C’est une course contre la montre qui se joue actuellement partout en France. Après la pénurie de masques, celle de gels hydroalcooliques est attendue. Dans le Loiret, Tereos et LVMH ont mobilisé certaines de leurs lignes de production pour pallier l’urgence et alimenter gratuitement les établissements de santé.
Depuis le 18 mars, le site de Tereos d’Artenay fabrique du gel hydroalcoolique. ©Tereos
Cette production-là est quelque peu inhabituelle pour le groupe Tereos. Mais qu’importe « l’essentiel est de contribuer à l’effort de solidarité nationale en étant le plus réactif possible ». Ainsi depuis le 18 mars, le géant de la production d’alcool en France mobilise cinq de ses sites – dont celui d’Artenay dans le Loiret – pour fabriquer dans l’urgence des solutions hydroalcooliques qui seront données gratuitement aux Agences régionales de santé (ARS) et aux hôpitaux proche de la région Centre-Val de Loire. « L’objectif est de fournir 11 000 litres par semaine, assure la communication du groupe. Pour cela, nous avons réaffecté les alcools destinés à la production de l’éthanol pour cette fabrication et les sites se fournissent en glycérol et eau purifiée auprès de fournisseurs ». Le tout élaboré, bien entendu, dans le respect des normes sanitaires.
50 000 litres de gel prévus par LVMH
Le site de Saint jean de Braye mobilisé. ©LVMH
Autorisées, par arrêté ministériel, à convertir une partie de leur outil de production, les entreprises de la filière cosmétique se sont également mobilisées. En première ligne, LVMH, N°1 mondial du luxe. Face au risque de pénurie, Bernard Arnault a aussitôt sollicité la branche Parfums et Cosmétiques de la firme pour participer à l’effort de guerre et fabriquer et distribuer des quantités importantes de gel hydroalcoolique aux pouvoirs publics. Cette mobilisation concerne, depuis lundi 16 mars, les trois unités de production des Parfums Christian Dior à Saint Jean de Braye (Loiret), Guerlain et Givenchy à Chartres (Eure et Loir). « L’objectif de la semaine était de fournir 12 000 litres mais nous l’avons dépassé avec plus de 19 000 litres, souligne Mickaël Soria, responsable des relations presse chez LVMH. Et pour les semaines à venir, nous comptons atteindre une production de 50 000 litres ». Et sur le site de Saint Jean de Braye, là où sont fabriqués en temps normal tous les parfums Christian Dior, la mise en œuvre du process s’est faite très rapidement « dans la mesure où la chaîne de production de ces gels est proche de celle de la cosmétique et que nous avions les matières premières en grande quantité sous la main ». Des gels qui sont livrés aux autorités sanitaires françaises depuis le début de la semaine et en priorité à l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris.
Une plateforme de mise en relation lancée par la Cosmetic Valley
Enfin, chargée de coordonner la filière nationale de la parfumerie-cosmétique, la Cosmetic Valley a lancé un appel auprès de ses membres et a mis en place une plateforme nationale pour faciliter la mise en relation des entreprises pouvant fournir du gel hydroalcoolique et les établissements médicaux qui en ont besoin (CHU, CHR, hôpitaux, pharmacies, EHPAD…). Selon le pôle de compétitivité, déjà plus de 50 entreprises ont répondu à cet appel, emboîtant les initiatives des grands noms de la profession comme L’Oréal, Seisheido (Ormes), Reckitt Benckiser (Chartres), ou encore le laboratoire Inavive Lab (Nogent le Rotrou) qui a fait don de 1700 flacons aux cinq pharmacies nogentaises. « Une filière qui atteint l’excellence lorsque les temps sont calmes ne peut rester l’arme au pied devant une crise qui multiplie les malades et plonge les Français, tous les Français, dans l’angoisse », a souligné Marc-Antoine JAMET, président du pôle. À cette heure, cette chaîne de solidarité ne fait que s’étoffer.
Estelle Boutheloup