Nogent-le-Rotrou : Pour Harold Huwart, “La campagne sera réduite à sa plus simple expression”

En région Centre-Val de Loire, sur les 130 communes de plus de 3 500 habitants, 35, dont 11 d’Eure-et-Loir, n’ont pas élu leur maire au premier tour. Parmi ces dernières figure Nogent-le-RotrouL’ancienne ville des comtes du Perche sera le théâtre d’un duel entre Harold Huwart (MR) et Pascale de Souancé (DVD), après le retrait  de la liste citoyenne “Le Forum”, emmenée par Bernard Monguillon et la non qualification du rassemblement national au second tour. Avec sa liste “Rassembler Nogent”, le conseiller municipal sortant, qui est aussi vice-président de la région Centre-Val de Loire, Harold Huwart, est arrivé en tête avec 45,46 % des voix, distançant ainsi de 20 points la liste  “Avec cœur et audace“, conduite par Pascale de Souancé. Fort de ce score, il brigue la mairie de Nogent-le-Rotrou, comme son père et grand-père l’ont fait avec succès. Rencontre.

Harold Huwart, vice-président de la région Centre-Val de Loire.DR

Avec comme toile de fond le risque épidémique de la Covid-19, comment fait-on campagne pour ce second tour des Municipales ? 

Harold Huwart : Par manque de visibilité, nous n’avons pas repris notre campagne pour le second tour des municipales qui débute officiellement le 15 juin. Nous attendons en effet un décret du ministre de l’Intérieur qui doit en détailler les modalités d’organisation, programmé le 28 juin. Donc pas de distribution de tract, ni de réunions publiques ou de porte-à-porte. À vrai dire, et au regard des risques sanitaires, la campagne sera réduite à sa plus simple expression, avec quelques déambulations dans la ville, renforcées par une campagne numérique via les réseaux sociaux.

Dans un tel contexte de pandémie, comment maintenir une dynamique de campagne ? 

H.H: Il ne peut y avoir une dynamique de campagne comme on l’entendait jusqu’à peu. On ne peut pas faire comme si il n’ y avait rien eu. Maintenant, pour nous qui avons toujours été sur le terrain, cela n’est pas trop gênant. Les gens nous connaissent. Mais pour des nouveaux candidats, la situation peut être plus pénalisante. 

« On ne peut pas faire comme si il n’y avait rien eu ». Est-ce à dire que que la Covid-19 a modifié la nature de votre programme électoral ?

H.H. : Non, même si je crois qu’il y a plus que jamais chez nos concitoyens une attente du politique. Au contraire la crise sanitaire a conforté le bien fondé de notre programme, porté par notre liste « Rassembler Nogent » et qui repose sur trois priorités . A savoir : l’économie et la sauvegarde de l’emploi, la santé avec la défense de notre hôpital et bien sûr notre cadre de vie. La mise en service du nouveau rond point sur la rocade, qui permet de réduire de plus de 80 % la circulation des poids lourds dans la ville est une vraie opportunité pour repenser notre espace urbain au profit des habitants. 

Êtes-vous inquiet de l’impact économique du coronavirus sur le tissus industriel de la ville ?

H.H. : La situation est compliquée pour Nogent et son bassin qui accueille plusieurs sites industriels dont celui de l’équipementier Valeo. L’usine, spécialisée notamment dans la fabrication des systèmes thermiques pour l’industrie automobile, est à l’arrêt . Plus de 400 emplois sont en jeu. Mais avec l’annonce d’un plan de relance, le 26 mai dernier, pour la filière automobile, on voit l’avenir s’éclaircir sachant qu’avec les 5 % de Bpifrance, l’État est le premier actionnaire de l’industriel, qui doit faire face à une crise conjoncturelle mais aussi structurelle du secteur automobile. On reste aussi très attentif aux attentes des autres industriels qui emploient plus de 2 200 personnes. L’arrivée de la pandémie a obligé nombre d’entre eux à se reconvertir pour faire face. Je pense ainsi à l’équipementier médical B. Braun ou encore Euro Wipes qui a étoffé sa production avec de nouvelles gammes de lingettes désinfectantes ou des gels hydroalcooliques. On espère également que le rebond de consommation, constaté après le déconfinement du 11 mai, va se poursuivre. Il ne faudrait pas que l’arrêt de la consommation nous plonge dans une crise plus profonde et surtout annihile les efforts du nouveau dispositif Action cœur de ville, programmé sur cinq ans et qui devrait générer jusqu’à huit millions d’euros d’investissements et de travaux dans le centre ville. Plus que jamais nous devons nous mobiliser. 

