Covid-19 : Circuit du « contact tracing », on vous dit tout !

A l’heure où les tests à grande échelle se déploient, le doute sur leur efficacité continue d’alimenter les débats. Pis encore, les résultats de ces tests posent la question de la mise en place du contact tracing, méthode d’identification et de suivi numériques des personnes contaminées et de leur entourage.

Isoler, tester, tracer ou les dangers de l’hyper-connexion et de l’hyper-identification numérique. Photo Pixabay

Dans l’attente, aujourd’hui peu probable, d’un traçage numérique, le Premier ministre a prévenu que « dès lors qu’une personne aura été testée positive, nous engagerons un travail d’identification et le test de tous ceux, symptomatiques ou non, qui auront eu un contact rapproché avec elle ». Ainsi, devant tout patient présentant des symptômes évocateurs de contamination par le virus Sars-Cov-2, le médecin devra délivrer une ordonnance prescrivant un test RT-PCR, pris en charge à 100 % par l’Assurance Maladie. Les laboratoires de biologie médicale agréés pour faire les tests sont référencés sur une carte à géolocalisation. Dans l’attente des résultats, le médecin devra remettre ou prescrire des masques à son patient qui restera chez lui en évitant les contacts à risque du foyer familial. Un arrêt de travail lui sera éventuellement donné. Pour effectuer cette chasse aux cas contact, les généralistes sont mis à contribution pour être en première ligne afin d’identifier les malades.

Le contact-tracing

En cas de résultat positif débutera le contact-tracing du foyer familial. Il est demandé aux médecins de recenser les personnes partageant le même domicile que le patient et d’assurer, éventuellement, l’identification des personnes contact au-delà de celles partageant le même domicile que le patient malade.

Le patient a le droit de refuser de communiquer l’information sur les personnes auxquelles il a pu transmettre le virus. Il décide, personne par personne, à qui il accepte que son nom soit communiqué.

Lorsque cette première étape est effectuée, l’Assurance Maladie prend le relais afin de finaliser l’identification des personnes contact à risque, d’assurer leur prise en charge (isolement, arrêt de travail, tests, masques, accompagnement social). Alors que dans son long discours du 28 avril dernier,  le Premier ministre n’avait a aucun moment cité les Agences régionales de santé (ARS), il semble qu’elles soient revenues en grâce. Ce sont elles qui doivent réaliser le suivi au long cours, vérifier le respect par les personnes isolées des consignes ainsi que gérer les situations complexes dans les écoles, les établissements de santé, les établissements pénitentiaires, etc.

La protection des droits et libertés fondamentales

Cette collecte de données et d’informations fragilise la protection de la vie privée, met à mal le secret médical et inquiète. Dans le cadre de la prolongation de la loi d’urgence sanitaire, certaines propositions liberticides ont été heureusement amendées ou supprimées :

  • Le Conseil constitutionnel a limité le nombre de personnes pouvant accéder aux données sur les malades et a exigé qu’un juge des libertés puisse effectuer un contrôle si le malade ne peut pas sortir plus de douze heures de son lieu d’isolement.
  • La Commission nationale informatique et liberté (CNIL) a demandé que les accès aux traitements soient réduits au strict nécessaire. Elle a obtenu la mise en œuvre d’une plus grande sécurité du dispositif, en particulier sur la responsabilisation des personnes accédant aux fichiers. 
  • Le Conseil national de l’ordre des médecins a exigé des garanties sur l’interdiction de communiquer les données à des tiers sauf accord exprès de la personne, sur la transparence quant à leur utilisation et sur le caractère limité dans le temps de leur conservation.

Casser les chaines de transmission du coronavirus ne doit pas permettre la mise en place, sans contrôle, ni limite, d’une politique de fichiers. La Sécurité sociale rappelle sur son site les règles de protection des données personnelles.

Rappelons que dans son discours du mardi 28 avril 2020 devant l’Assemblée Nationale, le Premier ministre a promis une généralisation des tests virologiques. « Nous nous sommes fixés l’objectif de réaliser au moins 700 000 tests virologiques par semaine ». Mais quelle fiabilité ou utilité accorder au déploiement des tests ?

 Le test RT-PCR

Le CHR d’Orléans est équipé depuis le 12 mai 2020 de l’appareil d’analyse nécessaire aux tests à grande échelle. DR

La seule technique recommandée pour les tests est la Reverse Transcriptase-Polymerase Chain Reaction (RT-PCR). La RT-PCR permet de faire un dépistage chez les patients asymptomatiques ou en phase d’incubation. Elle a une sensibilité supérieure à 90 %, uniquement si les prélèvements sont réalisés avec une méthodologie rigoureuse, par des personnels entraînés, sur des patients dociles et coopérants. Dans le cas contraire, elle peut chuter à moins de 70 % et donner de nombreux faux négatifs alors que la personne testée est réellement contaminée. On voit que le facteur humain peut être une limite à la fiabilité des tests d’autant qu’un décret du 3 mai 2020 autorise que les prélèvements puissent être effectués à l’extérieur des laboratoires d’analyse. Si les conditions de prélèvement sont incorrectes,  pratiquer 700 000 tests chaque semaine ne servira à rien. Une partie non négligeable des résultats ne seront pas crédibles. Des tutoriels sont édités pour les personnels des laboratoires afin d’optimiser la qualité de leurs prélèvements naso-pharyngiens. 

Le déconfinement n’est pas synonyme de la fin de l’épidémie. Il signale tout bonnement que les services de réanimation disposent de places libres. Faisons en sorte que cette situation demeure…

Jean-Paul Briand

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