Journal d’un confinement #28 Des agneaux de lait sauvés par le virus ?

Sophie Deschamps © GP

Chères lectrices et chers lecteurs de Magcentre,

Face au confinement imposé à la France depuis le 17 mars, j’ai décidé d’écrire un journal de bord pour y exprimer, jour après jour, mon ressenti face à cette situation inédite qui nous oblige à réfléchir et surtout à revoir nos priorités. Vous y trouverez au fil de l’eau des infos pratiques en tous genres, selon l’humeur des conseils de sites, de lecture ou de cuisine ainsi que des coups de cœur ou des coups de gueule selon l’actualité du coronavirus. Mais surtout restons solidaires et zen les uns envers les autres !

Merci pour vos commentaires et vos encouragements, continuez vous aussi !

#restezchezvous

On n’en finit pas d’être étonnés par les conséquences imprévues de la pandémie. Ainsi, en cette fin de week-end de Pâques, on constate la chute drastique de l’abattage des agneaux (moins 86 % dans la semaine du 23 au 29 mars dans notre région et moins 44 % pour la filière ovine en France). C’est certes une mauvaise nouvelle pour les éleveurs de moutons qui vont forcément y laisser des plumes mais une aubaine pour les agneaux dont beaucoup ont eu ainsi la vie sauve. 

Alors, dans cette période de chamboulement, c’est aussi l’occasion de réinterroger nos traditions dont le fameux « agneau pascal » qui aujourd’hui, il faut bien le dire, relève plus du réflexe culinaire que du respect d’une coutume religieuse, sans oublier que c’est un commerce juteux pour les éleveurs. Et c’est oublier un peu vite que derrière la consommation de cette viande se cache des pratiques d’abattage encore plus violentes et inacceptables que pour les autres animaux puisqu’elles touchent des agneaux, des bébés animaux abattus entre 40 et 90 jours de vie, d’où ce nom d’agneaux de lait, dont on oublie un peu trop vite la signification.

©DR

Sommes-nous devenus à ce point insensibles et indifférents pour accepter sans y réfléchir un seul instant ce massacre d’animaux sensibles pour le simple plaisir éphémère de notre palais ? Matthieu Ricard, moine bouddhiste français, auteur de Plaidoyer pour les animaux pose sans détour la question de savoir si « l’entrecôte dans votre assiette vaut la souffrance qu’elle a engendrée »

Toutefois, des voix s’élèvent pour s’opposer à cette tradition barbare d’un autre âge, y compris chez les chrétiens. Ainsi en 2017, l’hebdomadaire chrétien La Vie titrait en Une : « À Pâques, ne sacrifions pas l’Agneau une seconde fois ! », avec notamment cette réflexion : « On peut faire la fête, se réjouir, danser, boire, chanter, partager… sans pour autant danser autour du cadavre d’un nouveau-né. L’agneau nous invite à nous laisser guider, inspirer, habiter, aimer… Dieu veut que nous devenions des agneaux tendres, pas que nous les mangions ! »

C’est aussi le combat de  L214 qui se bat pour la fermeture des abattoirs. L’association rappelle ainsi que « le fait de manger de l’agneau à Pâques augmente les quantités et les cadences d’abattage de façon considérable – entre 25 et 50 % selon les abattoirs ». Une réalité particulièrement choquante montrée dans un reportage dEnvoyé Spécial  le 16 février 2017.

Enfin, pour approfondir votre réflexion sur ce sujet, vous pouvez vous plonger dans la lecture du livre de Mélanie Joy Pourquoi aimer les chiens, manger les cochons et se vêtir de vaches, préfacé par …Matthieu Ricard.

A demain !

 

 

Commentaires

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  1. Bonjour,
    Très courageux en ces temps où, bien légitimement, toute l’attention est fixée sur les Humains, de rappeler qu’ils y a d’autres êtres sensibles pour qui nous nous devons de sauver la vie : les animaux !
    Bravo d’y consacrer votre article qui suscitera, je l’espère, une réflexion sur notre comportement envers la souffrance animale. Souffrance qui dépend, en grande majorité, de nos habitudes et croyances alimentaires. Manger de la viande n’est plus une nécessité pour la santé car nous savons maintenant que les carences que sa privation peut engendrer est facilement compenser par d’autres aliments riches en fer et en vitamines B (ou par des compléments alimentaires).
    Mauvaises nouvelles pour les éleveurs certes, mais des aides à la reconversion sont possibles. Il va bien falloir y venir et stopper l’élevage intensif et toute la barbarie, dans l’ombre des abattoirs, envers les animaux. Que ce soit pour la santé, l’environnement ou l’équipe, les bienfaits de ne plus consommer de viande ont été démontrés par des expertises scientifiques. Voir les références sur les sites dédiés comme L214, CIWF, viande.info, …
    Osons franchir ce pas puisque nous sommes en train de prouver actuellement, à l’échelle mondiale, que ce qui nous paraissait impossible est devenu possible. Bon courage à tous ! Cordialement

  2. Bonjour, merci pour cet article.
    Il est intéressant en effet de s’interroger sur certaines traditions qui peuvent entraîner de telle souffrance pour certaines espèces lors de fêtes (le foie gras en fin d’année etc). Cette diminution d’abattage pour cette année est sans doute lié au fait que pâque n’a pas pu être fêté en famille comme en temps normal mais espérons que cela puisse en être pareillement pour les autres années aussi. Il est vrai qu’il est important aujourd’hui de revoir notre mode de consommation en tant que consommateur pour ensuite réfléchir à d’autres alternatives dont la reconversion des éleveurs. Cordialement

  3. Merci pour ce bel article.
    Le”presque” même sera valable pour l’entrecôte -de bœuf- à la Pentecôte ?

Les commentaires pour cet article sont clos.

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