes cours en visioconférence. Je commence par les plus petits qui ont des emplois du temps différents avec trois et quatre matières par jour. Pour un enfant, j’en ai au moins pour deux heures sachant qu’on est obligé de mobiliser un ordinateur pour tout le monde. Cela pose des problèmes lorsque j’ai mes journées de partiels. On a des profs qui s’étonnent que tout le monde ne soit pas aux rendez-vous en ligne mais il faut aussi voir les circonstances… Pour moi, les cours sont la chose la plus difficile à vivre puisque j’ai plein de choses à faire en même temps. » Quant aux mesures prises par le gouvernement, Sarah considère que le montant des amendes n’est pas assez élevé et que les individus n’ont pas à sortir pour faire un jogging. C’est « irresponsable » clame-t-elle.

Des restrictions incomprises

L’étudiant orléanais, Anatole Garcia en Master droit des affaires ne partage pas cet avis. Il loge seul en appartement, dans le centre-ville d’Orléans. Il supporte difficilement l’isolement social, « c’est bien trop, ne serait-ce que les sanctions pécuniaires. On ne peut pas restreindre la liberté des individus quand bien même ce serait pour l’intérêt général. C’est coercitif des prisons alors qu’aujourd’hui, le gouvernement n’a aucune raison de nous supprimer nos libertés ». La pandémie n’est-elle pas une excellente raison ? Pour Anatole, « certes, il y a une pandémie mais c’est la liberté de chacun. Il vaudrait mieux qu’il y ait un dépistage d’urgence avec la preuve qu’on ait le droit de sortir. D’ailleurs, depuis que je sors, je n’ai subi aucun contrôle, par contre on en profite pour contrôler dans les cités. En tant que blanc je n’ai pas été contrôlé une seule fois. Par contre à la Source, mes potes se font contrôler en descendant les poubelles ». Concernant la politique gouvernementale, il s’énerve : « on pense à donner des primes de 1000 euros à tous les gens qui vont travailler (…)  Par contre à l’armée, on leur sucre toutes leurs primes d’interventions. Mais ce sont eux qu’il faut payer en priorité ! ». Malgré ses propos, qui n’engagent que lui, Anatole ajoute que l’épidémie le laisse pensif. Il craint « de se sentir étouffé à cause du confinement ». Et plus que tout, il s’inquiète pour la sélection en master 2. 

Une mauvaise communication du gouvernement

Également étudiante en Master de droit mais dans le numérique à Paris, Théa Gabrielle est revenue dans sa famille à Orléans, dès que les établissements ont fermé. Elle dénonce la communication maladroite du  gouvernement, « quatre jours avant le confinement, Macron allait au théâtre et après on dit que les Français sont indisciplinés mais les Français avec ce message n’ont pas pu comprendre l’ampleur de la crise ». Concernant les restrictions de déplacement, elle ajoute : « Je trouve que c’est arbitraire, on a beaucoup plus de contrôles dans les quartiers jugés plus problématiques qu’ailleurs, on devrait se concentrer sur les moyens à mettre en place pour protéger les premiers en ligne de mire c’est-à-dire livreurs, vigiles, caissiers ». Elle se prononce sur l’avenir économique : « La classe moyenne risque de tout prendre mais je pense surtout au marché du travail pour les jeunes, d’ailleurs il y a actuellement un gel des candidatures ». Et d’ajouter : « Ce qui me gène dans le confinement c’est la sédentarité qui rend notre mode de vie peu équilibré mais la meilleure chose c’est d’être avec ma famille. J’ai de la chance d’être dans une maison mais ce n’est pas le cas de tout le monde. J’imagine que c’est beaucoup plus dur pour ceux qui sont entassés dans un appart ».

Des vacances d’été en France pour améliorer l’économie

Cette opinion est également partagée par Chloé Melin, en formation professionnelle d’aide soignante à Orléans,  « je me sais chanceuse d’être dans une maison avec jardin ». Consciente aussi de la situation économique post-confinement, elle revoit son projet pour les vacances d’été : « Je voulais partir à l’étranger avec mon copain. Finalement, compte tenu de la situation actuelle, on va voyager en France, ça aidera l’économie. » Elle vit l’isolement avec son frère Rémi et son père. Ils ont ressorti les jeux de sociétés afin de tuer l’ennui. Elle porte un jugement sévère sur les mesures de confinement, qu’elle considère trop laxistes : « Elles ont été prises trop tard ! les Français n’ont peut être pas forcément eu le temps d’intégrer les choses. ». Par rapport aux moyens des structures hospitalières, la future aide-soignante confie qu’elle subit « ces carences. D’ailleurs notre stage a été revu par manque de moyen et de matériels »

Chenda

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