Avec le retrait de la liste citoyenne « Le Forum » conduite par Bernard Monguillon, et l’absence de consigne de vote, ce deuxième tour est-il, comme l’affirme votre adversaire Pascale de Souancé de la liste « Avec cœur et audace », un duel entre héritage et rupture ? 

H.H. : De quel côté est l’héritage ? De quel côté est le changement ? Les tentatives désespérées de récupération de Pascale de Souancé sur cet électorat sont pathétiques, d’autant qu’elle s’est davantage illustrée en divisant son camp qu’en porteuse de valeurs écologiques et solidaires. Je note aussi que le chef de l’opposition municipale a rejoint ma liste et que j’ai aussi bien le soutien clair des centristes avec le député Philippe Vigier que du président de la région, le socialiste François Bonneau, ou encore du président du département, Claude Terouinard.

Que dites-vous à ceux qui dénoncent avec votre candidature, et la probabilité que vous succédiez à votre père et grand-père, « un système de couronne, d’héritage et d’anoblissement » ?

H.H. : C’est l’éternel argument des opposants…. Mais je ne crois pas que les électeurs au regard des résultats du premier tour, où notre liste créditée de 45,45 % des suffrages est arrivée en tête devant ses trois concurrentes, se posent la question de cette manière…

Êtes-vous surpris de la contre-performance du Rassemblement national qui était pourtant arrivé en tête aux Européennes à Nogent ?

H.H: Ce sont deux scrutins très différents. Aux Municipales, on choisit un maire, une équipe, un projet. Il est clair que l’étiquette politique importe peu face au projet. Pour ce scrutin,  on ne raisonne pas en réflexes partisans. Et c’est heureux !

Si vous gagnez la mairie, quelle sera votre première action ?

H.H. : Le budget. Il est nécessaire de poursuivre les investissements pour notre projet Cœur de ville mais aussi de soutenir les activités culturelles et économiques. La ville qui est le 4e pôle le plus industriel de France, avec la Ferte-Bernard (Sarthe), a aussi d’autres richesses. Je pense au tourisme qui représente 28 % de notre activité. Et avec l’ouverture du nouveau musée de l’histoire du Perche , au château des comtes du Perche, inauguré l’an dernier avec l’animateur Stéphane Bern, venu en voisin de son collège royal et militaire de Thiron-Gardais, on voit qu’il y a une véritable appétence. L’ouverture de nouvelles pistes cyclables, comme la voie verte reliant le complexe nautique Aquaval au plan d’eau de Margon (Eure-et-Loir), devrait aussi bien séduire les Nogentais que les touristes.

Quels enseignements tirez-vous de la crise sanitaire ? 

H.H. : La Covid-19 nous ramène à une réalité qu’on avait peut-être oubliée. Le monde, exposé à des menaces géopolitiques et économiques redoutables, peut être dangereux. La crise épidémique nous rappelle la brutalité de la réalité, de la concurrence avec les pays émergents mais aussi la pertinence de notre modèle sociale. Je suis assez lucide pour savoir que la prospérité, la paix ont duré plus de 60 ans et qu’aujourd’hui l’horizon peut être plus lourd et menaçant. D’où la nécessité de travailler ensemble. Surtout pour une petite ville de 10 000 habitants comme Nogent-le-Rotrou et dont le bassin de vie rassemble 50 000 habitants,  qui ne pourra s’en sortir, avec la baisse des dotations et des rentrées fiscales et les dépenses contraintes, sans un soutien massif de l’État et des régions. Il y va de l’égalité des territoires.

Propos recueillis par Z.C.

Commentaires

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  1. Pourquoi cette dame veut-elle priver ce brillant énarque parisien de son légitime héritage provincial séculaire ?
    Certains n’ont vraiment aucun sens des valeurs

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