Sophie Deschamps © GP
Chères lectrices et chers lecteurs de Magcentre,
Face au confinement imposé à la France depuis le 17 mars, j’ai décidé d’écrire un journal de bord pour y exprimer, jour après jour, mon ressenti face à cette situation inédite qui nous oblige à réfléchir et surtout à revoir nos priorités. Vous y trouverez au fil de l’eau des infos pratiques en tous genres, selon l’humeur des conseils de sites, de lecture ou de cuisine ainsi que des coups de cœur ou des coups de gueule selon l’actualité du coronavirus. Mais surtout restons solidaires et zen les uns envers les autres !
Merci pour vos commentaires et vos encouragements, continuez vous aussi !
#restezchezvous
Qui aurait pu penser il y a encore un mois que le fait de sortir de chez soi faire ses courses serait une info digne d’être rapportée dans un média, voire de faire l’objet d’un reportage ? Pourtant, c’était bien le cas aujourd’hui, puisque je suis sortie dans les rues pour la première fois depuis le 17 mars. Une sortie minutieusement préparée avec masque chirurgical (de base, et mon seul stock personnel disponible), lavage des mains au gel hydroalccolique (un demi-flacon que l’on essaie de faire durer), puis munie de mon attestation (le premier modèle est encore valable à condition de rajouter l’heure de sortie) et de ma carte d’identité, j’ai enfin pu poser un pied dehors vers 15 h 45, sous un grand soleil.
Rayon fruits et légumes à moitié vides ©SD
Direction le supermarché à environ trois cent mètres de chez moi. Dans les rues, quelques rares passants (certains masqués, d’autres non) avec un chien, un caddie ou en tenue de jogging, chacun se tenant loin des autres. Les boulevards, eux, sont vraiment déserts avec le passage de rares voitures, de quelques bus, et de camionnettes de travail. Arrivée au magasin, j’observe qu’il a peu de clients, tant mieux, mais aussi que les étals sont à moitié vides, notamment au rayon fruits et légumes, tant pis. Je me renseigne, les approvisionnements en denrées périssables se font en début et en fin de semaine. Je remplis mon caddie, sans l’idée de faire des stocks insensés, mais en prenant suffisamment de produits pour tenir une petite semaine.
Caissier confiné dans un supermarché d’Orléans ©SD
A la caisse, je prends le temps de discuter avec un caissier, Yacine, masqué et protégé par une vitre. Il m’assure qu’aucun de ses collègues n’est malade, bonne nouvelle. Dans la file, les gens sont calmes. Ils respectent les distances de sécurité, tout en écoutant les messages sanitaires diffusés quasiment en continu dans le magasin.
Je repars. Les boulevards sont toujours vides, sans aucun képi à l’horizon. Seule une sirène d’ambulance, de mauvaise augure, troue le silence. J’ai beau savoir pourquoi, c’est tout de même déconcertant cette allure de ville fantôme. Les fauteuils du coiffeur sont recouverts de plastique en attendant de retrouver leur utilité, tout comme les chaises empilées à l’intérieur du Café du Théâtre. Seuls les oiseaux se contrefichent du virus et se font entendre sur le parking boisé derrière le théâtre. La nature, elle aussi, n’en fait qu’à sa tête, et les arbres fleuris nous rappellent que nous sommes au printemps. Certaines plantes grimpantes tentent même de reprendre leur droit sur les murs, que les habitants ne peuvent plus tailler de l’extérieur.
©SD
La sortie est finie, je retourne me confiner et je me dépêche car j’ai rendez-vous à 16 h 30 par Skype avec ma mère depuis son Ehpad, grâce à une tablette qui passe de chambre en chambre. Une très belle initiative qui, je l’espère, va se généraliser dans toutes les maisons de retraite de France.
Prenez soin de vous et à demain.