Emmaüs Loiret : « Au-delà des dons, il faut revenir dans nos magasins »

Les communautés Emmaüs, comme la plupart des mouvements solidaires, ont eu à pâtir du confinement lié à la crise du Coronavirus. Fondé en 1971 par l’Abbé Pierre, Emmaüs international compte 337 groupes répartis dans 37 pays, dont l’une des communautés est installée à Ormes (Loiret) depuis cette même date. Aujourd’hui et pour la première fois depuis son existence, le mouvement fait appel aux dons pour pouvoir poursuivre son activité, cette dernière reposant uniquement sur le fruit du travail des compagnons, le mouvement ne recevant aucune subvention. Rencontre avec Catherine Depaz, présidente de la communauté Emmaüs Loiret. Pour la première fois de son histoire, le mouvement fait appel aux dons…

Catherine Depaz, présidente de la communauté Emmaüs Loiret, s’inquiète quant à la situation financière du mouvement. DR

Catherine Depaz : Dès le début du confinement, nous avons vu qu’il y aurait des problèmes financiers. Nous avons contribué à aider d’autres communautés, le mouvement national a collecté un million d’euros, mais ça n’a pas suffi. La corde est trop tendue. Nous lançons donc cet appel aux dons, mais le plus important, c’est que les gens reviennent dans nos magasins pour donner et acheter. 

De quelles ressources bénéficie Emmaüs pour assurer ses missions solidaires?

C.D. : Les communautés sont là pour accueillir des personnes en difficulté sans critères d’âge, ni de nationalité, ni de situation administrative. Seuls les mineurs ne peuvent intégrer nos communautés. Ils vivent grâce à leur activité de tri, de ramassage et de vente. Notre modèle économique est basé sur l’autonomie totale. Nous ne touchons pas de subventions des collectivités locales, ni de l’État. Les compagnons renoncent par ailleurs à leur revenu de solidarité active (RSA), ce qui leur permet d’avoir une vraie fierté de vivre de leur seul travail. Pour nous, c’est un moyen de nous émanciper des règles que le gouvernement voudrait nous imposer. Certes, il y a des dons, notamment d’entreprises ou de particuliers, mais ils vont en priorité au mal logement, l’un des chevaux de bataille de l’Abbé Pierre, fondateur du mouvement.  

Comment avez-vous vécu l’arrêt de l’activité économique?

C.D. : Difficilement. Nous n’avons eu aucun moyen de l’anticiper, même si le mouvement national nous a toujours conseillé de conserver de la trésorerie en cas de coups durs. Nous avions, nous-mêmes, quelques mois de trésorerie d’avance. Ce n’est pas propre à Emmaüs, beaucoup d’associations se placent dans la précaution vis-à-vis de leurs ressources. Mais nous avons dû cesser toute activité, les compagnons restant confinés dans leur logement, installés au sein de la communauté. Grâce à cette réserve, nous avons pu assurer les frais courants et continuer à leur donner un pécule, ceci concernant une cinquantaine de personnes. Nous avons par ailleurs quatre personnes sous contrat qui ont pu bénéficier du chômage partiel. Par contre, les projets entrepris se sont retrouvés à l’arrêt. 

En dehors de vos activités, menez-vous d’autres actions de solidarité ?

C.D. : Oui, naturellement. Par exemple, pendant le confinement, nous avons préparé des repas chauds pour les associations qui organisaient des maraudes pour les plus démunis. L’Abbé Pierre disait : « Moi je ne peux rien pour toi, mais viens m’aider à aider. » Ça reste notre philosophie. Nous proposons ainsi à des travailleurs sociaux de meubler les logements de personnes en grande difficulté. De son côté, la municipalité d’Ormes met gracieusement à notre disposition des locaux dont elle est propriétaire, ce qui nous aide bien. 

 Recueillis par Mourad Guichard

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