Sucrerie de Toury : Un projet de reprise défendu à Paris

Nouvelle réunion au ministère de l’Agriculture, mardi 23 juin, pour tenter de sauver la sucrerie de Toury (Eure et Loir), perçue comme une entreprise stratégique pour la santé depuis la crise sanitaire. Tous les services de l’État concernés par ce dossier sensible étaient présents pour étudier un projet de reprise, soutenu par les élus locaux.

Aujourd’hui, mardi 23 juin, réunion de la dernière chance à Paris pour les 128 salariés de l’usine de sucre Cristal Union de Toury (Eure et Loir) ? Non, juste une « réunion d’expertise », explique le ministère de l’Agriculture , en première ligne dans le dossier de la sucrerie eurélienne, après l’annonce, l’an dernier, de la fermeture programmée du site. « Une décision difficile mais inévitable », affirmait à l’époque le producteur de sucre et d’alcool qui a dû faire face en 2017 à « l’effondrement des cours du sucre » alors qu’au même moment l’Europe mettait fin aux quotas sucriers.

Mais deux ans et demi après cette redistribution des cartes, le groupe sucrier français, qui a opéré une réorientation de ses activités et lancé un plan d’économie de 50 millions d’euros, affiche « une rentabilité opérationnelle en nette amélioration sur la fin de l’année 2019-2020 ».

Résultats annuels

« Notre stratégie agricole, industrielle et commerciale porte ses fruits avec une amélioration de nos résultats, une gestion financière maîtrisée et des perspectives très rassurantes pour l’avenir », jugeait ce mardi matin, Olivier de Bohan, président du Conseil d’administration, lors de la présentation des résultats annuels. Et si les comptes restent négatifs pour le dernier exercice, avec un résultat net à – 89 millions d’euros, le groupe se veut rassurant avec des « performances annuelles en progression, une rentabilité en amélioration et une baisse significative de l’endettement ». Sans oublier une hausse du chiffre d’affaires sur le 1er trimestre 2020/2021 qui s’expliquerait notamment par sa « forte capacité de réaction à la crise du Covid-19 en réorientant dès la mi-mars ses productions d’éthanol vers de l’alcool à usage pharmaceutique, permettant des ventes record dans les applications sanitaires et pharmaceutiques ».

Des indicateurs qui virent au vert mais qui ne suffiront pas semble-t-il à poursuivre l’aventure de la distillerie de Toury, dont la fermeture, après 145 ans d’existence, est toujours programmée fin juin. A moins que… Et c’est justement l’objet de la rencontre du jour, annoncée dans un premier temps à Bercy. Finalement, c’est rue de Varenne (adresse du ministère de l’Agriculture) que les différents protagonistes du dossier se sont retrouvés pour tenter de sauver le site, dont la fermeture effective est en septembre avec les dernières expéditions des produits de sucre et d’alcool, et non fin juin avec la fermeture de la distillerie.

Rôle indispensable

« On ne croit pas au miracle », glisse le délégué syndical CGT Frédéric Rebyffé, à la manœuvre avec d’autres pour sauver le site agro-alimentaire. L’ouvrier mécanicien, qui compte plus de 26 ans de maison, ne cache pas une certaine lassitude.

Après deux vagues de licenciements et plusieurs mois de mobilisation (manifestations, pétitions sur internet, lettre au président de la République pour dénoncer cette « absurdité économique », surtout après leur rôle « indispensable » pendant le confinement, rien ne semble en effet bouger pour ces salariés, qui se voient aujourd’hui comme les grands oubliés de « l’effort de guerre ». Ils ont effet répondu présent pour continuer à fournir 1 000 hectolitres d’alcool surfin par jour, indispensable pour produire désinfectants et gel hydroalcoolique. Et ce malgré la perspective de la fermeture du site, acquis par le groupe en 2011. Alors « aujourd’hui, on attend des actes plus que des paroles », martèle le syndicaliste, qui caresse néanmoins un espoir de jours meilleurs, nourri par les dernières déclarations du président de la République.

Au ministère de l’Agriculture, où l’on n’oublie pas les propos volontaristes d’Emmanuel Macron sur la nécessité de notre indépendance agricole et sanitaire, on se veut prudent. Tout comme au siège parisien du groupe coopératif Cristal Union. Point de communiqué donc à la sortie de la réunion. « Ce n’est qu’une réunion technique. Une réunion d’expertise », explique-t-on au ministère . « Il y a un projet de reprise soutenu par les élus, qui pointent le rebond d’activité ». Reste à savoir maintenant si ce rebond est juste conjoncturel comme l’affirme la direction du groupe ou si l’alcool pour la pharmacie et la cosmétique va devenir un ingrédient stratégique comme l’assure le député UDI de l’Eure et Loir, Philippe Vigier, par ailleurs biologiste de formation.

Z.C.

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